Bernard Metzger :
Dans mon activité de consultant couleur je distingue deux grandes situations, soit ce sont les architectes qui font appel à moi et dans ce cas-là on peut dire que je gère les apparences. Ou alors je travaille pour de grandes entreprises en faisant des enquêtes et en créant des nuanciers.
Il y a dans ce travail une dimension fictionnelle. Par rapport aux mots qu’ils me racontent, j’essaye de faire couleur en me rapprochant au plus près de l’image que souhaite donner ce commanditaire. C’est en fait, de manière plus appliquée le même processus que lorsque je travaille à partir des enluminures de Facondus. L’histoire me porte et je trouve des couleurs pour la traduire.
J’ai travaillé pour un magasin haute gamme de chaussures, je gérais l’ensemble du projet des couleurs à l’agencement des matériaux. Le client souhaitait une atmosphère « classieuse et macho ».J’ai pris la première fois les couleurs d’un bordel Pompéien. Des ocres jaunes, des rouges, très puissants.
Une deuxième fois le cahier des charges commandait de faire « le plus contemporain possible ». J’ai fait « ultra-contemporain » ! Gris neutre et bandes colorées rouges, bleues… il y avait 280 bandes de 3 centimètres de large à peindre dans toute la boutique.
Et cette fois-ci je fais dans « l’élégant pervers », des couleurs années cinquante un peu décalées. Des gris-vert subtils, des gris jaune, des gris violet , gris bleu, le tout isophane et isosaturé. |