La bibliothèque de l'amateur d'art
par Gérard-Georges Lemaire
Picasso et les céramiques, Bruno Gaudichon, « Découvertes hors série », Gallimard, s. p., 8,90 €.
Pablo Picasso n’a jamais été un immense céramiste et n’a certainement cherché à l’être. Il n’a d’ailleurs pas de recherches à proprement parler dans ce domaine. A part quelques objets aux formes singulières, comme le pique-fleurs, il s’est contenté de peintre des vases, des assiettes et quelques autres petites sculptures. On y retrouve ses thèmes favoris, en particulier la tauromachie. Bruno Gaudichon explique à merveille la démarche de Picasso qui l’a conduite à aborder cette technique à Vallauris, avec une relative modestie et surtout avec l’idée d’aider ce village à renaître de ses cendres. Bien sûr on pourra faire le rapprochement dans le temps avec les œuvres que l’artiste a peinte pour son musée à Antibes, qui sont marquées par une mythologie joyeuse et légère. Dommage que la collection « Découvertes » sacrifient de plus en plus à ces livres-jouets pour enfants et grands enfants, pas toujours adaptés au sujet. Mais qui aura l’envie de découvrir cet aspect du travail de Picasso trouvera son bonheur dans ce livre et dans l’essai de l’auteur.
Voleurs de paroles, Julio Le Parc, Editions Janninck, 48 p
Julio Le Parc est un grand artiste et son rôle majeur dans l’art cinétique est indéniable. Mais voilà, c’est un mauvais caractère. Dans un opuscule fielleux, il s’en prend un peu à tout le monde, en particulier aux critiques, avec une vulgarité assez rare. Les critiques ne sont pas exempts de reproches, loin s’en faut. Mais il est sans doute nécessaire de tirer le bon grain de l’ivraie et ensuite d’expliquer en quoi le système est déficient. L’auteur avoue lui-même en être aussi responsable. Cela aurait été le début d’une histoire intéressante. Au lieu de cela, il s’en prend à tout le monde. Et c’est la même chose dans tous les domaines. J’aurais bien sûr préféré qu’il parle de son art et de son évolution, car c’est un sujet d’une autre portée...Il est regrettable qu’un artiste de cette valeur puisse écrire un livre de ce genre, aussi médiocrement pensé et écrit, avant une telle vindicte et un tel ressentiment, surtout qu’il ne se prête même pas à la polémique. Il est aussi dommage qu’un éditeur puisse le publier.
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