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LE DVD, support culturel du XXI° siècle ?
VERSO : les dvd : LE DVD, support culturel du XXI° siècle ? par Guillaume Boisdehoux
Le Disque Vidéo Digital (DVD) est apparu il y a deux ou trois ans déjà. Mais, alors qu'il était attendu par les cinéphiles depuis l'arrivée du Compact Audio (1984), alors que personne n'en parlait encore, mais il était évident que si on pouvait caser une symphonie en " bits " sur ce support, pourquoi pas tout autre type de message -, le DVD a fait son entrée fracassante dans la vie des Français l'année dernière. Les chiffres sont tellement importants que ce seul segment du marché de l'électronique grand public a sauvé le secteur d'une récession.

L'apparition récente du lecteur ET enregistreur DVD va, nul n'en doute plus, faire de la vénérable vidéocassette VHS un objet de collection sous peu, comme le Mini Disc et le CD gravable vont tuer la cassette audio.

Ces considérations générales et à la fois techniques et commerciales n'ont pas pour seul but que d'amener à la justification de cette nouvelle rubrique de Verso Arts et Lettres. Un art important, le cinéma, va peut-être éviter sa disparition, en tant qu'art puisque le " business " du cinéma n'a jamais été aussi florissant, grâce à ce support. Le cinéma art va mourir, parce que seule la France a pu, jusqu'à maintenant et rien n'est jamais acquis, préserver sa fameuse spécificité culturelle et résister aux assauts répétés de l'industrie cinématographique américaine. Et même en France, même à Paris qui reste, probablement, la ville du monde la mieux servie en salles, le nombre de fermetures ces dernières années, au profit de multiplexes, rend de plus en plus difficile, voire impossible, le visionnage d'un film ancien.

À ce rythme, un enfant, né 100 ans après l'invention des Frères Lumières n'aura aucune chance de jamais voir un film de Bertolucci, Fellini, Chaplin ou Howard Hawks autrement que lourdement colorisé une nuit tard sur le câble.

La cassette VHS, comme tout support analogique et séquentiel, souffre de tous les maux de ce type de support : usure, faible qualité de l'image et du son, risque de casse. Le DVD, comme le disque compact audio par rapport au microsillon, ne présente aucun de ces défauts. Mais, et c'est là que les " bons " DVD sont une révolution, le DVD permet une interactivité, un menu dans lequel le spectateur attentif pourra " naviguer ", tous ces mots étant dérivés de l'informatique contemporaine, je sais, et choisir la version originale avec ou sans sous-titres, dans plusieurs langues, revoir sans dommage aucune une scène importante, au ralenti si nécessaire, regarder avec intérêt le " bonus " offert sur certains DVD, par exemple le " making-of " (tournage), un entretien avec le réalisateur ou des acteurs, une biographie, une filmographie.


Certains DVD provenant de films très récemment réalisés offrent même des " alternate takes ", prises de vues rejetées au montage, voire des angles de vision différents de la même scène. Nous en sommes aujourd'hui au point où, dans la réalisation de nouveaux films, le support DVD est intégralement pris en compte dès le premier tour de la fameuse manivelle du Cinématographe des Frères Lumières de 1895. Avec l'irruption de la caméra digitale dans le processus même du tournage, une nouvelle vision entre dans notre vie et l'on peut comparer ces changements techniques à celui de la photographie qui fit découvrir qu'un cheval au galop a toujours un sabot au sol, ce que les peintres et observateurs ne pouvaient pas savoir.

D'autres DVD, et c'est le cas du coffret William Klein, sont le salut de films qui auraient été oubliés, disparus. Ils participent alors du sauvetage culturel, on peut en dire autant du coffret Chaplin et c'est avec impatience que l'on attend aujourd'hui que les majors et autres producteurs comprennent l'intérêt patrimonial de ce support et rendent au public les chefs d'œuvre qui dorment dans les caves salées (pour éviter l'humidité) où sont entreposés des milliers de kilomètres de pellicule fragile.

