Frida,
film de Juliet Taymor _ DVD Miramax TF1 Vidéo
On ne peut pas tout savoir, même si on en crève denvie ! Je ne connaissais pas ce film, jai reçu lexcellent « teaser » presse, et jai eu envie de le voir. Jai reçu le film, le DVD du bonus, un CD de la bande originale et la biographie de Hayden Herrera (Le Livre de Poche 14573). Le meilleur dossier de presse que je connaisse à ce jour.
Résultat : jai regardé deux fois le film, autant les bonus, le disque est sur la stéréo pendant que jécris ces lignes et le livre est avec les quelques livres de chevet qui ne me quittent pas. Et pourtant, je préfère la musique brésilienne à la mexicaine, la photographie à la peinture, et je navais pas aimé le film TITUS, de la même réalisatrice, Julie Taymor.
Pour ceux qui, avec moi, ne connaissent pas tout, Frida Kahlo fut la femme (une des femmes mais la plus importante) de Diego Rivera, cet immense peintre mexicain de la première moitié du XX e siècle. Elle fut aussi une artiste peintre dont loeuvre, aujourdhui, est considérée comme très importante alors quelle neût de son vivant quune exposition importante dans son pays, peu de temps avant de mourir. Elle fut aussi une personne dune liberté totale, aimant hommes et femmes, parvenant à exister en tant que personne, femme et peintre aux côtés dun monstre tel que Rivera, rare à lépoque, politiquement engagée sans jamais le laisser avoir, un sacré personnage.
Le film est « gravé » en moi. Lactrice principale, Salma Hayek, qui a eu la très bonne idée de co-produire le film, est troublante de ressemblance avec la vraie Frida Kahlo. Sa beauté est extraordinaire, son jeu remarquable, même si les raccourcis nécessaires à la réalisation dun film qui retrace une vie font paraître peu vraisemblable le rétablissement de lhéroïne après des mois dimmobilisation dans le plâtre. Mais cest du cinéma, et cest ce qui est beau. Alfred Molina devient Diego Rivera, et Ashley Judd est Tina Modotti, la merveilleuse photographe italienne dont le destin est proche de celui de Frida, son amant étant limmense Weston. Ils vivaient tous alors à Mexico, et lambiance, à la fois politique et révolutionnaire de cette ville à lépoque est si riche ! On pense à la France de ces années, où Frida fait dailleurs un séjour, avec les surréalistes, Picasso, qui admirait Rivera, à la présence dun idéal qui, sil allait décevoir, était néanmoins le moteur dune création inouïe. On est loin de linspiration Poitou Charente et du sexagénaire bêlant avec sa guitare électrique, pas branchée heureusement, il ne sait pas en jouer !
Quand on voit ce Mexique et ce quil est devenu, une sorte dimmense banlieue de son tout puissant et prédateur voisin du Nord, un bidonville dont le parti principal sappelle Parti Révolutionnaire Institutionnel (tout un programme), qui exporte quelques millions de travailleurs saisonniers par an dans les USA, pour les rapatrier ensuite et les faire travailler dans les usines des ces mêmes USA juste au sud du mur de la honte élevé par Clinton et agrandi par Bush !
Jai en mémoire une conversation avec un ami au Brésil qui me disait : « la malédiction de lAmérique Latine cest les USA». Rien de plus vrai, rien de plus cruellement rappelé par ce film : là où les USA passent, la culture trépasse. Il ne reste rien de ce Mexique, les burgers et sodas brunâtres ont gagné. Comme lorsquils ont réduit à létat de folklore commercialement rentable les avatars de culture ramenés par leurs immigrants, ils ont tué ce qui aurait pu être le fertile métissage de réels talents Nord Américains avec des Latinos, comme on les appelle. Pensons à Weston et à son séjour au Mexique.
Connaissant Weston, jai retrouvé dans le film les visages des grands artistes de lépoque de ce bouillant Mexique : Jose Clemente Orozco, Victoria Marin, Guadalupe (Lupe) de Rivera, Diego de Rivera bien entendu devant une de ses fresques, et Tina Modotti, aimée, amante, modèle et inspiratrice de Weston. Si Weston na pas photographié Trotski, cest quil la manqué de peu. Mais Frida ne la pas manqué. Elle la hébergé, alors que son amour pour Diego traversait une de ces crises « à la Mexicaine » et la aimé, ce vieux Léon, assez pour le laisser partir vers un autre refuge quand Mme Trotski sest aperçu de la chose.
