La peinture européenne est encore vivante outre-Atlantique. Pour preuve, l’exposition de peintres européens organisée à New-York sous le titre Moving Ahead, dont le représentant sans doute le plus important est Jérôme Boutterin. Limites, frontières, indices ou encore « frustrations », les contours de l’être tels que les esquisse, ou plutôt les « réduit » le peintre parisien marquent la transgression d’un intime partagé qui ne se donne pas pour tel. En ces travaux, un double mouvement a lieu : l’intime accepte le dehors, s’y projette ou bien s’y soustrait, se ferme.
À travers ce jeu il ne s’agit pas de donner à voir de l’être d’une manière plus ou moins réaliste. Deux questions se posent : quel est l’enjeu lorsque la représentation dérive ? S’agit-il d’un épuisement ou de la réversibilité du regard en de tels diaphragmes de transgression ?
Ces questions renvoient elles-mêmes au sens, à la valeur de l’image en ce moment crucial et nécessaire d’un franchissement du même à l’autre lorsque l’image repose sur un minimum de matière pour un maximum d’étendue, lorsqu’à la place de l’être ce sont ses atours qui demeurent.
À travers sa mise en scène ou son démembrement, l’art de Jérôme Boutterin montre paradoxalement une force de « pénétration».