The life And Death of Peter Sellers
Stephen Hopkins, TF1 Vidéo Océan Films
Rares sont les acteurs à qui un film a été consacré. Mais de quel acteur sagit-il ! Probablement le plus grand acteur comique de la seconde moitié du XX ème siècle. Connaissant les films dans lesquels il a joué, je navais pas voulu aller le voir en salle, des critiques insistant sur la démolition du « vrai » Sellers. Pourquoi tuer ses « idoles » ? Pourquoi connaître la vie des artistes ?
Seule loeuvre compte. Mais lacteur est-il un artiste comme les autres ? Quun peintre se voit refuser une toile, quun compositeur découvre que sa musique ne plaît pas à tous, quun architecte se voit préférer un confrère, cest loeuvre, lobjet de lart, qui est refusé. Quand un acteur est retoqué à une audition, cest LUI qui est refusé. Lart du comédien est, en grande partie, LUI-MÊME. On connaît les trois rôles de Sellers dans Docteur Folamour de Kubrick. La série Pink Panther utilise son génie pour créer, quasi instantanément, des personnages. Voilà le problème de Sellers.
Il ne savait pas qui il était, navait pas dimage de lui-même, nexistant que par le regard de lautre, la caméra et les spectateurs. Atteint de perversité narcissique, une maladie psychique récemment connue du public par les livres de M.-F. Hirigoyen (Le Harcèlement Moral,), une maladie terrible
pour les autres. Sil fût un terrible mari, père et ami, il avait du génie et ni vous ni moi avons été sa femme, ses enfants ou ses amis. Mais si vous rencontrez un (e) véritable pervers narcissique, fuyez, et à toute vitesse, croyez-moi !
Les Conséquences de lAmour
Paolo Sorrentino, TF1 Vidéo
Océan Films
Bien loin du Parrain (la plus fidèle reconstitution de ce que fut la Mafia sicilo-américaine) et encore plus de visions aussi nulles que Casino de Scorcese, ce film est surprenant. Lhistoire est simple : un homme, caché dans un hôtel suisse a pour seule mission de déposer, régulièrement, des valises pleines de dollars dans un compte, suisse. La vision de ces valises évoque le train de vie de mes collègues de Verso qui, suivant lexemple venant du sommet de lÉtat, ne paient leurs voyages quen liquide. Visuellement, sans le moindre « effet spécial », ce film est un tour de force. Dès le générique, la force de limage surprend. Suit une virtuosité toujours servant le propos du film, lhistoire. Toni Servillo est un grand acteur et, si la petite Olivia Magnani est libre en lisant ces lignes, quelle écrive directement à la revue où notre secrétariat lui indiquera mes coordonnées, cest quand elle veut. Magnifique film, à ne pas manquer, vraiment, je le regarderai encore, et pas seulement pour la petite Magnani, quoique
Jirai cracher sur vos tombes
Opening
Un des romans les plus surestimés, selon moi, JIrai Cracher Sur Vos Tombes reste un opus impossible à ignorer. Je préfère le Vian du jazz et des chansons absurdes à celui qui, en littérature, nest jamais quune très pâle copie de Miller (Henry), tout ça parce quil a osé, dans les années cinquante, quelques scènes de cul, encore rares dans une époque pudibonde et pré-gaulliste. Livre moyen, le film est une catastrophe. Mais il ma permis de comprendre un peu mieux lhystérie pro-Américaine des années cinquante. Les G.I. étaient les beaux gosses blancs ayant survécu aux débarquements (les Noirs avaient claqué en première ligne, voir Katrina). Les bases de lOTAN (des USA) en France véhiculaient labondance US que la France ne connaissait pas. On rêvait de dents blanches, de chewinggum, de boissons brunâtres et de blondes filtre (incompatible avec les dents blanches !) allumées au Zippo, le fabricant de lance-flammes, demandez donc aux Japonais ou aux Vietnamiens. Enfilant cliché sur cliché, le film est très mal écrit, très mal éclairé et très mal joué. Ne pas manquer donc
Le Premier Noël de la Guerre
1914-1918
Montparnasse éd.
Prenez nimporte quel être humain (garçon ou fille, cf. Abou Graïb), mettez-le en uniforme, vous en faites un militaire. Quand « la Patrie est en danger », des volontaires offrent leur vie à la défense de cette patrie. Mon merveilleux grand-père en fût, le doux homme, à 19 ans. Il en rapporta une Croix de Guerre, je lai chez moi.
Le militaire de carrière a abandonné toute initiative et choisi dobéir à celui qui a un galon, une barrette ou une petite étoile de tôle de plus et qui, ayant choisi lablation de la pensée quelques années avant, est plus gradé. Einstein disait quun militaire na besoin que du cervelet dun canard, pour suivre celui qui marche devant. Retour à la nature, négation de la civilisation et de la culture, loi de la jungle, larmée, ce sont aussi des officiers qui festoient pendant que les bidasses se font crever la peau, des sous-off dactive qui se voient officiers, des clowns pas drôles dès quon leur a enlevé leurs plumes du cul, pardon, leur uniforme de pacotille.
