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DVD
DVD par Guillaume Boisdehoux
par Guillaume Boisdehoux
Guerre d’Algérie
Éditions Montparnasse 3 DVD (7 heures de programme)
Moi, Fidel Castro
Entretiens avec Ignacio Ramonet, 3 DVD (6 heures)
J’ai choisi de traiter ensemble ces "produits", parce que les dates des événements sont les mêmes et les situations, mutatis mutandis, sont étrangement interchangeables. Mais rendre compte, brièvement, de ces 13 heures de programme est un défi terrible.
Il y a cinquante ans commençait la Guerre d’Algérie en même temps que naissaient les premiers groupes de guérilleros à Cuba. Fin 1959, Batista quittait Cuba. En 1962, la France quittait l’Algérie. Les Algériens ont gagné l’indépendance qui, aujourd’hui encore, peine à donner la paix à ce pays. Des centaines de milliers sont morts. Des centaines de milliers de Français d’Algérie sont devenus "rapatriés". Les militaires, appelés surtout, ont vécu un drame. Cette guerre a été ce qui se rapproche le plus d’une guerre civile, une vraie guerre civile dans le cas des Harkis. Des milliers de Cubains sont partis en Floride, aidés par les États-Unis. Ils y sont des millions aujourd’hui, intégrés mais encore Cubains. Cinq millions de citoyens algériens vivent aujourd’hui dans le pays en France, sont-ils intégrés? La relation de ces pays, presque sado-masochiste, est inextricable. Les USA continuent un blocus total contre Cuba, qui ne présente aucun risque pour leur sécurité, parce qu’ils ne supportent pas d’avoir perdu un bordel, un casino, des débouchés. Les Cubains de Floride et du reste des USA sont une puissance. La France reste le premier partenaire commercial de l’Algérie.
J’ai l’impression, écrivant ces lignes en écoutant la bande sonore du film sur les Harkis, dont je croise tous les jours les représentants qui campent devant le Sénat, qu’on pourrait continuer ainsi à faire des rapprochements entre Cuba et l’Algérie, colonies exploitées par les USA et la France, puissances colonisatrices chassées. La différence est dans les appellations. La France n’a pas à dire ce qu’elle souhaite comme régime en Algérie. De quoi se mêlent donc les USA dans le cas de Cuba? La situation de la France en Algérie était intenable, l’analyse froide encore impossible.
Ce coffret pallie ce manque. Le long film d’Yves Courrière et Ph. Monnier, celui sur les Harkis et les entretiens et débats sont en tous points remarquables. S’il faudrait encore élargir la vision, revoir par exemple "Chronique des Années de Braise", de M. L. Hamina, d’autres films tournés par des Algériens, la base offerte par ce coffret est là.
Il faudrait renoncer aux clichés, vérifier la propagande, pour bien comprendre Cuba et Castro. Curiosité intellectuelle, connaissance des forces de l’Histoire et grande ouverture d’esprit, qualités de plus en plus rares, sont indispensables. L’oppression d’un peuple par un autre n’est pas, n’est plus, une solution à long terme. La réaction sera d’autant plus excessive que l’oppression aura été dure. La modération suit rarement l’excès, jamais immédiatement : près d’un siècle pour passer de la royauté à la République en France et 176 ans pour que les femmes aient le droit de vote. Les démocraties pratiquent-elles les idéaux de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme et du Citoyen? Non. Le Nord a-t-il reconnu son pillage systématique du Sud? Il comprendrait que la révolte des pillés est logique, voire légitime. Mais payer l’or, l’argent, le plomb, le nickel, le pétrole, l’uranium, et les arachides de l’apéritif, le café, à un prix tenant compte d’un salaire décent versé aux exploitants locaux de ces richesses était impensable. Quand il est devenu "moins chrétien" (et surtout condamnable par la loi) de faire travailler des enfants français et anglais de huit ans 16 heures par jour dans les mines au XIXe siècle, on l’a fait avec des pays colonisés, pour leur "apporter la parole du Christ", bien sûr. Quand ceux-là ont appris que des ouvriers ont une maison décente au Nord, ils ont voulu ces maisons. Ils en ont discuté, et trois ouvriers qui discutent, ça sent le gaz, mon cher Baron ! L’aide, évangélisatrice of course, des sbires de la puissance colonisatrice et de leurs mitraillettes a été nécessaire pour "contenir" ces mouvements.
Stratégie du containment.
Espérer qu’en Iran, après le régime du Shah, installé et soutenu par les USA, qu’en Algérie, occupée militairement et exploitée pendant 130 ans, qu’après Batista à Cuba, de belles démocraties puissent naître tout de suite est aussi naïf que croire aux armes de destruction massive en Irak en 2003 ou que Chirac sait ce que "fracture sociale" veut dire. Comment Castro pouvait-il prendre le pouvoir à Cuba? Par des élections? La France était-elle disposée à rendre l’Algérie avant que le FLN soit incontournable? Non.