Cette rubrique de Verso n'entend pas être une rubrique de critique de films, puisque par essence, les DVD sont des versions " domestiques " de films sortis en salle, quelquefois très longtemps auparavant. On ne critique pas Les Fraises Sauvages ou le Septième Sceau de Bergman, pas plus que le Dictateur de Chaplin ou The Big Sleep de Haward Hawks, bien entendu, il s'agit de classiques. Le choix des DVD passés en critique ici sera néanmoins inévitablement guidé par les goûts cinématographiques de l'auteur de ces lignes.

En revanche, il est de notre objet de vous informer de la sortie des nouveaux DVD, dans la limite de ceux que les éditeurs veulent bien nous adresser, bien entendu, et de la qualité (ou absence de ... ) de leur contenu, de la reproduction de l'image, du son. La reproduction sonore a, grâce au DVD, subi une profonde mutation avec l'introduction du 5 :1, c'est-à-dire l'utilisation de cinq canaux au lieu des deux de la stéréophonie, avec enceintes derrière l'écran, d'effets derrière le spectateur, centrale sous l'écran, un caisson de basses éventuellement. En regardant un DVD sur un grand moniteur ou téléviseur, ou sur un écran de projection, vous entendrez comme au cinéma, ou presque. Est-ce bien indispensable ? Avec certains films, pas du tout, avec d'autres, bien entendu.



" Klein L'Œil " William Klein, le coffret DVD.
Arte Vidéo

En même temps que son livre " Paris ", et l'exposition du même nom, font l'événement photographique de cette année, voir l'article de mon excellent confrère Jean-François Conti dans ce numéro, Klein fait la démonstration, par ce coffret DVD qu'on peut être un très grand photographe ET un très grand cinéaste. D'ailleurs, quelle différence y a-t-il, à part le fait qu' un film est fait de 24 très bonnes images à la seconde ? Klein fait de chaque image de chacun de ses films montre de son immense talent de photographe. Pas un plan, une séquence qui ne rendrait jaloux un très bon photographe. C'est de la perfection à l'état pur, sans effet facile, au contraire. À part Raymond Depardon, autre photographe ET cinéaste, je ne connais personne qui ait le talent de Klein dans ces deux domaines.

Occasion merveilleuse de redécouvrir, pour les trop nombreux qui n'ont pas pu voir ces films, la virtuosité simple de Klein. Quatre films, dont trois longs-métrages et une merveille de 13 minutes, " Contacts " où Klein montre comme jamais auparavant la magie de la photographie.



Muhammad Ali The Greatest
est un long-métrage de 110 minutes qui est non seulement le seul vrai film sur M. Ali, mais certainement le plus beau film sur l'Amérique des années 60, celles des mouvements noirs, de la fin de l'apartheid. Pour les jeunes lecteurs de VERSO qui n'ont de M. Ali que l'image pathétique de cet homme atteint de la maladie de Parkinson aux J.O . de Barcelone, ce film montrera que Cassius Clay, son nom de baptême, était probablement un génie politique, voire un génie tout simplement. " Fabriqué " comme une barre de savonnette par des industriels et hommes d'affaires de Louisville, Kentucky, ville suprêmement raciste du Sud profond, dans la seule intention de faire du fric, l'objet échappe à ses créateurs. Il leur souhaite bonne chance dans des termes que la décence m'interdit de reproduire ici, et il vit sa vie, son destin qui ne peut être comparé, dans la libération des Noirs d'Amérique du Nord, qu'à celle de Martin Luther King, dépassant sans conteste la personne et l'action de Malcom X, des Black Panthers.

Muhammad Ali ne fut pas seulement le plus grand boxeur de tous les temps, il restera un des grands hommes du XX° siècle, malgré son manque d'éducation, de culture, de " polissage ". Il est intéressant de noter, d'ailleurs, que la série Le Siècle, en cassettes vidéo, dont on espère une sortie DVD, présente Ali dans chaque générique, où il retrouve des Churchill et autres " grands " du siècle dernier.

Klein réussit ici parfaitement à donner son ampleur au phénomène Ali, en le replaçant avec une stupéfiante clarté dans un contexte compliqué, en montrant sans ambages l'Amérique dénoncée par Ali, en offrant à l'œuvre de M. Ali l'écrin qu'elle mérite.



