Lorsque vous êtes à Ho Chi Minh Ville, vous vous fondez dans le décor ou bien vous vous démarquez ?
J'essaie d'être indépendant, je me nourris de tout ce qui peut m'inspirer en pensant que le monde des idées ne possède pas de hiérarchie. La bonne idée peut venir tout aussi bien d'un enfant que d'un curateur célèbre. Je ne suis pas plus intéressé par la scène artistique vietnamienne que par la scène artistique française, ce que j'aime dans la création, ce sont les exceptions. En venant à Ho Chi Minh Ville, j'avais deux souhaits : m'intéresser à la culture vietnamienne, et m'éloigner du monde de l'art, je voulais vivre le plus loin possible. Les arts plastiques me permettent la simultanéité, j'ai l'illusion d'avoir le don d'ubiquité. Eloigné, mais présent tout à la fois à travers des expositions dans différents endroits en même temps, Belgique, Pays-Bas, France, et Vietnam avec la Galerie Quynh.
Hormis au Vietnam, où avez-vous exposé en Asie ?
Seulement en Inde, au New Delhi Photo Festival. La scène artistique asiatique est assez centralisée, mais assez vite internationale, car la plupart des gens qui s'intéressent à l'art vietnamien sont plutôt des occidentaux. La pratique contemporaine n'est pas encore rentrée dans les mœurs des vietnamiens, (ils préfèrent acheter de l'art occidental, valeur plus sûre). L'art contemporain vient de la Modernité, qui est occidentale, et, même si l'art chinois contemporain est exposé, cela reste relatif par rapport au succès qu’il connaît en Europe et aux Etats-Unis. La création est liée au Capital, par essence. Dans la manière de penser la création il n’y a rien qui soit démocratique, ou « méritocratique », l'artiste devient célèbre pour sa meilleure œuvre, pas pour toutes les autres.
Qu’avez-vous trouvé d’inspirant au Vietnam ?
Le chaos. A Ho Chi Minh Ville, essentiellement. La circulation des énergies, les déplacements faciles et mélangés, les nouveautés, l'adolescence de la ville, qui correspond à ce que je suis à un moment donné. Je sais pourquoi je suis allé au Vietnam : trouver une sorte de fondamental dans mon art. Avec mes deux dernières expositions à la Galerie Quynh à Ho Chi Minh Ville, et à la Galerie Sator à Paris, j'ai trouvé ce que je cherchais. Ma peur m'a quitté, suite aux travaux que j'ai fait sur ça. Maintenant, j'ai besoin d'être dans une autre dynamique. Prochaine destination les Etats-Unis. Et un de mes rêves, monter une école, car mon travail passe aussi par la parole.
Ink Kingdom, Truc-Anh
Galerie Sator
Passage des Gravilliers, 10, rue Chapon 75003 Paris
Jusqu’au 4 juillet 2015
http://galeriesator.com/exhibitions/current
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