Bruno Pelassy : Pas là
Cest un titre de Beckett mais pas seulement. Bruno a eu droit à sa rétrospective à 36 ans, parce quil nétait pas là. Plus là. Sera jamais plus là. Mais ses oeuvres étaient là, bien là. Un peu trop au garde à vous dans cette galerie du MAMAC, où on les aurait attendues plus échevelées, plus déhanchées et moins silencieuses, comme on les avait vues à la galerie Vigna. Ces petites bestioles ici inanimées et ces créatures si élégantes, là, statiques dans leurs aquariums, de même ses reliquaires étaient bien tristounes hors de ce quavait prévu la fantaisie de lartiste. De même, aurait-il été daccord sur le texte du maire de Nice inaugurant le catalogue, qui ne devait pas vraiment le connaître de son vivant, et comment aurait-il pu serrer la main ouverts et sans bas art dans lesquels il y aurait des paires mais de celui qui représente tout ce contre quoi il se battait, déjà avec le FN. Décidément Pelassy et Peyrat nont en commun que leur « P» ?
Pour terminer avec ce qui sonnait faux, la vidéo dépenaillée trempée dans une violence datée et clichée que lartiste naurait sans doute pas montrée, avec ce goût dinachevé et cette pseudo ambiance qui se résume à des tapis à la Pelassy. On dirait que lon force un peu la main à celui qui na plus prise sur la vie, et qui na pas eu le temps daffirmer totalement un travail, malgré tout déjà confirmé et reconnu.
Mais le plaisir est là. Là est lessentiel et il faut le souligner. Lhommage est légitime pour ce jeune artiste qui a fait de lart son quotidien. Insolent autodidacte, il fut exposé dans de nombreuses galeries dici (Soardi, Art concept, Vigna) et dailleurs (Valentin, Cokkie Snoei, Krinzinger, Mark Pasek Gallery...). On se souvient à la FIAC de ces photographies en collaboration avec la talentueuse Natacha Lesueur, où lon est toujours au bord de sourire et de souffrir. Même contradiction quand il sagit daligner et dentrelacer les perles, dans de dérisoires reliquaires ou des tiares aux échos baroques et mortuaires, sacrément sadien et religieux, et de rendre à des visages de cire et de lumière une tendresse « hard ». Rire grinçant ( irrésistibles les « relaxing balls «) et souffrance révoltée dans un monde « sans titre » qui met des strass sur les peurs, et des animaux domestiques, adorables monstres, pour mémères en pleurs. Parodie sous toutes les coutures sont ses cires, reliquaires, bestioles et créatures, sculptures de perles, gants et dessins. Parodie des désirs, signée par qui est mort damour, en disant « gracias a la vida ». Il faisait feu de toutes langues « étrangères ». Une rose à la droite du coeur. Létranger.
Né en 1966 au Laos il vivait et travaillait à Nice. Exposition à la galerie du MAMAC de Nice début 2004 et courant 2004 dans Le Consortium, Centre dart contemporain de Dijon.
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