Les artistes et les expos | |
Pour
ne pas oublier |
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par
Gérard-Georges Lemaire
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Jack Vanarsky, Noctambule. Jack Vanarsky est parti. Il a quitté cette Terre, ses proches, ses amis. Il m’a laissé là, interloqué, sans voix, éberlué. Personne n’avait imaginé ce départ. Moi moins que les autres sans doute puisque je m’apprêtais à exposer une de ses oeuvres à la Villa Tamaris. Il avait préparé pour cette manifestation un défilé de bouteilles noires sur fond noir – des bouteilles qui tintinnabulaient sur un tapis roulant incongru et qui tombaient en se brisant sur le sol éclaboussé d’encre. Des projets d’avenir, il en avait plein la tête. On lui avait enfin proposé une grande rétrospective à Buenos-Aires : il l’avait tellement espérée. Jack Vanarsky a vu le jour en 1936 dans la lointaine vallée du Rio Negro, en Patagonie, au sein de la colonie de la petite agglomération nommée General Rocca. Il y avait là toutes sortes d’Européens, mais surtout des Juifs du Yddisland. Son père, qui n’était pas plus pratiquant que celui de Franz Kafka, avait néanmoins réussi à s’y faire respecter et y a joué un rôle important. Puis le patriarche décide d’emmener toute sa famille à Buenos-Aires en 1947. Le jeune garçon a manifesté très tôt des dons marqués pour le dessin. Il a pu très tôt suivre des cours dans différents ateliers. Mais il a dû faire des études d’architecture en vue de l’avenir qui ne semblait pas sourire aux artistes aux yeux de ses parents. Adolescent curieux et conscient des dures réalités de la vie en Argentine, il a milité dans des organisations marxistes. Il a écrit des articles pour des revues politiques et ou y a publié des caricatures au vitriol. En 1962, il a épousé Cristina Martinez. Peu après le jeune couple s’est rendu à Paris et a décidé d’y rester. Jack Vanarsky a visité le Louvre avec passion et a découvert les milieux d’avant-garde de l’époque. Il est revenu en Argentine en 1965. C’est alors qu’il a conçu l’idée de construire un pantin articulé qui a été le premier modèle de sa création future. En 1967, il fonde avec des amis (dont Lea Lublin et Roger Talon) le groupe « Automat ». Il est invité à participer à la Biennale de Paris et y propose une nouvelle forme de poupée animée. Mais il lui restait encore à découvrir ce qui devait rendre son oeuvre unique : il s’est mis à fabriquer des « sculptures » en mouvement. Elles étaient faites de fines lamelles de bois qu’il taillait avec patience et qui étaient animées par un moteur. Toutes ses oeuvres ont en commun un profond sens de l’humour, un humour subtil et parfois insolent, mais jamais noir, qui devait autant au dadaïsme le plus dérisoire qu’à Marcel Duchamp, au surréalisme qu’aux inventeurs du XVIIIe siècle./ Il démontrait aussi un véritable engouement pour la littérature. Il a rendu hommage à plusieurs reprises à son illustre compatriote Jorge Luis Borges en 2000 quand il a créé le Livremonde à l’Exposition universelle de Séville et a aussi célèbre les romans énigmatiques et absurdes de Franz Kafka lors de l’exposition consacrée à l’écrivain pragois au Centre Pompidou en 1984 et en suite au musée du Montparnasse en 2002 « Métamorphoses de Kafka »). Il s’est également senti très proche l’esprit de l’ « Oulipo » tant et si bien qu’il a fondé avec des amis artistes l’« OuPenPo, ouvroir de peinture potentielle ». Jack Vanarsky reste toujours près de nous parce qu’il nous a légué des ouvrages inoubliables qui demeurent parmi les plus intéressants et originaux de ces quarante dernières années. Il ne reste plus qu’à croiser les doigts pour que les principaux musées de notre pays le célèbrent comme il se doit après l’avoir tant ignoré.Oui, croisons les doigts… La revue Verso, Arts & Lettres lui avait consacré un numéro spécial (janvier 2004, n° 33), et Vernissages avait présenté sa vie et son travail dans son numéro 3 en décembre 2008. |
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Gérard- Georges Lemaire | |
mis en ligne le 23/05/2009 |