Et il y a le formidable, linoubliable combat de Frida contre la douleur. Son bus est écrasé par un tramway, elle est laissée pour presque morte. Entièrement bloquée dans un plâtre, elle peint, puis elle se relève, en boitant et va contraindre le déjà immense Rivera à descendre de son échafaudage pour quil voie ses toiles, en lui criant : « Panzon », un équivalent de « le gros »
Quel culot, quelle bonne femme, quelle artiste et quel film !
Les bonus sont bons, fouillés et riches, quon en juge : trois heures, dont un documentaire de 52 minutes sur la « vraie » Frida Kahlo, un entretien de 35 minutes avec Salma Hayek, la « fausse » Frida, qui devient, bien entendu, la vraie. Et cette musique, elle vous entre dans la peau pour ne plus en sortir, ensorcelante, rappelant les images si belles. Lopérateur, dans son entretien, souhaite quon ne fasse pas attention à la photo du film ! Désolé, cette photo est si belle que les « oh ! » fusent, cest inévitable. Il y a ce mélange de peinture traditionnelle, avec les couleurs du Mexique, inimitables, le noir et blanc des photos de New York qui remplace avantageusement un tournage sur place, hors budget, lévocation chamarrée du Paris des années 30 et de la sculpturale Joséphine Baker quaime Frida, des effets spéciaux très beaux qui donnent au spectateur la vision de la mort frôlée par Frida à lhôpital, lexcellence du cadrage qui mêle peinture et cinéma.
La Panthère Rose
Coffret 5 films, Blake Edwards _ MGM Home Vidéo
En fouinant chez mon fournisseur habituel de livres, disques et DVD, pas celui que possède un milliardaire mégalomane, à la recherche dune sortie de Mel Brooks, par exemple, je tombe sur le coffret de La Panthère Rose (The Pink Panther), du cher Blake Edwards avec linoubliable Peter Sellers. Sans même regarder le prix, je me précipitai vers la caisse, riant déjà. Avec ces films, que javais découverts alors que je vivais à New York, parce quen France ils ne furent pas un grand succès, me sont revenus quelques-uns des plus grands fous rires de ma vie.
Jaurais donné beaucoup plus pour ne voir quune ou deux scènes, dont celle où le Chief Inspector Clouzeau, voulant écraser une mouche qui survole un magnifique piano, détruit complètement celui-ci, ce qui vaut léchange suivant (je traduis, cest moins bon quen V.O. bien sûr !) : « Mais cest un magnifique Steinway ! » « Cétait ! » (But its a beautiful Steinway ! - Not anymore!) ». Le comique de Edwards et Sellers est inimitable, unique. Est-il universel ? Tous ceux qui y sont sensibles éclatent de rire dès le premier mot de la première réplique échangée. Je ne serais pas étonné quil existe des clubs de fans, avec des sites Horror Picture Show, déguisés comme les acteurs, doublant ceux-ci devant lécran, apportant les costumes du film, les jets deau et le riz à lancer ! Le coffret est très beau, les bonus très intéressants, il manque, mais il est là, avec nous pour toujours, le cher, très cher ($ + £) ai-je cru comprendre, Peter Sellers.
P.S. : dans le souci, toujours rappelé avec grande fermeté à léquipe de Verso Arts et Lettres par son directeur de la rédaction aux légendaires conférences de rédaction matutinales lors desquelles nous devons rester debout, et sur un seul pied, le gauche, de noffrir que des informations vérifiées, afin de ne pas devoir rédiger des errata qui nécessiteraient le doublement de la périodicité de notre revue, je suis allé sur internet et ai tapé, avec le moteur de recherche Google, les mots « Pink Panther ». Il y a bien des fan clubs des films, des dessins animés de la bestiole dérivée du générique et de Peter Sellers, présenté comme le plus grand acteur comique de tous les temps, of course.
As the crow flies
Bô Gaultier de Kermoal _ Documentaire Bleu-Claire Productions
Appeler ce film un documentaire est presque un abus de langage. Jai assisté à son unique projection parisienne, à lHarlequin, il y a quelques mois et le DVD est paru, en supplément du très beau magazine Western. La diffusion en presse du DVD permet au film dêtre vu par plus de personnes que quelques privilégiés. Cest là une des vocations de ce support.
