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DVD
DVD par Guillaume Boisdehoux

Neuf Mois
Patrick Braoudé _ Canal+Image

Dans certains magasins, on trouve des DVD à des prix extraordinaires. J’ai acheté celui-ci à six euros, avec la même démarche qui m’avait fait découvrir le film à sa sortie : le hasard. Ce hasard du film en salle m’avait laissé le souvenir de fous rires que j’estime tellement indispensables que nos casseurs de Sécurité Sociale devraient rembourser toutes les oeuvres de, je cite dans le désordre et j’en oublie : Mel Brooks, Peter Sellers, Les Marx Brothers, Woody Allen, Pierre Desproges, Pierre Dac et Francis Blanche, les Monty Python, et ce Pierre Braoudé. Le plus comique dans cette histoire est que, après le bide que, comme d’excellentes productions françaises, le film connût – un ou deux « block-buster » de Hollywood arrivaient la même semaine et squattaient 80 %
des salles — le script fut racheté (ravi pour Braoudé) par les mêmes mous du bulbe qui en firent un « remake » intitulé, notons l’originalité : « Nine Months ». Il fallait le faire, ils le firent !

L’original est si bon que je le recommande à quiconque est parent, veut l’être ou regrette de ne pas l’avoir été, homme ou femme ! C’est peut-être une des visions les plus justes, venant de la part d’un homme surtout, un homme incapable de porter un enfant en lui, que je connaisse sur la naissance. Émouvant aussi, les larmes ne sont pas toujours de rire !



Ni Pour Ni Contre (bien au contraire)
Cédric Klapisch _ M6 Vidéo

Un polar à la française, comme on sait les faire, tellement mieux qu’ailleurs !
Bien entendu, les poursuites automobiles (un jour je raconterai pourquoi elles sont si répandues dans le cinéma
américain, ces scènes, c’est aussi ridicule que l’effacement des nombrils de M. Hays que j’évoque dans le précédent numéro), il y en a moins, moins d’hémoglobine et de ketchup sur les murs. C’est fin, pas schématique (?????), comme la culture française ! Tiens, vous avez remarqué qu’il y a moins de citrouilles de Halloween cette année !? Un recul de la débilisation américaine ? Chouette !



Romance
Catherine Breillat _ Montparnasse Vidéo

C’était pendant cet été, il faisait si chaud, j’avais lu tous les livres de la maison, vu tous les DVD, écouté tous les disques et je me ravitaillais dans mon trou auprès de la maison de la presse locale, au coeur de cette mégalopole de 2654 habitants qui est le pôle culturel et économique autour duquel je me trouvais. J’étais allé voir et écouter Madame Breillat dans une des dernières émissions publiques du matin de l’irremplaçable et estimé Jean Lebrun à France Culture, lors de la sortie de ce film. Vous vous souvenez, il y avait un acteur X, M. Siffredi et des scènes qui n’avaient jamais été montrées hors des anciennes salles « porno ». Le film avait fait un foin médiatique extraordinaire et d’ailleurs la couverture du DVD cite un hebdomadaire français qui, en d’autres temps abrita des opposants à la guerre d’Algérie et accueillit des intellectuels remarquables, il y a si longtemps...: « Une oeuvre majeure, telle que le fût, en son temps, l’Empire des sens. » Ceci montre que mon confrère de ce magazine est soit un total abruti, soit, et ce n’est pas incompatible, qu’il n’a pas vu l’Empire des sens, soit, et ce n’est tou-
jours pas incompatible, que le budget publicitaire de la production de Romance ait, c’est souvent le cas, interdit toute critique réelle de ce film.

Il ne faut JAMAIS se fier à un essai d’automobile dans un magazine spécialisé, pas plus que pour tout autre « appareil » !
Comment voulez-vous que « Monsieur Journal de la Bagnole » dise du mal d’un
modèle de « Monsieur - je - paye - votre - canard - avec - mes - pages - de - pub - alors - déconnez - pas » !? Lorsque Le Monde, qui fût quotidien de référence avant de devenir de révérence, fait signer « notre envoyé spécial à Los Angeles » pour interviewer une chanteuse rock, le voyage est pris en charge, porte-à-porte
et en 1ère classe, par la maison de disque, traitement limousine et palace, concert en backstage et tout le tremblement, avec la pub qui va suivre pour le disque !
Comment voulez-vous ensuite écrire que le disque de la décolorée ne vaut rien !? Ne faites confiance qu’à ceux qui n’ont PAS DE PUBLICITÉ! Quant à la télévision, je n’en parle pas, mon rédac’ chef va encore me couper.

Et Romance alors ? Plus mauvais que le plus mauvais film X que j’aie pu voir, et j’en ai vu. J’AVOUE! J’étais plus émoustillé par la version intégrale de Andreï Roubleev, en VO sous-titre finnois vue à Helsinki il y a longtemps, ou presque…



Gangs of New York
Martin Scorcese _ M6 Vidéo

Film mythique avant sa sortie à cause des conflits entre Scorcese et la production, sur le dépassement de budget, le choix de la fin et d’autres babioles. J’ai aimé Scorcese quand il était jeune et nerveux, affamé, comme dans Mean Streets, taxi Driver. Là, il est devenu gras, satisfait, mégalo. Il paraît qu’il a fait une dépression. Il devrait en faire un livre comme l’autre qui cause dans le poste et écrit des « livres » ! D’ailleurs, je crois que je vais en faire quelques-uns moi-même, il est temps. Le premier serait l’histoire de mon cor au pied (droit), je continuerai la série avec le pied gauche, puis ma migraine et peut-être, si ça marche bien, une vieille chaude-pisse des familles soignée il y a 30 ans ! Je crois que ça intéresserait ceux, nombreux, qui lisent la déprime de Labrelle. Qu’en pensez-vous ?
Gangs of New York est lourd, pesante comme dirait la mama de Martino S., bourré de clichés racoleurs et vains, voulant montrer une virtuosité que tout le monde lui reconnaît mais, comme disait le grand Georges (Brassens), qui nous manque, « sans génie, la technique n’est qu’une sale manie ». On est loin du génie ici, très très loin.



