DUCHAMP AU ROYAUME-UNI :
Les personnes vivant au Royaume-Uni ont pu se rendre compte que l’artiste Marcel Duchamp (1887-1968) est apparu au moins sept fois sur la scène culturelle londonienne en 2013 – « Richard Hamilton : Les derniers travaux » à la National Gallery, « Les Portraits de Man Ray » à la National Portrait Gallery, « Danser autour de la mariée » au Barbican; « Rosemarie Trockel : Un Cosmos » à la Serpentine Gallery, « David Bowie est » au V & A, et « Readymades » à la Fine Art Society. Et, enfin, la septième manifestation est un colloque qui aura lieu, à juste titre, pas dans la capitale britannique, mais à Herne Bay, une petite ville balnéaire sur la côte nord du Kent. Célébrant cette année le centenaire de la première visite de Duchamp au Royaume-Uni, ce colloque sera certainement un événement majeur.
LE GRAND VERRE :
Il est plutôt paradoxal que Duchamp, un iconoclaste notoire, ait créé l’œuvre d’art la plus emblématique du 20ème siècle. Réalisé entre 1915 et 1923, il est baptisé « La Mariée mise à nu par ses célibataires, même », également connu comme « Le Grand Verre ». Il continue d’intriguer les penseurs d'aujourd'hui et le fera certainement encore dans les temps à venir. Heureusement, la Tate détient la deuxième copie parmi quatre existantes, celle créée par Richard Hamilton en 1965 pour l’exposition rétrospective « Les travaux presque complets de Marcel Duchamp », à la Tate Gallery en 1966.
LA PENSÉE DE DUCHAMP :
Au fil des ans, des théories extravagantes ont émergées, reliant le « Verre » de Duchamp à un grand nombre de disciplines - l'alchimie, la biologie, la géométrie, la physique, la psychologie, la mythologie et la littérature. Curieusement, toutes ces différentes théories apparaissent d’une manière ou d’une autre valides. Ce qui frappe, cependant, n'est pas tant la théorisation débridée des autres sur le « Verre », mais la propre pensée de Duchamp, en particulier avant la réalisation de l’oeuvre, telle qu’elle apparaît dans ses notes préliminaires. 188 de ces notes, qui ont été publiées à différents moments de sa vie : « La boîte de 1914» (16 notes) ; « La boîte verte » de 1934 (93 notes, de 1911 à 1915), et « La boîte blanche : À l'infinitif » de 1967 (79 notes, de 1914 à 1923) – ont éclairé autant que le souhaitait Duchamp la signification du « Verre », et ont aidé à le définir plus comme une œuvre à lire qu’une œuvre à voir. Après la mort de Duchamp en 1968, son beau-fils, Paul Matisse, a trouvé 289 autres notes dans son atelier et les a patiemment transcrites dans une publication qui a été éditée sous le nom de « Notes posthumes » en 1980. Preuve insigne de l’esprit et des dons poétiques de Duchamp, « la Note 78 » relie Herne Bay et le Pavillon de la Grande Jetée à la grande œuvre sur verre qu’il avait à l’esprit. |