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25-05-2016

NAPOLUN 拿 破 仑 au Grand Palais
Empires de Huang Yong Ping, Monumenta 2016

 

Des perspectives inattendues sur l’œuvre, par Régine Cuzin [1] et Myriam Dao [2]

Myriam Dao
MonumentaQu’est-ce qui se joue entre les allées de containers rectilignes et l’architecture de la Nef ? Le dialogue ne s’établit pas seulement par un rapport d’échelle, si gigantesque soit-il. Ici, on cherche vainement quelle relation spatiale, quel écho les arêtes métalliques orthogonales de l’installation pourraient bien générer avec les courbes du bâtiment du Grand Palais. Les pièces paraissent tristement rapportées. Même si le squelette du serpent joue de sa ressemblance avec la structure de la Nef, cela paraît presque anecdotique tant la présence des containers est écrasante. Mais suffit-il d’amonceler des pièces géantes sur des grandes hauteurs pour produire une œuvre à l’échelle du lieu ? Seul le bicorne, de par son positionnement, à la fois à la croisée des transepts, et au cœur du dispositif de l’artiste, constitue un point névralgique en résonance avec l'architecture. Sous le dôme, lui-même surplombé par le drapeau français, ce bicorne livrerait-il la clé de lecture de l’ensemble ?

Régine Cuzin
Si ton œil d’architecte te permet cette première lecture, pour ma part, sans connaître le contenu de Manifesta 2016 avant de franchir le seuil du Grand Palais, c’est une toute autre histoire qui m’a été offerte. En effet, loin des préoccupations de Huang Yong Ping, j’ai d’emblée eu une autre lecture de cette installation, car une histoire personnelle, imbriquée dans une histoire universelle, m’a été remémorée : celle de l’esclavage, à la fois par la présence des containers et par le bicorne de Napoléon. De plus, l’ouverture de Monumenta au public, était le 10 mai, qui marque, depuis 2006, la journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leurs abolitions. La loi Taubira, adoptée par le Parlement le 10 mai 2001, qui reconnaît la traite et l’esclavage en tant que crime contre l’humanité, est à l’origine de cette date commémorative.

Myriam Dao
Hormis à travers la figure de Napoléon, l’humain est absent de l’installation. La lecture de l'œuvre de Huang Yong Ping, Empires – l’artiste précise que l’on peut mettre le titre au singulier ou au pluriel –, est peut-être alors à trouver dans l'histoire des empires coloniaux, et de la traite ? À l’origine du capitalisme, il y a le commerce des hommes « l'Homme-monnaie » que décrit Achille Mbembe dans sa Critique de la raison nègre[3] . Un objet de transaction dans un système triangulaire. Que vient donc faire Napoléon dans cette galère ?

Régine Cuzin
En l’espèce, je trouve tout à fait pertinent l’emploi du mot « galère », pour son sens étymologique et comme expression de langage, car Napoléon Bonaparte – peu de gens le savent –, a rétabli l’esclavage, en 1802[4]. La première abolition de l’esclavage avait été décrétée par la Convention nationale, le 16 Pluviôse An II (4 février 1794). Pour en commémorer le bicentenaire, en 1994, j’ai créé à la Saline royale d’Arc-et-Senans (à quelques kilomètres du fort de Joux ou mourut le général haïtien Toussaint-Louverture) l’exposition « La Route de l’art sur la Route de l’esclave », rassemblant des artistes africains, caribéens et français. Début 2000, cette exposition transitait dans un container, sur un navire de la CMA-CGM, de Cayenne en Guyane à La Havane à Cuba. À cause d’une erreur d’arrimage des aconiers brésiliens à l’escale de Bélem, puis d’une tempête, le container a sombré dans l’océan Atlantique, dans l’embouchure de l’Amazone, en face du golfe de Guinée, et avec lui, toutes les œuvres des artistes. Les œuvres de l’exposition « La Route de l’art sur la Route de l’esclave » ont donc disparu, elles aussi, sur la « Route de l’esclave », car c’est précisément du golfe de Guinée que partaient un grand nombre de bateaux négriers. Donc, dès l’entrée du Grand Palais, les containers de Monumenta ont résonné puissamment pour moi. D’abord en tant qu’ « objets », imposants, de l’installation puis symboliquement, lorsque j’ai vu le nom d’un des principaux partenaires du projet, la compagnie française CMA-CGM – leader du transport maritime mondial –, inscrit sur ces containers.(...)

 

 

 

[1] Régine Cuzin est commissaire indépendante ; Fondatrice et Directrice d'OCEA www.ocea-asso.fr
[2] Myriam Dao est artiste visuelle, architecte et chercheuse indépendante
[3] Achille Mbembe, Critique de la raison nègre, Paris, Éditions La Découverte,‎ 2013
[4] Wiki : Par le décret du 30 Floréal An X (20 mai 1802)

 

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  Huang Yong Ping
     


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