Ecrans, vidéo et cinéma
Le vidéaste Bill Viola a la volonté de se rapprocher de l’expression cinématographique.
Cette écriture rappelle inévitablement un cinéaste comme Andrei Tarkovski, ou plus proche de nous, Philippe Grandrieux dont l’œuvre influencée par la nature et les mythes, se rapproche des mêmes préoccupations de manière moins démonstrative. En effet, lorsque les illustrations sont trop littérales, comme c’est le cas avec « Tristan’s Ascension » en 2005 et « Fire Woman », peut-on vraiment parler du « « spirituel dans l’art » ? L’eau et le feu, dans « Fire Woman », se mêlant avec force distorsions et autres morphings en fondu enchainé...font plutôt l’effet d’un beau fond d’écran. Comme chez Terence Malick dans "Tree of Life", ce recours aux « belles images plastiques »... aux effets visuels et à une palette de couleurs saturées, bref, cette emphase, masque-t-elle un manque de profondeur là où le propos « métaphysique » en demandait ?
Malgré tout, c’est lorsqu’il a recours à un langage visuel plus épuré, comme dans la vidéo de 1977, « Reflecting Pool », qui ouvre l'entrée de l'exposition du Grand Palais, avec ses tonalités monochromes, et ses variations subtiles de luminosité, que Bill Viola parvient à nous emmener dans une véritable expérience à la fois temporelle et sensorielle.
Là, on pense au cinéaste Bokanovski, qui, avec « l’Ange » nous plongeait dans l’univers des sens. Des ombres et des personnages à demi-humains montent un gigantesque escalier. A différents paliers, on découvre des personnages étranges. Derrière les portes, ont lieu des expériences d'optique. Les objets se déplacent, les murs, sols et plafonds se forment et se déforment...
Ces films défendent une expression propre, un univers particulier qui s’étend dans la durée grâce à une trame narrative linéaire qui incarne la notion de, temps, d’écoulement. Mais comment Bill Viola s’accommode-t-il de cette dimension temporelle ?
Plans fixes et tableaux animés , un art vidéo dans lequel la distance semble abolie
Le déplacement temporel est le seul qui s’opère, la distance spatiale est absente.
Bill Viola travaille sur le temps, et ce qui est marquant, c’est que cette fluidité temporelle n’apporte rien à son propos. On en retient une image fixe, souvent forte dont la continuité semble superflue. Il n’est qu’à voir les cartes postales et autres marques pages de la boutique du Grand Palais, qui sonnent comme un aveu.
Comme si Bill viola ne trouvait pas la bonne équation entre la force de l’image et son écoulement temporel.
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