Les
lecteurs de Verso savent l’intérêt
de la revue pour les peintres de la Figuration
narrative, qui n’a jamais perdu une occasion
de les informer de l’actualité de
leurs travaux, car la Figuration narrative n’est
pas seulement un événement historique
: c’est un regroupement vivant d’artistes
qui, pour n’être plus tout jeunes,
inventent toujours aujourd’hui des images
qui nous étonnent et que nous admirons.
Cette actualité de la Figuration narrative
n’a malheureusement pas intéressé les
commissaires qui s’en sont strictement
tenus aux premières années du mouvement,
commençant au début des années
60 et s’arrêtant arbitrairement en
1972.
Pour s’excuser de cette formidable lacune, ils ont évoqué le
manque de place. Il y avait un fort contraste, en effet, entre les 1.500
m2 dévolus à 19 artistes et les 13.000 m2 de la nef voisine,
consacrée au seul Richard Serra. Il est vrai que Serra est américain
et que la galerie Gagosian de New York a largement financé l’exposition.
La Figuration narrative n’a pas de riche sponsor, elle se contente
de rassembler des peintres de toutes nationalités ayant pour point
commun de travailler à Paris depuis plus de quarante ans et d’y
avoir fortement contribué à y animer la vie, tant artistique
que politique.
Nous disons bien politique, après Gérald Gassiot-Talabot
(« L’évolution logique de la Figuration narrative a été la
peinture politique » avait écrit Gérald en 1996). Cet
aspect n’a pas été totalement effacé par les
commissaires mais fortement relativisé : pour eux ce ne fut (puisque
seul le passé les concerne) qu’une réalité parmi
d’autres, principalement du fait des Malassis (dont la présence
au sein de la Figuration narrative est d’ailleurs très contestable)
et du trio Aillaud, Arroyo, Recalcati avec sa célèbre série
de huit tableaux sous le titre Vivre et laisser mourir ou la fin tragique
de Marcel Duchamp. La série de 1965 qui avait fait tant de bruit,
prêtée par le musée Reina Sofia de Madrid, était
la principale attraction de l’exposition, et justifiait à elle
seule la visite. Mais c’est peu dire que nous sommes restés
sur notre faim.
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