Quant au film lui-même, de quoi sagit-il ? Vous savez peut-être quil existe un parc dabrutissement à lEst de Paris, portant le nom dun défunt créateur de dessins animés débilitants, par ailleurs chasseur de sorcières, ami dun sénateur chef de bande fascisante, agent du FBI et de la CIA, et allié dun des Présidents les plus pourris que les USA ont connu, Nixon. Dans ce parc à la vocation « déculturante » affichée, les spectacles sont nombreux et tous réalisés avec ce fameux professionnalisme de lentertainment-business et dont la devise est : « plus cest nul, mieux cest fait ». Dans ces spectacles, il y a une vraie fausse attaque de diligence par les Indiens, qui ayant laudace dhabiter sur place depuis des milliers dannées et de déranger les élites démocratiques (tendance Colt et / ou Winchester) qui débarquèrent au XVIII e siècle, furent prompte-
trer à des gosses suralimentés et en voie dobésité, si ce nest déjà fait, des VRAIS Indiens qui attaquent la diligence. « Quà cela ne tienne, Steve » (comme ils ne disent pas là-bas) ! Allons chercher des vrais Indiens, vivant entre la drogue et lalcool dans des réserves (nom poétique pour camp ou zoo à humains) dans les fameuses « immenses - étendues - désertiques - dont - la - beauté - coupe - le - souffle - surtout - si - cest - en - couleurs - comme - du - kodachrome - tu - vois - ce - que - je - veux - dire - coco ». Après un casting digne de Hollywood, on va en envoyer deux « travailler » à Paris. Bon, pas exactement Paris, cest un ancien champ de betteraves assez loin dans lEst de Paris. Et rien ny rappelle quon est en France, même pas le VRAI château de la Belle au Bois Dormant qui, pas en carton lui, est en train de sécrouler à une vingtaine de kilomètres.
Ce film est lhistoire de ces deux pauvres gars, qui abandonnent tout, dont femme et enfants pour lun, pour faire le con sur un cheval dans un minable sous-cirque en plastique, pour un salaire de misère, sans protection sociale, mais cest mieux que les subventions des réserves. À la projection, ils y étaient, les Indiens. Présent aussi était le « blanc » du parc dabrutissement. Armé de toutes ses fausses dents blanches de manager propret, débile et sûr de son employeur, à défaut de lêtre de lui-même, il cherchait à serrer autant de mains que possible, comme lautre du VIII e arrondis-
sement qui nous offre le film « La Fracture Sociale II, le Retour », scénarisé cette fois par le Baron de Mes Deffes, en guise de politique. Je me détournai quand il vint vers moi, TRÈS ostensiblement. Jeus une petite discussion avec un des Indiens, celui qui était rentré aux USA. Il nen pouvait plus de ce parc, de sa pourriture, de sa bonne conscience, il était écoeuré et voulait rentrer dans sa réserve. « Cest la merde, mais la mienne », me dit-il. Je le comprends.
Jai félicité Bô pour la qualité du film, et surtout pour avoir fait croire à ces abrutis du parc que le film les mettait en valeur ! Retourner la force de lautre contre lui ! Bravo. Je ne suis pas mécontent de navoir pas cité une seule fois le nom du parc en question.
Les coffrets Collector.
Comme dautres « moyens de transmission de la culture », le DVD a sacrifié à la mode du « collector », la même galette de vent un disque de bonus séparé, un livret. Ces « collectors » sont quelquefois numérotés.
La Chevauchée Fantastique (Stagecoach) - John Ford
La Charge Héroïque (She Wore a Yellow Ribbon) - John Ford
Le Mouchard - John Ford
Top Hat - Fred Astaire / Ginger Rogers
La Féline / Vaudou / Lhomme Léopard
Citizen Kane - Orson Welles
Le Seigneur des Amberson - Orson Welles
La Captive aux Yeux Clairs - Howard Hawks
LImpossible Monsieur Bébé - Howard Hawks
Soupçons - Alfred Hitchcock
Nous avons gagné ce soir - Robert Wise
Montparnasse Vidéo (RKO)
(Édition Collector)
Dans le cas des films ci-dessus, tous publiés par Montparnasse Vidéo qui poursuit son travail de garde patrimonial, le coffret est presque un indispensable et humble hommage offert par léditeur au réalisateur de ces films mythiques ! On ne balance pas deux John Ford avec John Wayne dans des pochettes en plastique. On y met un beau livret, qui donne de très bons renseignements sur le film, le réalisateur, les acteurs, cest bien fait.
Faut-il « critiquer » ces films ? non. Ce sont des classiques de haut niveau, représentant un cinéma. Les temps changent, cest bien, mais ce qui semble éternel est le regard fasciné dun enfant qui découvre le Western avec John Wayne! Avais-je le même regard au même âge? Probablement. Et peu importe si ces films ne font qualler dans le sens dune révision historique, ils nous ont fait rêver, et ils feront peut-être, il faut le souhaiter, rêver les enfants daujourdhui, sils ont la chance déchapper un instant à Harry Potter, Pokemon ou autre connerie du genre quelques instants ! John Wayne, cest « moins pire » que Digimon.
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