Dossier Andrée Philippot-Mathieu : L’identité, de l’intime au collectif
Dossier Andrée Philippot-Mathieu
L’identité, de l’intime au collectif
par Andrée Philippot-Mathieu

La peinture :
Pendant longtemps ma peinture était inspirée par un imaginaire ludique et un regard critique sur l’humanité. Puis je m’en suis distanciée pour réaliser des œuvres in situ et des installations qui mettaient en évidence l’identification culturelle de certains lieux et quelquefois mon passage dans ceux-ci. Je poursuivais ainsi un travail autobiographique tout en développant une recherche plus large.
J’ai renoué récemment avec la peinture pour une recherche sur l’identité, traitée selon un concept radical. Peindre systématiquement toutes les personnes qui ont marqué ma vie au fil de mes déplacements. J’appelle cela, le premier cercle, le cercle intime. Les peindre sur des toiles carrées, d’un format standard, 100/100cm, et sur un fond rouge, dans la matité de la peinture vinylique. Ces portraits, développés dans une série intitulée Frontalement rouge, sont peints d’après des photographies et traités de telle manière qu’ils évoquent à la fois la photographie par la radicalité de leur présentation et la peinture par la matière. Le cadre noir, très sobre, qui cerne chacune des œuvres fait référence aussi bien à la photographie qu’à la peinture et permet de montrer ces oeuvres sous la forme d’une installation.

La photographie:
Je me suis approprié la photographie pour l’orienter sur la peinture et la sculpture et m’interroger sur elles en les questionnant toutes, sans m’enfermer en aucune.

Dans les séries de photos Red Paintings et Like paintings, je m’interroge sur l’identité de l’artiste en prenant la posture du portraitiste et sur l’identité des personnes que je photographie ou peins.
Ces photographies offrent un double regard sur la notion du portrait dans une interaction entre peinture et photographie.
Certains portraits sont peints (Frontalement rouge) puis photographiés (Red Paintings) et d’autres portraits photographiques sont eux, traités de manière picturale ( Like Paintings). Dans ce jeu où j’utilise tour à tour la peinture ou la photographie pour m’en distancier aussitôt dans le désir d’affirmer ma “non- appartenance” véritable à l’état de peintre portraitiste ou de photographe portraitiste, je me donne une plus grande liberté pour analyser ce qu’est la notion d’identité dans le portrait et la manière de la traiter. Je mets ainsi l’accent sur le questionnement qui se pose aussi bien pour le peintre que pour le photographe:
- Quels sont les signaux identitaires décelables dans un portrait ?
- Quelle est la part d’empathie nécessaire entre l’artiste et son modèle pour que la peinture ou la photographie parvienne à mettre en évidence l’identité complexe de cette personne ? L’intériorité derrière l’identité sociale.

Dans les séries Identity’sportraits, Représentation, Perception, Nomadic Portraits ou Signals, Cityscapes, Urban Lines, Waste lands, j’apporte, par l’introduction d’une matière virtuelle, la notion de conservation. Les sujets traités prennent une réalité plus tangible, moins éphémère que lorsqu’ils sont montrés dans leur seule réalité. Personnages faussement peints ou sculptés, visions de la réalité urbaine montrées comme autant de peintures ou de sculptures, la matière les recrée pour les affirmer comme des œuvres à part entière.

mis en ligne le 11/05/2010
pages 1 / 2 / 3 / 4 / 5
suite >
< retour
 
action d'éclat