Jai autrefois comparé les militaires aux postiers, encore en uniforme. Jétais jeune et excessif et jen demande, tardivement, pardon. Aux postiers, utiles, alors que les militaires, de carrière, jentends, sont inutiles, dangereux, nuls. Un militaire dactive en temps de paix est un chômeur (il ne tue pas !) qui ne connaît ni lANPE ni les ASSEDIC. Payé à ne rien faire, il semmerde et il boit, mais à un tarif préférentiel.
Il leur reste la musique militaire, qui est à la musique ce que la justice militaire est à la justice, une horreur, une caricature. Interdisons aux militaires de toucher à un seul instrument de musique, quils continuent de se toucher entre eux, ça ils savent faire.
Et en temps de guerre il est utile ! Non, sans armée, il ny aurait pas de guerre. Il est inutile, il est nul. Larmée française na pas gagné une seule guerre depuis
Pas plus que toute autre armée menée par des militaires de carrière.
À Noël 1914, des officiers apprennent que quelques poilus, quils avaient envoyés au casse-pipe avec pantalons et képis rouges pour aider à bien les repérer dans le gris de lEst de la France, avaient arrêté de se foutre sur la gueule avec les « Boches » den face pendant quelques heures. Mangin, ce fumier, lapprend et écrit à sa « très chère » épouse (jespère quelle lui a mis des cornes COMME ÇA, elles le font souvent, cest bien, il ny a quà regarder la tronche de leurs maris !) quil avait donné ordre de faire abattre tous ceux qui auraient fraternisé avec lennemi. Il a TUÉ, ou fait tuer, cest pire, le lâche, des petits gars de France pour avoir échangé quelques moments de paix avec quelques «Boches»
Cest ça larmée, bravo général de Mes Deux.
Si cette fraternisation avait duré, quelle catastrophe ! La guerre aurait été finie, ses « instruments » (la chair à canon) ne participant plus. Comment occuper les gradés? Comment faire marcher « léconomie de guerre », nos amis marchands de canon ?
On préfère parler dhéroïsme, mais la guerre cest très bon pour les affaires et les marchands de canon ne connaissent pas de camp. La guerre dIrak est une très bonne affaire pour Halliburton et ses actionnaires, du Pentagone ou de la Maison-Blanche. La guerre est toujours une bonne affaire pour ceux qui y gagnent des galons ou des milliards ou les deux ! Pour les poilus de 14-18, ou les autres pauvres gars quon a envoyés tester les nouvelles balles ou uniformes, cest une autre histoire.
Donc, pour éviter que des enfants finissent avec un képi, il faut voir ce film. Et quon ne me parle plus dhéroïsme, il ny eût que la propagande fanatique suivie, très vite, de lemmerdement royal (impérial ou républicain) mêlé à la peur, la trouille de crever dans un trou plein de rats, lhorreur de la boucherie, rien dautre. Jemmerde les militaires.
La Chute
Olivier Hirschbiegel
(Allemagne)
TF1 Vidéo
Ach! La guerre. Schade (dommage), oui, dommage! (quon lait perdue). Cette phrase, entendue dans les années 60 quand je travaillais dans une usine en Allemagne pour améliorer ma konnaissance de la touce langue de Goethe und Von Ribbentrop, cette phrase mest restée et jai encore du mal à expliquer pourquoi je préfère la plage en Grèce au train près du Lac Wannsee. La Chute est LE FILM qui a osé, enfin, montrer à « nos amis dOutre-Rhin» quAdolf Hitler nétait pas seulement un peintre dorigine viennoise. Comme le dit un personnage de Mel Brooks dans The Producers « Ach, Hitler était un grand peintre, lui ! Pas comme Churchill qui barbouillait mal. Hitler, il peignait un appartement entier en un week-end, et avec DEUX couches! ».
Grâce à ce film, les Allemands, et nous, avons pu voir que Adolf était, finalement, un type assez gentil, très humain dans le fond (de son bunker), un patron très apprécié de son (petit) personnel, de ses secrétaires qui, en 1944, ne savaient pas quil y avait des problèmes de « droit de lhomme » en Allemagne. On ne savait rien, même quand on allait accrocher son linge aux barbelés des camps, on ne savait pas.
Thérèse
Alain Cavalier, Arte vidéo
Mes fidèles lecteurs ont, depuis longtemps, su deviner certaines de mes options politiques ou sociales si subtilement induites entre les mots et les lignes. Ils ne seront donc pas trop étonnés de mon intérêt passionné pour le sujet (lextase dans la prière) de ce remarquable film, tourné en 1987 par Alain Cavalier. Excellent bonus.
LEmmerdeur
Edouard Molinaro , TF1 Vidéo
Bon, il ne sagit pas dun équivalent de lintégrale Ingmar Bergman, certes, et dailleurs je préfère de loin Liv Ullman à Jacques Brel, comme actrice. Mais cest un bon moment, divertissant, du cinéma français comique davant Canal + et son comique «chabatdecaunisé » que, ceci nengage que moi, je trouve consternant. Pour rire.
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