Grands Soirs & Petits Matins,
Mai 68 au Quartier Latin est une plongée dans une France
à la fois si présente et si disparue qu'on en sort troublé, très troublé, triste même. Caméra à l'épaule, intégrée au corps tant elle est une prolongation quasi greffée de l'œil, Klein nous promène dans les A.G. de la Sorbonne, dans les rues et boulevards dépavés, dans les meetings, dont Charléty, dans une crèche " sauvage " de la Sorbonne, à l'Odéon, dans le regard de De Gaulle appelant à la manifestation de la grande peur, celui de Pompidou sous les sourcils duquel le futur Président de la République s'annonce déjà, dans les yeux extraordinaires d'intelligence de celui qui est, probablement, le politique le plus intelligent vivant aujourd'hui, Daniel Cohn-Bendit, dans l'émotion de ce serveur de restaurant expliquant, à l'Odéon, qu'il n'est pas possible, après 12 heures debout, d'aller prendre des cours du soir à l'Université ... Quelle occasion manquée, quelle répression atroce de ce rêve, on pense aux années de plomb de Pompidou et Marcellin qui ont suivi, aux cars de CRS garés tous les soirs en rang serrés de Denfert-Rochereau à La Seine sur le Boulevard Saint-Michel et de l'Assemblée à Maubert sur Saint-Germain, à l'interdiction du jardin du Luxembourg à tous ceux qui étaient âgés de 14 à 40 ans, à un régime de .... Bon, c'est fini !

Et, à les voir, ces trublions de 20 ans, on se dit qu'ils sont maintenant presque tous au pouvoir, qu'il soit médiatique, intellectuel ou politique, et donc, quelque part, 68 a gagné, avec du temps certes... Ce document devrait être diffusé dans toutes les écoles, pas seulement les écoles de journalisme, c'est de l'Histoire avec un très grand H et de l'art, celui de Klein.



The French
peut être compris comme " Les Français " ou comme l'abbréviation " jargonistique " de " The French Open ", le tournoi de tennis de Roland Garros. Pour ceux qui aiment le tennis, ce film sera un régal, bien entendu, et j'avoue mon plaisir à revoir les McEnroe, Connors, Borg et autres échanger ces balles étonnantes. Pour ceux qui aiment lez tennis bien filmé, très bien filmé et sans ces nouvelles caméras et techniques qui font vibrer votre salon à chaque échange, sans effets exagérés, ce film est un exemple. Il y a des moments d'extase devant ces images absolument parfaites, ces plans séquences où le central est " panné " avant que la caméra s'arrête sur l'épaule de celui qui sert. Klein sait filmer si près qu'on voit souvent une scène en partie à travers le verre de lunette d'une personne présente. Il jongle avec les focales pour, sans jamais étourdir, donner la vision la plus proche que possible d'un œil universel et globalisant, pouvant faire le point sur l'intime et l'universel en quelques fractions de secondes, c'est très fort.

Mais le plus fort de ce film est que, filmant un événement sportif, se déroulant en France dans ce cas, Klein fait un portrait des Français aussi étonnant peut-être que celui, par livre, de Cartier-Bresson en 1968. À Roland Garros, en 1981 il y a LA France et Klein la décrit, avec ses diversités, le bordel de l'organisation qui, comme toujours, fonctionne à merveille finalement, même la météo si capricieuse, les populations privilégiées et les autres, les regards de classe, alors que mai 1981 est aussi l'arrivée de Mitterrand à la présidence de la République. Tout cela dans un film d'amour au tennis, un film d'amour à la France que Klein a choisie depuis longtemps et que la France s'honore d'accueillir. Merci Bill pour tout ceci.



