Anthony Phuong, votre galerie se démarque des autres galeries spécialisées dans l'art asiatique par le choix des artistes, disons, engagés. Est-ce qu'une œuvre singulière comme celle de Ma Desheng touche à l'universalité ?
Il faut suivre l'évolution de la Chine. Le choix des artistes est, avant toute chose, une rencontre, et en tant que bouddhiste je suis sensible à prendre ce que m'offre l'aventure humaine. Tout ce que je recherche chez les artistes est basé sur l'humain, et les artistes asiatiques parlent de l'humain, c'est là leur dimension universelle. Je construis, et cela prendra le temps ce que j'ai dans la tête, tout en étant ouvert à toutes les rencontres, dès lors que les artistes sont sincères dans leur propositions. Je me déplace dans leurs ateliers et recherche la cohérence de leur propos, aussi, je me dois en retour d'être honnête avec eux. A travers la galerie, je cherche, à la manière d'un catalyseur, à les amener à la rencontre d'un public occidental. D'une certaine façon, ma culture asiatique apporte un petit plus, la galerie s'appelle A2Z, c'est un projet global, comme l'Art de A à Z, j'écris ma propre histoire et souhaite représenter les idées des artistes dans un lieu de référence.
Hom Nguyen affirme « L'art est un combat, au même titre que la boxe » images à l'appui dans sa première exposition à la Galerie A2Z. Ouvrir une galerie sur trois niveaux au cœur de Saint-Germain-des-Près relève-t-il du « parcours du combattant » ?
Muhammed Ali, dont Hom Nguyen a exposé le portrait à la Galerie A2Z, c'est l’irrévérencieux, le boxeur engagé dans les luttes contre la guerre du Vietnam et pour les droits civiques. Mais il était surtout un véritable showman : c'est un peu la posture que je dois adopter pour attirer l'attention ! On dit les asiatiques discrets, le métier de galeriste exige parfois l'inverse ! C'est un combat d'abord contre moi-même, dans la mesure où je dois me faire violence, sortir de ma zone de confort pour avoir une audience. Notre galerie a quatre ans d'existence, nous avions 200 m2 à Ivry-sur-Seine, avec un programme d'expositions, mais peu de visibilité, car le public ne se déplaçait pas en dehors d'une certaine centralité, malgré tous nos efforts. Ce constat nous à amené à prendre des risques, notamment celui de participer à Art Paris, un mois après l'ouverture de la galerie à Saint-Germain-des-Près, en présentant un seul artiste, Hom Nguyen, qui plus est, un artiste émergent.
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