Vivre Libre
Jean Renoir (1943) _ Montparnasse Vidéo (RKO)

Dans la série des « DVD à petits prix », dont j’avais déjà parlé, ce bijou est intéressant. Jean Renoir, fils de son père ET de sa mère, avait quitté la France (1940) pour Hollywood lorsqu’il réalisa ce film. On sent que la France lui manque. Je le comprends. Ce film possède la rare qualité d’être un mélange réussi des deux façons de faire du cinéma, celle de la Côte Ouest, avec une rigueur naïve (décors de la petite ville française sous l’occupation avec « baker » à la place de « boulanger ») et le clair obscur de cet âge d’or des directeurs de la photo qui, eux, avaient appris a jongler avec la lumière, à sculpter des centaines de nuances dans l’infinie richesse des films noir et blanc. Pas indispensable, mais très intéressant.



Quatre Garçons dans le Vent
Richard Lester _ Miramax / BAC Wild Side Vidéo

Dès que j’ai su que ce film était sorti en DVD, j’ai foncé chez mon fournisseur habituel. Ne le trouvant pas, j’ai demandé à une jeune fille portant la blouse bleue des vendeurs si elle avait vu « A Hard Day’s Night » en DVD. « Euh, non, on l’a pas ». J’insistai : c’est un film avec les Beatles. « Ah, y’a un nouveau des Beatles, mais c’est Quatre garçons dans le Vent. » Je réprimai un sourire tendre pour cette petite qui n’était même pas encore un éclair de désir dans l’oeil de son père alors que Lennon était déjà assassiné ! J’évitais alors soigneusement les miroirs du magasin pour essayer d’oublier mon âge et retrouver la joie de mon adolescence.
Elle était intacte à regarder ce film fou et simple, un showcase de l’humour contagieux des quatre gamins qui changèrent la musique et plus, un régal. Éclat de rire en écoutant Lester, 40 ans après (c’est l’époque des commémorations, back to 1963!) qui raconte une visite dans une université nordique, Helsinki lui semble-t-il, où les étudiants en cinéma lui demandent comment le mouvement de la caméra a été préparé dans telle scène. Lester a la générosité d’inventer une histoire qui rendrait crédible l’hypothèse d’un mouvement étudié, pour ne pas vexer l’étudiant en lui révélant que l’opérateur n’avait plus de batterie et a dû filmer en accéléré pour économiser son énergie ! Délicieux, vivement la sortie de « Help ». Je crois que la vendeuse de Gibert, cette fois, saura que ça ne s’est jamais appelé « Au Secours » !



Les ailes de la nature
Jacques Perrin _ Montparnasse Vidéo

Qui n’a pas aimé Microcosmos ou Le Peuple Migrateur ? Les techniques et matériels modernes autorisent, à condition de savoir s’en servir, des images qui étaient impossibles autrefois. C’est la photographie qui a appris à Delacroix, qui savait pourtant dessiner et peindre des chevaux, que jamais les quatre sabots ne quittaient le sol en même temps. Ici c’est pareil, les oiseaux en très gros plans, des vols magnifiques, on rêve et c’est bon.
Le Grand Siècle Français / Autour de 1800 / Après l’Impressionnisme Collection « Palettes », Arte Vidéo, RMN et Montparnasse Vidéo Imaginant le sourire condescendant de mes éminents collègues de la rédaction qui connaissent eux, l’art contemporain et donc sont supposés connaître tout de l’art qui permit à l’art contemporain d’exister, et ignorant cet amical sourire, je revendique haut et fort ma plus faible culture picturale pour apprécier, avec bonheur, ces DVD documentaires. Trois peintres sont « traités » dans chacun, respectivement La Tour, Le Lorrain et Poussin, Géricault, David et Goya et Vuillard, Seurat et Toulouse-Lautrec (match nul).

Parfaitement formatés à 90 minutes chacun, une demi-heure par peintre, ces DVD se visionnent avec plaisir et intérêt. Je suis certain que chacun y découvre des éléments inconnus, y fait des découvertes. J’en ai fait de nombreuses. Ce n’est pas austère, mais sérieux, ce quiest différent et bienvenu.
Mieux que la cassette VHS, le DVD se prête particulièrement bien au didactisme et en particulier dans le domaine de l’image, ici du tableau. La qualité de filmage des pièces est remarquable, on « entre dans la peinture », on devine les coups de pinceau et la façon dont ils ont été créés. Les commentaires sont à la fois simples et érudits. La demi-heure par artiste enrichira, je l’ai testé, même un enfant de sept ans !
Montparnasse Vidéo possède, dans son catalogue, de nombreux et intéressants documentaires sur lesquels je me promets, un de ces jours, de faire un article.

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Guillaume Boisdehoux
mis en ligne le 16/11/2003
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