Titre original : Tokyo Decadence
Réalisateur : Ryu Murakami (d'après son roman)
Sortie : 1992, Japon
Éditeur : Films Sans Frontières

Éditeur indépendant, ce qui suppose à la fois du courage et beaucoup d'intelligence, Films Sans Frontières offre un riche catalogue de ce que les " majors " ne peuvent, ou ne veulent pas présenter. Dans un monde où l'oligopole est la règle depuis de nombreuses années et où le nombre d'acteurs importants se réduit de jour en jour, il faut saluer l'indépendance sous toutes ses formes, en particulier dans la production cinématographique et bien entendu, ici, de DVD, bien entendu

J'ai découvert le film avec ce DVD. Attention, il ne s'agit pas d'un film pour tous publics, puisque Ryu Murakami met en scène son roman consacré à la vie d'une prostituée (chère, comme tout au Japon), dans le monde du Sado-Masochisme (SM). Ayant, comme tout le monde, vu des films qualifiés d'érotiques, d'autres affublés du qualificatif mortel de " pornographique ", détestant l'hypocrisie ridicule des premiers et trouvant les seconds assez faibles et souvent très mal filmés, il est évident que Tokyo Decadence n'entre dans aucune de ces deux catégories. Le seul film auquel j'ai pensé en le voyant est un autre film japonais - coïncidence ? -, le chef d'œuvre produit par A. Dauman, L'Empire des Sens.

Donc, même si ce n'est pas un film à visionner en famille ave de jeunes enfants, c'est un très très grand film et le talent d'un écrivain, le plus doué de sa génération au Japon, qui adapte lui-même ses films avec tant de succès, devrait peut-être contribuer à casser ici ce qui est refusé par tous ou presque, la fameuse " interdisciplinarité ".

À part une faute d'orthographe dans un sous-titre (et oui, soyons impitoyables !), et autant que je comprenne le Japonais, très peu, les sous-titres sont de très bonne qualité. Le son est mono, comme sur le film destiné aux salles. Les prises de vue sont magnifiques, qu'il s'agisse de Tokyo ou du corps de cette call-girl. Jamais la moindre facilité, jamais la moindre vulgarité. La qualité de l'image reproduite en DVD est remarquable, visible en 16/9 ou 4/3 (le format standard des téléviseurs). Trois langues, le Japonais, l'Anglais et l'Italien, il faut, bien entendu, choisir le Japonais avec sous-titres français.

Le " bonus " apprend tout ce qu'on pouvait ignorer, ce qui était mon cas, sur l'auteur réalisateur, par une biographie et une fiche historique de qualité. La " navigation " sur le menu de ce DVD est exemplaire de simplicité, ce qui est bien venu, je n'ai pas encore la virtuosité d'un enfant de six ans pour cette logique très particulière, voir celle de mon nouveau portable que je ne comprends toujours pas alors que ...



Titre : Jour de Fête
Réalisateur : Jacques Tati
Sortie : 1947, France
Éditeur : Films Sans Frontières

Revoir Tati est aujourd'hui pratiquement impossible, sauf en vidéo. Il est important de s'attarder un peu sur ce titre, qui est le premier long-métrage de Tati (mort dans la misère, rappelons-le), parce qu'on y trouve toute la thématique de ce réalisateur génial d'une part, parce qu'il est l'aboutissement du début de sa carrière (théâtre et mime) d'autre part, parce qu'il est le premier film tourné en couleur en France enfin.

Le procédé couleur utilisé, Thomsoncolor, était expérimental et Tati, ne voulant pas tout risquer en cas de problème, filma également en Noir et Blanc. C'est cette version N&B que nous connaissions, avec une coloration effectuée manuellement sur ... le drapeau français lors de la fête au village. Tati eût raison. Thomson avoua son incapacité à développer les épreuves-couleur qui restèrent dans leurs bobines jusqu'à ce que la fille de Tati, en 1997, Sophie Tatischef, entreprît l'ultime, et réussie, tentative de nous offrir le film en couleur. Alors qu'elle vient de disparaître, saluons-là pour cet effort.

Tati filma Jour de Fête avec un objectif à focale fixe, pas de zoom. Il s'approchait du sujet quand nécessaire, ne rapprochait pas le sujet artificiellement. Ce choix est issu d'une contrainte imposée par la caméra couleur de Thomson. Le résultat est une signature unique de Tati qui, jamais par la suite, n'utilisa jamais de focales variables (zoom) et resta fidèle à une prise de vues avec un objectif qui se rapproche le plus de la vision humaine. Pas d'effets faciles, la vision humaine suffit à ce génie.

