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28-05-2014
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Le Grand Verre et le Pavillon de la Grande Jetée.
Centenaire de la visite de Marcel Duchamp à Herne Bay en 1913.

Par Megakles Rogakos
Historien de l'art et commissaire de l'exposition
Athènes, le 25 mai 2013

Traduit par Philippe Chrobocinski

ÉTAT D'ESPRIT :
Il est utile de se représenter l'état d'esprit de Duchamp avant son arrivée à Herne Bay à l’été 1913. Le 18 Mars 1912 Duchamp avait été certainement choqué d'entendre de ses propres frères, Jacques Villon et Raymond Duchamp-Villon, que le jury d’exposition du Salon des Indépendants à Paris dont ils faisaient partie, avait exigé qu’il efface le titre de sa dernière oeuvre « Nu descendant un escalier n°2 » sans quoi elle ne pourrait être exposée. La réaction de Duchamp avait été de retirer l’œuvre en signe de protestation. Son rejet par les cubistes avait confirmé à Duchamp qu'il en avait fini avec la peinture, et l’a également poussé à éviter les « écoles » et à continuer sur sa propre voie. Bien qu’il ait été ponctuellement satisfait de vendre le « Nu », qu'il présentait à la célèbre 1ère Armory Show à New York au printemps 1913, Duchamp se sentait encore affligé. Le 2 Juillet 1913, un mois avant son arrivée sur la côte du Kent, Duchamp écrivait de Neuilly-sur-Seine à son mécène américain, Walter Pach : « Je suis très abattu en ce moment et je ne fais absolument rien. C’est très énervant quand c’est comme ça. Je pars passer un peu de temps en Angleterre en Août. » [Naumann 2000, p.28]. Comme Jason Hollingsworth et Sue Austen, les fondateurs du « Bayguide », le clament « c’est un jeune homme qui est venu à Herne Bay, avec le sentiment d’être ‘libéré du passé’ ». Son esprit cet été était absorbé par ce qui allait devenir son œuvre majeure, le « Verre ».

PREMIÈRE IMPRESSION DE HERNE BAY :
En effet, le lundi 4 Août 1913, jour férié, Duchamp et sa sœur Yvonne sont arrivés à Herne Bay, probablement directement à partir de leur maison familiale à Rouen via Dunkerque ou via Boulogne. Il avait fêté son 26ème anniversaire une semaine plus tôt, le 28 Juillet. Yvonne avait 17 ans et devait être chaperonnée lors de son séjour là-bas, où elle avait été inscrite à des cours de vacances pour apprendre l’anglais au Collège Lynton, 16 Downs Park, officiellement une « école pour jeunes dames ». Le 5 Août, Duchamp écrit une carte postale de la ville, représentant une vue de Central Parade, à son ami peintre à Munich, Max Bergman : « Cher ami, je ne suis pas mort : je vais rester pour un mois à Herne Bay, en Angleterre, avec ma sœur. Temps très agréable et la campagne est jolie. Je vais à Paris le 15 Septembre. Écrivez-moi ici jusqu'à la fin du mois ». Glenn Harvey mentionne le fait que le Kent est considéré dans la littérature touristique comme « Le jardin de l'Angleterre » et en effet, dans sa correspondance de l'époque, Duchamp commente, inhabituellement, sur la beauté de la campagne. Le 8 Août, il écrit à son collègue du lycée Corneille, Raymond Dumouchel, « Le voyageur est enchanté. Temps superbe. Autant de tennis que possible. Quelques français pour moi pour éviter d’apprendre l’anglais, une sœur qui s'amuse beaucoup.». [Tomkins 1996, p.129]. Pendant le mois passé à Herne Bay, tandis qu’Yvonne suit ses cours, Duchamp joue au tennis, se promène le long de la côte et explore la région. Les soirs, ils se balladent tous deux probablement le long de la promenade ou assistent aux concerts au Kings Hall récemment ouvert sur les collines. Duchamp faisait déjà des croquis et des notes pour le « Verre », et au moins deux d'entre eux : « La Guêpe ou le Cylindre sexe » [Duchamp 1973, p.46] et « Le Pendu femelle » [Ibid., p.47], sont attribués à l'époque de son séjour à Herne Bay, et ont été intégrés dans « la boîte verte » de 1934.

LA JETEE D’HERNE BAY :
La carte postale de Duchamp à Dumouchel représente la jetée d’Herne Bay avec le Grand Pavillon récemment construit, un bâtiment qui a laissé une impression durable sur lui. La jetée elle-même était une structure imposante, en fait une troisième reconstruction de structures antérieures, qui s’étendait de la côte vers le large sur une distance imposante de 1154 mètres. Sa longueur en faisait la deuxième plus longue jetée en Angleterre après celle de Southend, son homologue du nord qui survit à ce jour sur la rive nord de l’estuaire de la Tamise. Le Pavillon de la Grande Jetée, qui a tant impressionné Duchamp, abritait une piste de patin à roulettes, un dancing et une salle de concert. Il avait été conçu par Percy J. Waldram et Messieurs Moscrop Young et Glanfield de Londres, et érigé sur la jetée à l'été 1910. Il a été inauguré en grande pompe et avec fanfare et trompettes par le maire de Londres de l’époque, Sir John Knill, accompagné, vous m’en direz tant, par les maires de Lambeth, Woolwich, Chatham et Margate. L’importance de ce pavillon pour la ville est évident, comme le prouve la publication à la une du journal local, Le Herne Bay Press, des croquis de son architecture.

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