La spécificité de la peinture brandonienne, indépendamment
de ses qualités techniques toujours irréprochables, est son humour
indestructible. Même quand il s’agit de sujets gravissimes pour
un peintre : la mort de la peinture par exemple, toujours annoncée,
mais jamais tout à fait vérifiée. En voici une nouvelle
preuve : parmi les tristes nouvelles de ces temps de crise, Frédéric
Brandon a retenu la possible disparition des poissons (il n’y a déjà plus
d’anchois dans le golfe de Gascogne), l’inévitable déclin
de la presse écrite papier (les jeunes générations ne
consultent plus les journaux que sur internet) et, comme d’habitude,
l’agonie supposée de la peinture. En soixante tableaux, Brandon
témoigne de son appétit pour le journal, de son goût intact
pour le poisson et de sa toujours vivante joie de peindre. Joie intensément
communicative : on aurait tort de s’en priver.