L’écriture,
la couleur, le dessin, la transparence... Ecrire une histoire, raconter son
temps par une imbrication de mots et d’images, la peinture de Bruno Macé nous
entraîne au rêve ou au cauchemar, selon les cas, mais toujours
vers un imaginaire
riche et suggestif. Que d’émotions soulevées par la puissance
des thèmes choisis autant que par la brutalité des tâches
de couleur projetées sur la toile ! Le passé ressurgit au hasard
du regard et des mots piqués ça et là, et nous entraîne
dans la douceur d’une invitation au voyage ou vers le gouffre d’un
néant représenté par les statues ou les masques défigurés
venus d’Afrique ou sortis des catacombes d’Italie... Déchirures,
liens, sang ou ciel, l’effroi parfait nous saisit dans ce tableau d’un
monde d’où jaillissent, seuls vestiges de la civilisation, des
lettres qui rappellent que les mots et le langage unissent et rapprochent quand
la violence des hommes torture et détruit.
C’est le talent de Bruno Macé de susciter à la fois
l’espoir et l’angoisse en peignant le monde tel qu’il est
avec son cortège de richesses, mais aussi de souffrance, l’ombre
de la mort rôdant sans cesse autour de nous.
En cela, Bruno Macé est un artiste complet qui a compris que la peinture
n’était pas seulement une recherche de la beauté, mais
une invitation à la réflexion. Peindre, c’est susciter
le regard et la pensée, c’est aussi évoluer avec son
temps et la peinture de Bruno Macé change, se diversifie dans la forme
et dans son contenu. Voilà donc une oeuvre qui, aujourd’hui,
est plus d’une distraction, c’est un travail utile et un bien
précieux qui nous est livré ici par un homme courageux.
Jérôme CLÉMENT
Président ARTE France