La peinture :
Pendant longtemps ma peinture était inspirée par un imaginaire
ludique et un regard critique sur l’humanité. Puis je m’en
suis distanciée pour réaliser des œuvres in situ et des
installations qui mettaient en évidence l’identification culturelle
de certains lieux et quelquefois mon passage dans ceux-ci. Je poursuivais
ainsi un travail autobiographique tout en développant une recherche
plus large.
J’ai renoué récemment avec la peinture pour une recherche
sur l’identité, traitée selon un concept radical. Peindre
systématiquement toutes les personnes qui ont marqué ma vie
au fil de mes déplacements. J’appelle cela, le premier cercle,
le cercle intime. Les peindre sur des toiles carrées, d’un format
standard, 100/100cm, et sur un fond rouge, dans la matité de la peinture
vinylique. Ces portraits, développés dans une série
intitulée Frontalement rouge, sont peints d’après des
photographies et traités de telle manière qu’ils évoquent à la
fois la photographie par la radicalité de leur présentation
et la peinture par la matière. Le cadre noir, très sobre, qui
cerne chacune des œuvres fait référence aussi bien à la
photographie qu’à la peinture et permet de montrer ces oeuvres
sous la forme d’une installation.
La photographie:
Je me suis approprié la photographie pour l’orienter sur la
peinture et la sculpture et m’interroger sur elles en les questionnant
toutes, sans m’enfermer en aucune.
Dans les séries de photos Red Paintings et Like
paintings, je m’interroge
sur l’identité de l’artiste en prenant la posture du portraitiste
et sur l’identité des personnes que je photographie ou peins.
Ces photographies offrent un double regard sur la notion du portrait dans
une interaction entre peinture et photographie.
Certains portraits sont peints (Frontalement rouge) puis photographiés
(Red Paintings) et d’autres portraits photographiques sont eux, traités
de manière picturale ( Like Paintings). Dans ce jeu où j’utilise
tour à tour la peinture ou la photographie pour m’en distancier
aussitôt dans le désir d’affirmer ma “non- appartenance” véritable à l’état
de peintre portraitiste ou de photographe portraitiste, je me donne une plus
grande liberté pour analyser ce qu’est la notion d’identité dans
le portrait et la manière de la traiter. Je mets ainsi l’accent
sur le questionnement qui se pose aussi bien pour le peintre que pour
le photographe:
- Quels sont les signaux identitaires décelables dans un portrait ?
- Quelle est la part d’empathie nécessaire entre l’artiste
et son modèle pour que la peinture ou la photographie parvienne à mettre
en évidence l’identité complexe de cette personne ?
L’intériorité derrière l’identité sociale.
Dans les séries Identity’sportraits, Représentation,
Perception, Nomadic Portraits ou Signals, Cityscapes, Urban Lines, Waste
lands, j’apporte, par l’introduction d’une matière
virtuelle, la notion de conservation. Les sujets traités prennent
une réalité plus tangible, moins éphémère
que lorsqu’ils sont montrés dans leur seule réalité.
Personnages faussement peints ou sculptés, visions de la réalité urbaine
montrées comme autant de peintures ou de sculptures, la matière
les recrée pour les affirmer comme des œuvres à part
entière.