Pierre Yves Clouin
Tony Frank Paschall
E : email@c-x-p.net
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Paris, le 16 décembre 2000 |
Madame Catherine Millet
Directrice de la rédaction
Art Press
8, rue François Villon
75015 Paris
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Madame,
Nous avons eu la mauvaise surprise à la lecture du texte de M. François Albéra, intitulé Yves Klein et Jean-Luc Godard rue Campagne Première : chutes et envols, dans le numéro dArt Press de décembre 2000, de constater que notre travail sur le sujet nétait pas cité.
Le lien entre le Saut dans le vide dYves Klein et la chute de Michel Poiccard/Jean-Paul Belmondo dans Á Bout de souffle de Jean-Luc Godard, nous lavons pourtant établi clairement, et les premiers, dans notre envoi postal du 29 mai 1996, en mémoire de la mort dYves Klein. Cet envoi a été suivi dune lettre le 15 juin 1996.
Dans cette lettre, nous expliquions exactement comment métait venu, à moi, Pierre Yves Clouin, ce lien entre les deux images avec la rue Campagne Première comme clef du lien et comme point de départ de notre découverte de lexistence de la Chapelle Sainte Rita sur le lieu même où Yves Klein a fait son saut, immortalisé par le photographe Harry Shunk.
Cet envoi et cette lettre adressés en 1996, à nombre de protagonistes encore vivants et nombre de personnes concernées - et à vous aussi, Madame - nous avaient alors valu un important courrier en réponse, un entretien de dix minutes avec Pierre Descargues, ami et photographe dYves Klein, dans son émission Les Arts et les Gens sur France Culture le 8 juillet 1996, où nous avions expliqué dans le détail notre démarche et notre découverte, ainsi quune mention de cette découverte dans un article dElisabeth Lebovici dans Libération le 5 septembre 1996, intitulé Poste restante.
Vous navez pu lignorer. Mais évidemment il ny a rien eu sur notre travail dans Art Press, puisquil vous a fallu quatre ans (quatre ans, Madame !) pour vous apercevoir, enfin, que le sujet méritait un article. Il semble donc pour vous inconcevable que des artistes aient pu saisir en un rien - un morceau de papier, une photo, quelques mots - ce quun enseignant nous assène parfois péniblement pendant plusieurs pages.
Vous avez préféré le pédago aux artistes. Rien de bien nouveau puisque depuis quelque temps, il semble à feuilleter Art Press, quune tenace morbidité vous colle à la revue. Morbidité dont est encore tout emprunt le texte de M. Albéra. La mort le hante à tel point que nous pouvons nous demander si cest par fatigue ou par ignorance, quil commence son papier par une contre-vérité en affirmant quil ny a pas eu rencontre entre Yves Klein et Jean-Luc Godard
Or, ces deux artistes se sont rencontrés sur le lieu du tournage dÁ Bout de souffle, rue Campagne Première. Nous le savons de source sûre.
Si larticle insiste sur létrangeté des coïncidences, cela ne nous étonne pas, puisque après la découverte de la Chapelle Sainte Rita sur le lieu même où Yves Klein a fait son saut, nous disions dans notre lettre relatant cette découverte :
" Pierre Yves ne peut sempêcher de penser, à la lecture du récit des derniers jours de la vie dYves Klein, lecture quil avoue navoir fait que très récemment dans le catalogue de la rétrospective 95, que cest un véritable chemin de croix qua vécu, alors, Yves Klein et que cest à bout de souffle, quil est mort. Il nous paraît clair aujourdhui que nous ne pouvions nous contenter denvoyer notre ouvrage sans dire ce quil a mis à jour. Ainsi nous sommes persuadés que lentretien que Tony Frank a eu avec Madame Rotraut Klein-Moquay le 6 juin [1996] était voulu par Yves Klein, tout comme la chapelle, tout comme tout ce qui nous amena à la découvrir. "
De fait, là où M. Albéra ne fait que taquiner léternel, nous, nous assumions alors le mystère découvert avec toutes ses conséquences.
Nous, nous avons été jusquau bout de la logique des coïncidences.
Cela vous a sans doute gêné. Dautres que vous ont eus le mérite, le courage de reconnaître ce que nous avions alors dévoilé. Vous, vous avez fait semblant que cela nexistait pas, pour plus de quatre ans plus tard donner la parole à quelquun qui tout prof quil est, nest quun plagiaire. Car sans le lien que nous avions établi en 1996 entre les deux images - le Saut dans le vide dYves Klein et la chute de Michel Poiccard/Jean-Paul Belmondo dans Á Bout de souffle de Jean-Luc Godard - son article serait insignifiant.
En niant notre acte artistique, et en reprenant ce texte de M. Albéra, Art Press, par deux fois, a agi en négationniste artistique.
Bref, vous, à Art Press, vous êtes tombés bien bas.
Nous nous réservons le droit de dénoncer, de toutes manières, ce que nous considérons comme une malhonnêteté intellectuelle et un misérable procédé.
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