De quel droit est-on plus choqué par la prostitution d’aujourd’hui à Cuba que par celle d’avant 1959? Les filles étaient elles plus heureuses, plus consentantes? Connaît-on les "spectacles" offerts avec ces filles et des ânes aux riches sénateurs américains en goguette? De quel droit juge-t-on que les Cubains ou les Algériens sont plus pauvres aujourd’hui qu’avant? Qui était riche à Cuba avant Castro? Les quelques familles possédant le pays pour le solder aux trusts américains, pas la population. Et en Algérie, qui avait l’argent? Les Français. Quelle santé était offerte aux Cubains? Aucune. Quelle éducation? Aucune. Qui a laissé 95 % des Algériens illettrés après 130 ans d’occupation? La France. Quelle démocratie? La dictature d’un pantin des USA, Batista, l’armée française en Algérie. Au nom de quelle loi les USA ont-ils décrété un blocus total sur Cuba? Aucune.
La mise en place d’un Batista crée un Castro. Le blocus par les USA affame Cuba pour que sa population renverse Castro. Enfin, les USA financent des coups d’État, des attentats contre Castro, six cents, préparent des invasions "libératrices".
Pendant ce temps, Castro, offre à son pays le plus fort taux d’alphabétisation et la plus forte proportion d’intégration scolaire au monde en primaire, secondaire et supérieur, une santé publique extraordinaire qu’il offre à tout le Tiers-Monde. Il pousse la culture générale inculquée à tous par l’école, destinée à ouvrir la population à des notions de tolérance qui, par héritage "culturel", ne lui sont pas familières, comme l’absence de racisme, l’égalité des femmes et des hommes. Tiens, essaie donc de voir si la culture hispanique, y compris en Espagne, est favorable à l’émancipation des femmes ! Que fait le FLN en Algérie? Le bilan est-il meilleur ou pire qu’à Cuba? La question est posée. Haïti, magnifiquement ruinée par le Père Aristide (tendre démocrate et prêtre chrétien) après avoir été violée par les Duvalier (réfugiés dans le Sud de la France) et leurs Totons Macoutes, ou le Kuweit, pays "amis" des USA, sont-ils de meilleurs exemples?
Ce qui précède n’engage que moi. Humbert Fusco-Vigné a vu le premier des deux DVD Castro avec moi. Quelques mots de SA vision suivent. Je souligne enfin l’intérêt immense de ces DVD documentaires. Si, noctambule et sans obligation le jour, on aurait pu voir les mêmes choses à la télévision, la télé ne s’arrête pas pour revoir ou réentendre un passage. Le DVD oui. Je conclus en disant qu’il faut voir ces films. Vas-y Fusco !
"…ce que j’ai pu éprouver en visionnant ton fantastique et stupéfiant CD sur Castro. Mes réactions sont celles que j’éprouve sur l’homme Castro comme sur sa "vista", sa "baraka" et sur ses talents inouïs dont le pendant fut et restera malgré tout les turpitudes abominables, cyniques et inacceptables pour se maintenir et perpétuer son pouvoir politique, quoi qu’il arrive. Ma pensée va plutôt à l’héroïsme de Salvador Allende. Et tout son génie politique se résume beaucoup à avoir maintenu son peuple dans une misère économique et sociale. Je n’ai pas dit éducative et culturelle, les générations castristes ne souffrent que mieux de leur décadence économique et sociale puisqu’on les a éduquées, ce qui est le comble du cynisme, pour mieux éprouver ce type de sentiments tout en s’y résignant car ils n’ont pas le choix face au "lider maximo. Je suis partagé sur Castro bien sûr. Mais, au-delà de son immense talent de leader politique révélé mieux que jamais par cette vidéo, et surtout au-delà de la poignante séquence sur ce vrai héros dédiée à Che Guevara (le vrai héros selon mon idéal politique), séquence bouleversante puisqu’elle nous montre un "Castro inconnu" !, je penche quand même et plutôt pour une condamnation sans excuses de son aventure. On ne laisse pas crever de faim et de désespoir un peuple, que ce soit au nom de Marx, d’Hitler ou… de Fidel Castro ! Bien sûr que je suis descendu dans la rue en 1959 pour acclamer la victoire de Castro sur Batista. Une vraie joie, comme celle de la victoire de Mitterrand en 1981, mais ne pas le dire ! Surtout à ma belle-mère qui m’en a tant voulu…"
Camarade Lecteur, tu le vois notre rédaction abrite en son sein des révolutionnaires vertueux et d’immondes et lubriques serpents venimeux asservis au Grand Capital !

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