Justiciers
L’origine des super-héros dans les Comics Books américains est étroitement liée à la Seconde Guerre Mondiale. Sauver le monde, le protéger contre l’ennemi : c’est le combat que mènent les super-héros. La première Société de Justice d'Amérique nait dans les années 1940. En font partie Superman de Joe Shuster et Jerry Siegel, Batman de Bob Kane (créés en 1938), Wonderwoman (entrée en 1941 pour combattre les Nazis), Flash, pour ne citer que les personnages les plus célèbres. Le patriotique Captain America, inventé en 1941 par Jack Kirby et Joe Simon, porte un costume aux couleurs du drapeau américain. Ces personnages sont passés au rang d’icônes, - en particulier Superman dont le Pop Art s’est emparé à partir des années 60, et Hollywood a su les faire évoluer jusqu’à maintenant à travers le cinéma avec le succès que l’on connaît.
La dimension mythologique des super-héros ne nous aura pas échappé. Certains y voient le prolongement du Golem, personnage mentionné dans le Talmud. Batman défend le Gotham, nom donné à une ville de fiction qui n’est autre que New York, ville parfois désignée comme une « Babylone moderne »…La Cité du Mal…
Captain Rugged (rugged : robuste), au Nigeria, pourrait incarner pour l’Afrique ce que Captain America était en son temps : un redresseur de torts. Si l’image des super-héros américains est indissociable de celle d’un New York (Gotham City) ultra urbain et en proie à des attaques multiples, celle de Captain Rugged se veut attachée à Lagos, cité urbaine de 20 millions d’habitants, chaotique et bouillonnante, où l’on voit coexister des sphères ultra protégées, - comme les iles Ikoyi et Victoria véritables « signes extérieur de richesse », et un monde rongé par la misère sociale, en proie à la pire corruption, et où le kidnapping est la bouée de sauvetage d’une ruine entamée.
Et Captain Rugged arrive…il brandit son arme musicale, tel le morceau « Afronewave » au son rugueux, et des paroles qui évoquent l’identité, la race, le colonialisme, les relations humaines. « Il faudrait regarder tous ces Africains qui quittent leur pays, s’en vont ailleurs pour essayer de survivre, nourrir leur famille, comme des super-héros. Parce que c’est héroïque en quelque sorte. » nous dit Keziah Jones.
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