La bibliothèque de l'amateur d'art
par Gérard-Georges Lemaire
Keith Haring Studio, Baptiste Lignel, éditions Alternatives, 56 p., 15 €.
TAG, Clément Criseo & Marlou Verlomme, Aditions Alternatives, 320 p., 25 €.
Keith Haring est devenu une des étoiles au firmament de l’art dit contemporain parce qu’il a été le représentant le plus notoires des graffitistes américains ou parce qu’il est mort prématurément d’une sale maladie ? On ne peut pas dire en tout cas qu’il ait compté parmi les plus grands peintres du XXe siècle. Ce reportage exécuté çà la fin de l’année 1988 est très touchant, car il n’avait plus longtemps à vivre (il décède en 1991 à l’âge de trente-et-un ans). C’est au moins un témoignage sur la vie des arts à New York pendant cette période qui était encore vibrante. La mort de Keith Haring en 1991, qui suit de trois ans celle de Jean-Michel Basquiat (qui n’avait que vingt-huit ans) semble marquer la fin d’une grande saison de l’art américain qui début avec l’Expressionnisme abstrait à la fin de la Seconde guerre mondiale. C’est une frontière symbolique et ces deux jeunes hommes semblent les gardiens ces quatre décennies glorieuses qui a fait de New York la capitale de la création plastique mondiale sous différentes formes. Keith Haring est la queue de la comète, un peu dérisoire, il faut le reconnaître, de cette grande aventure avec Pollock, Gorky, Rothko,, puis Motherwell et Cy Twombly, Andy Warhol et tout le Pop Art, l’art minimaliste et conceptuel avec Donald Judd, Sol LeWitt, Joseph Kosuth, et s’achevant par le décevant Schnabel, qui avait si bien commencé et l’encore plus décevant David Salle. La fin d’un rêve américain qui a tourné à la dérision pure.
Et, trente après l’entrée des graffitaros dans les collections les plus opulentes du monde, la vogue pour les graffiti n’est pas à son déclin, tout au contraire. Le livre de photographies de Clément Criseo et Malou Verlomme se présente comme un album assez luxueux où l’on voit les mêmes graffiti d’il y a trente ans, sur les mêmes murs, en tous points de la planète. Ce phénomène de répétition est assez inquiétant car la répétition du même est devenu une sorte de discours de la méthode autant pour ceux qui font ces graffiti qui n’ont plus rien d’original, mais qui sont la copie conforme de ceux qu’ont a découverts à la fin des années 70. Quelques rares textes ponctuent cette collections de clichés Ce qui me frappe le plus, ce ne sont pas dans ces dessins déficients, mais ceux qui vont les cataloguer. Il y a ici quelque chose non seulement d’une basse qualité culturelle (pour ne pas dire des paroles bien pires) et le symptôme d’un monde qui cherche son identité, son esthétique, et qui ne peut la trouver que sur ses marges.
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