Archipel secret, présenté au Palais de Tokyo dans le cadre de Singapour en France – la saison culturelle mise en œuvre par l’Institut français, le National Heritage Board, et le National Arts Council, propose une sélection d’artistes contemporains travaillant en Asie du Sud-Est. Outre la particularité d’être des artistes relativement “secrets”, et dans l’ombre de la scène internationale, ils partagent des pratiques qui construisent des passerelles entre des traditions millénaires et des interrogations occidentales. Leurs œuvres nous invitent à nous départir de notre lecture occidentale de l'art pour nous ouvrir à d'autres codes.
L’artiste Richard Streitmatter-Tran vit et travaille au Vietnam. Après des études d’art aux Etats-Unis, et une pratique plutôt tournée vers les nouvelles technologies et la vidéo, il vient de découvrir le travail de matériaux nouveaux. Qu’ils soient traditionnels ou pas, cette rencontre avec les matériaux lui apporte une nouvelle dimension, la lenteur, une dimension absente de l’art contemporain. Pour Archipel secret, il travaille dans le sous-sol du Palais de Tokyo. Un artiste inspiré.
Richard Streitmatter-Tran quelles sont vos influences, êtes-vous un artiste du Sud-Est asiatique ?
Je suis né au Vietnam, mais j’ai grandi aux Etats-Unis au sein d'une famille américaine. Mon éducation est américaine à l'origine. Mon inspiration vient surtout de mes lectures – je m'intéresse à la philosophie, aux sciences, mes influences sont occidentales, et plutôt tournée vers la théorie. Maintenant, je vis depuis 13 ans au Vietnam, et j'expérimente une nouvelle direction, celle des matériaux et des techniques. A la base, je n'avais aucun savoir-faire particulier, et ce que je trouve le plus excitant est d'apprendre ces savoir-faire en m’impliquant à tous les niveaux du process. Ainsi, je peux vraiment ralentir l’acte de création, ce qu'on ne peut pas se permettre de faire dans le processus de l'art contemporain, où l'on passe facilement d'une idée à l'autre. Outre cette dimension temporelle, il y a la dimension sensorielle, le matériau révèle son lot de surprises et il faut interagir. En m’initiant à ces techniques «classiques» comme celle du dessin, je prends le temps, c'est une démarche inverse de celle de l'art contemporain, l'apprentissage de la lenteur.
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