Ce DVD offre les deux versions, en couleur et N&B, ainsi que le merveilleux court-métrage intitulé " L'École des Facteurs " qui inspira Jour de Fête. L'histoire de la restauration du film couleur est, bien entendu, incluse et passionnante.

À noter qu'existent, à notre connaissance, Mon Oncle et Les Vacances de M. Hulot en DVD, qui sont aussi merveilleux, bien entendu. Voici un exemple de parfaite réussite du support DVD, et un plaisir garanti à revoir ce chef d'œuvre.



Titre original : The Great Dictator
Titre français : Le Dictateur
Réalisateur : Charles Chaplin
Sortie : 1940
Langues et sous-titres : Français et Anglais
Son : Mono d'origine
Bonus : Easy Street (Charlot Policeman), Court-métrage, 1917
Éditeur : Les Films de Ma Vie

Projeté il y a quelques jours en clôture du Festival de Berlin (j'aurais tant aimé être dans la salle ...) Le Dictateur est un des plus grands films jamais réalisés. Avec La vie est Belle, de Roberto Benigni et Train de Vie, voici probablement les trois seuls films " drôles " sur la Seconde Guerre Mondiale et le génocide du peuple Juif.

On apprend, si on l'ignorait, que Chaplin déclara, après 1945 que s'il avait connu l'exacte ampleur de l'horreur des camps, il n'aurait jamais traité le sujet comme il le fit. Peu importe, puisqu'il est impossible de suspecter Chaplin du moindre racisme ou antisémitisme. Il paraît que Hitler vit le film, et le trouva drôle, ce qui me laisse absolument pantois. J'ai toujours pensé que s'il l'avait vraiment regardé, il serait resté à peindre ses croûtes à Vienne ou ailleurs. On ne refait pas l'histoire.

Ce DVD, qui peut être acquis individuellement ou dans un coffret à prix très attractif (environ 50 euros pour 10 DVD), est d'une qualité parfaite. Comme dans les autres DVD de la même collection Chaplin (tous ses longs-métrages y figurent " l'aventure du film ", par laquelle on apprend que le gouvernement américain et les diplomates allemands en poste aux Etats-Unis tentèrent tout pour s'opposer à ce projet, bien entendu, un rappel biographique de Chaplin, les critiques principales parues à ses différentes sorties, un catalogue et en bonus, un excellent court-métrage, un " Charlot " qui nous fit tant rire lorsque la télévision française nous les offrait et qui fera autant rire les enfants aujourd'hui.

Très belle réalisation, son et images restaurés avec soin, indispensable dans la " DVDthèque ", bien entendu.



Titre original : The Godfather (collector)
Titre français : Le Parrain
Réalisateur : Francis Ford Coppola
Sortie : 1972 (I), 1974 (II) et 1990 (III)
Langues et sous-titres : Français et Anglais
Son : d'origine, remastérisé
Bonus : un DVD entier
Éditeur : Paramount

C'est un pavé, pas moins de cinq DVD, deux pour le Parrain II et un de bonus, passionnant, nous y reviendrons.

F.F. Coppola est, sans nul doute, un des seuls vrais réalisateurs américains vivants aujourd'hui. Avec Woody Allen, Scorcese et Jarmush, il est un des seuls à pouvoir faire ce qu'il veut, même si c'est difficile.

Reparler des trois " Parrain " est presque aussi vain que de reparler d'une pièce de Corneille ou de Shakespeare, tant ces films sont, et ont été dès leur sortie, des classiques. Leur construction même est classique, avec les ouvertures en forme de fêtes, les moments tragiques, les rythmes et rites qu'on retrouve dans chacun des trois opus de cette trilogie parfaite.
Avertissement : il y en a, uniquement pour les films, pour 523 minutes de visionnage, par loin de neuf heures... Ne pas commencer en début de soirée, alors qu'il est très important de voir, revoir, ces films l'un après l'autre et si possible dans la même séance. Idéal donc pour un dimanche pluvieux.

