Ma peinture est un acte de lissage, de disparition des détails, engendrant
une perte des repères d’échelle et déterminant
un espace possible à toutes les tailles. L’architecture devient
maquette, manière de voir d’au-dessus, de regarder globalement
le monde. La question de l’échelle est reliée à celle
du « faux », mes tableaux contiennent cette régularité suspecte
qui met en doute notre lecture de l’espace représenté.
Rendre l’espace presque abstrait, le mettre en doute pour en chercher
la structure, mieux en voir l’ossature, y mettre de la distance comme
si on regardait un plan pour trouver son chemin.
Maisons en destruction,
dont la mise à nu laisse entrevoir les pièces
béantes et désormais inhabitées. Prise de conscience
de la globalité de l’espace dans lequel on se trouve, de notre
place en son intérieur, de ses proportions.
Comme l’enfant ne peut concevoir l’ensemble d’une maison
qu’en en voyant toutes les pièces en même temps, ouvertes
sur l’extérieur, il dessine alors la sienne sans façade.
Communauté secrète des pièces, leur signification se
dévoile dans l’insertion à un ensemble.
Exploration des enchevêtrements.
« L’Art de la mémoire » ou comment les
orateurs romains choisissaient un lieu, se formaient des images (loci et
imagines) et les rangeaient dans les différentes pièces de
ce lieu pour se remémorer un discours ou une plaidoirie ; comme
une alternative à l’écriture : « les
lieux sont les tablettes de cire sur lesquelles on écrit, les images
sont les lettres qu’on y trace ». Manière d’ordonner
sa pensée et ses modes de représentation.
Espace mental, projection, construction.
Construire un espace, une perspective, un point de vue sur la peinture.
Maude Maris