Les Femmes des siècles passés
Une peinture de Marie Morel
Par Marie Morel
Extrait du livre de Marie Meurdrac, chimiste Française, en 1666
“ Quand j’ai commencé ce petit traité, ça a été pour ma seule satisfaction, et pour
ne pas perdre la mémoire des connaissances que je me suis acquises par un long travail,
et par diverses recherches plusieurs fois réitérées. J’ai été tentée de le publier ; mais si
j’avais des raisons de le mettre en lumière, j’en avais pour le tenir caché ; je m’objectais
à moi-même que ce n’était pas la profession d’une femme d’enseigner, qu’elle se doit de
demeurer dans le silence, écouter et apprendre sans témoigner qu’elle sait ; qu’il est audessus
d’elle de donner un ouvrage au public, et que cette réputation n’est pas d’ordinaire
avantageuse, puisque les hommes méprisent et blâment toujours les productions qui partent
de l’esprit d’une femme. Je me flattais d’un autre côté que je ne suis pas la première qui
ai mis quelque chose sous la presse ; que les esprits n’ont point de sexe, et que si ceux des
femmes étaient cultivés comme ceux des hommes, et que l’on employât autant de temps
et de dépenses à les instruire, ils pourraient les égaler. ”
Certaines femmes, malgré tout, ont fait preuve d’une volonté exceptionnelle pour
apprendre, créer et faire progresser l’humanité.
Dans les siècles passés, trois lieux ont été propices à la culture pour les femmes : les
couvents, les salons et certaines familles.
Dans les couvents on lisait, on étudiait, on composait, on apprenait.
Dans les salons où se rendaient les femmes, elles avaient accès à la littérature.
Dans certaines familles aisées et ouvertes d’esprit, les femmes pouvaient apprendre
auprès de leurs parents.
Parfois aussi, les femmes se déguisaient en hommes pour suivre à l’extérieur des
enseignements, se cultiver et réaliser leurs oeuvres.
Ces femmes ont laissé une trace de leur génie. Pourtant, malgré les preuves de leurs
vies et de leurs oeuvres, elles restent encore méconnues. Pour la plupart, encore et toujours
effacées de l’histoire de l’humanité.
Tant de vies englouties dans le néant, tant de femmes hors du temps, hors de l’histoire
du monde.
Pourtant, elles ont exercé une influence majeure sur leur époque, à l’égal des hommes,
mais jamais elles n’ont été reconnues et elles sont toujours reléguées aux oubliettes.
Chaque oubli est une honte !
Est-ce de la mauvaise foi ou du déni ?
L’ampleur de ce génocide culturel m’a poussée à témoigner et à réparer.
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