Pouvez-vous nous parler du travail de l'artiste Hom Nguyen ?
J'ai d'abord vu son aisance d'expression, ses qualités techniques, et pensé aussi qu'il pourrait en pâtir en étant catalogué comme « l'artiste des people". Avec lui, je me suis montré ouvert à la discussion et lui ai laissé carte blanche lorsqu'il m'a parlé de son projet, même si ses choix n'étaient pas forcément bons pour sa carrière. Il a souhaité raconter son histoire, son combat et il a développé ce projet pour la galerie, suite à sa rencontre avec Jean-Marc Mormeck. Ses choix auraient pu le pousser vers une facilité « mercantile », celle de vendre des portraits de personnalités. Aussi nous avons opté pour une scénographie qui mettait en avant le monde de la boxe et qui installait un univers, au delà des portraits de personnes, et avons fait le choix de ne pas mettre de cartel.
Ce qui m'intéresse chez cet artiste est l'énergie qu'il dégage, sa capacité à matérialiser toutes ses projections mentales. Autodidacte, il s'exprime de manière instinctive, en électron libre.
Entre Hom Nguyen et Jean-Marc Mormeck, il y a un parallèle. Mormeck vient de Bobigny, s'est battu dans des petites salles avant de prendre ses valises pour aller aux Etats-Unis et rencontrer Don King, qui l'a pris sous son aile. Il a su faire des choix, est généreux dans le combat car il se livre.
Hom Nguyen quant à lui a dessiné toute sa vie, c'est sa passion, sans aucun contact avec le monde de l'art, il ne pensait pas que ses dessins intéresserait quelqu'un. Une rencontre avec un mécène lui a donné une opportunité. Pour Art Paris, je lui avait suggéré un autoportrait. Il n'était pas prêt
donc il a répondu en faisant le portrait d'une ancêtre, la grand-mère, le pilier de la famille. Pour ce portrait, l'énergie gestuelle s'est traduite dans le mouvement enfantin du gribouillage : c'est ce trait qui constitue la peau de cette grand-mère. Hom a réussi à conceptualiser un mélange entre l'avenir et le passé.
Pour conclure cet entretien, Anthony Phuong comment voyez-vous le développement de la Galerie A2Z ?
Une œuvre a agit comme un déclic pour moi, celle de Shen Yuan présentée à la FIAC par Kamel Mennour : des langues de glace, dont la glace fond peu à peu dans des crachoirs chinois pour dévoiler, à la fin des dagues à l'intérieur des langues. Ces langues symbolisent l'arme la plus acérée, la plus efficace, la plus dangereuse. Lorsque qu'un artiste chinois arrive dans un pays, sa langue est de glace, car il ne sait pas utiliser les mots nouveaux, puis, la langue s'adapte et s'aiguise, comme une arme. La culture asiatique est un plus aujourd'hui, contrairement à l'éducation que nos parents nous ont léguée. Pour moi, il faut s'adapter tout en gardant sa spécificité, pour ne pas renier son histoire, sa culture. Cette adaptation à notre fameuse « discrétion » : quand il faut y aller, il faut y aller !
A2Z ART GALLERY
24, Rue de l'Echaudé 75006 Paris
a2z-art.com
Exposition en cours : Ma Desheng 1992-2002 : Renaissance
du 25.04 au 01.06.2015 - Mardi – Samedi : 11:00 - 19:00
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