Il est indispensable, pour tout cinéphile qui veut mériter ce qualificatif, de posséder ce coffret, nous l'avons compris. Le bonus est d'une richesse exorbitante : des scènes supplémentaires inédites, le casting de Pacino très douteux (!), les problèmes posés par la Paramount, bien entendu, qui ne croyait pas au succès du Parrain I (des visionnaires, ces PDG américains !), les biographies des acteurs, l'histoire de la musique de ces films, j'en passe et des meilleurs.

C'est parce que Coppola, toujours à l'affût des nouvelles technologies, il a été le premier à croire en la vidéo qu'il utilisait pour limiter les délais de développement et les coûts des rushes -, croit au DVD que ce bijou est sorti. Coppola est le propriétaire d'une œuvre, il ne fait pas de cinéma comme un produit de consommation, mais comme un art. Bravo et merci.

Pour finir, je me suis souvent demandé comment un Monsieur nommé CoppolA a pu réaliser un film aussi réaliste sur la MAFIA à partir d'un roman de MariO PuzzO, avec Marlon BrandO, Robert de NirO, Al PacinO (j'ai mis les dernières lettres de ces noms en majuscules en reprenant une réplique du film : " vous n'avez jamais aimé les étrangers dont le nom se termine par une voyelle !" ). Je n'ai pas de réponse, à part cette anecdote reprise d'une biographie de Marlon Brando lue il y a quelques années, dans laquelle l'auteur parlait des véritables réunions de boss de la Mafia auxquelles Brando avait pu assister pour bien s'imprégner, en élève de l'Actor's Studio qu'il fut, des tics et gestes de son personnage. La Mafia avait, sans aucun problème, facilité cet accès à l'équipe de Coppola. Il paraît, selon cette même biographie, que les mêmes mafieux ont été vexés de ne pas avoir été invités aux premières du film, alors qu'ils avaient apporté leur concours. " Quand c'est un film sur l'armée, on invite bien les généraux ! "....



Titre original : Simon au pays des Globules (en norvégien !)
Titre français : Simon au pays des Globules
Réalisateur : Vibeke Idsøe
Sortie : 1997
Langues et sous-titres : Français et Anglais
Son : d'origine
Bonus : 52 minutes
Éditeur : M6 Vidéo

Film pour enfants ? Oui et non, à moins que l'on considère qu'aimer ce film à 50 ans soit une preuve d'infantilisme aggravé ! C'est un magnifique film, plein de tendresse, l'amour d'un jeune garçon, Simon, pour son grand-père (ah ! qui connaît encore l'importance du grand-père dans le développement harmonieux d'un enfant ?).
Le grand-père est malade, il a des calculs. Simon est réduit à une taille minuscule, entre dans le corps de son grand-père, y rencontre Globule, qui devient son copain, puis Alvéole, leur copine. Ils voyagent dans le corps, rencontrent les ennemis, les inutiles (merveilleux " appendicite ") ; se battent contre les " soldats de fer " (les calculs) et guérissent le grand-père. Leçon du film : il faut savoir pleurer, les larmes sont souvent le meilleur médicament.

Le film est remarquable. La qualité est exemplaire. Un enfant voudra le voir et le revoir, et nous sommes loin des productions débilitantes, dégradantes et dégoûtantes de certains studios américains qui ont un parc d'attractions ( ?) pas loin de Paris, par exemple. C'est d'ailleurs assez miraculeux qu'un petit pays comme la Norvège, peuplé de quatre millions et demi d'habitants seulement, ait été capable de produire ce film dont le budget n'est pas, et de loin, ridicule.

C'est d'ailleurs un des bonheurs du bonus que d'entendre (et de voir, mon Dieu qu'elle est belle !) la jeune réalisatrice, les trucages, les effets spéciaux qui vont, c'est certain, fasciner les enfants autant que le film lui-même. Et il est capital, aujourd'hui, alors que presque toutes les images vues par nos bambins sont de synthèse, qu'ils connaissent les trucages, les ficelles, voire les techniques de montage. Avec ce film et le bonus qu'il offre, nous sommes servis.

Guillaume Boisdehoux
mis en ligne le 15/10/2002
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