7 photographes russes et 7 photographes provençaux contemporains ont, en mis en parallèle leurs travaux, cet automne, à linitiative de lassociation La fontaine Obscure dAix en Provence
Au total, deux cents photographies ont été présentées sur trois lieux aixois : lEspace Sextius, la galerie Prévert et la salle Pavillon. Un colloque de deux jours sur la photographie russe animée par Jean Arrouye ouvrait cette manifestation.
Le propos des organisateurs nétait pas de brosser un panorama de la photographie russe contemporaine mais de faire dialoguer des artistes de nationalités et de cultures différentes. Parmi les photographes russes exposés, Georgy Poilov, compose des natures mortes à partir daccumulation dobjets hétéroclites- animaux empaillés, insignes, bouquets séchés, bottes de feutre à roulettes- réminiscences de lépoque soviétique. Ce travail rappelle par latmosphère étrange et onirique qui sen dégage, luvre de Peter Witkin.
Cest la troisième fois que ce photographe est exposé en France. La première fois en 1994 à la Maison Pouchkine à Paris et en 1997 à la Bibliothèque nationale, dans le cadre de lexposition 1996, Dix ans dacquisitions à la Bibliothèque nationale.
Son travail était ici accompagné de celui de Catherine Béranger, photographe dAubagne.
Dans un style plus réaliste, lexposition permettait de voir les créations dIgor Moukhine, certainement parmi les photographes russes exposés, le plus connu en France, car son travail y a été présenté à plusieurs reprises, notamment à la galerie Carré Noir à Paris.
Ce photographe sest illustré il y a quelques mois par une série de reportages sur la destruction des symboles de la Russie soviétique. Aujourdhui ses thèmes de prédilection sont la vie quotidienne en Russie, et la jeunesse. Cest une sélection de ces deux sources dinspiration qui était proposée en regard de luvre, dun photographe humoriste isérois, Jean-Paul Olive.
Autre photographe russe sexprimant par le reportage, Valeri Nistratov. Ce moscovite de vingt-sept ans proposait plusieurs aspects de son travail journalistique : une enquête sur les enfants dans les familles de délinquants, les femmes au travail et un reportage dinspiration plus personnelle réalisée le long de la Volga. Ses photographies étaient couplés avec celles de Jean Michel Goldanga, photographe aixois qui présentait un carnet de voyage intimiste réalisé notamment dans les pays baltes.
Aux cimaises de lexposition, figuraient également les uvres du moscovite Alexandre Slioussarev, mentor des jeunes photographes russes rassemblés pour cette exposition. Photographe depuis plus de quarante ans, il a longtemps travaillé en noir et blanc mais depuis quelques années il se consacre à la couleur. Ses thèmes récurrents sont la ville et ses habitants. Ses photographies étaient jumelées avec celles dun autre coloriste, Christian Ramade, photographe marseillais qui présentait des panoramiques urbains.
Parmi les autres travaux présentés, une galerie de portraits très expréssifs de Serge Leontiev voisinait avec les flous de France Del Chele, visage réduits à leur quintessence. Les compositions surréalistes de dAndrei Abramov jouxtaient les uvres DUlla Reimer sur la solitude de lhomme dans lenvironnement urbain et pour terminer, deux approches du nu, celle de Victor Ivanoski où se mêlent humour et souffrance et les images plus stylisés de Christian Sasia.
Il convient de saluer linitiative de la fontaine Obscure qui a permis dinviter ces photographes russes et souhaiter quelle fasse des émules. En effet, en dépit des profonds changements politiques survenus en Russie ces dix dernières années, on ne peut que déplorer le peu de répercussions de cette ouverture sur les échanges culturels et plus particulièrement dans la création photographique alors que la Russie à une très riche histoire dans ce domaine et que ce médium connaît un engouement de plus en plus grand auprès du public russe. |