Seul l’artiste Liu Xiao Dong évoque dans son travail les rapport ville/campagne que ce soit à travers ses toiles ou dans les carnets de voyage qui les accompagnent. Originaire d’un village de la province du Liaoning, il revient sur les lieux trente ans après et fige la transformation de son village natal. Ce qu’il nous présente, ses portraits à l’huile sur toile, s’apparente à ce courant que l’on nomme « la photographie vernaculaire » ; dans la forme, comme dans la démarche. Documenter le quotidien de ses amis ouvriers et paysans dans un espace dont il a noté les profondes transformations, sociales, urbaines, écologiques. Liu Xiaodong peint, de surcroit, sur le motif. L’artiste capte l’air du temps dans sa province natale et nous donne à voir les mutations sociales et économiques internes. Il semblerait qu’il fasse aussi le portrait de la vacuité. Le vide laissé par les grands mouvements de population des paysans, et aussi, après l’abandon des traditions au profit de la modernité, le vide de sens.

Se demandait Paul Virilio, en même temps qu’il questionnait l’identité au regard de la mondialisation. La Fondation Cartier présentait les réflexions du philosophe dans l’exposition « Terre natale, Ailleurs commence ici », en 2009. On ne peut pas faire l’impasse sur une courte comparaison entre les deux expositions, celle de la Fondation Cartier « Terre natale », et celle de la Fondation Louis Vuitton « Bentu ». Car si le concept d’enracinement est bien commun aux deux présentations, seule l’exposition de 2009 traitait de celui de déracinement et d’exil. En 2016, pour « Bentu » exposée à la Fondation Louis Vuitton, les problèmes migratoires sont absents de la réflexion.

L'artiste Hu Xiangqian performe un discours « Speech at the Edge of the World », devant une assemblée d'élèves alignés en rang, dans son ancien lycée. Venant d'une ville qu'il situe comme étant un « coin de terre au bout du monde », à l'extrême sud de la province du Guangdong, il s'adresse aux élèves comme un coach pour les motiver, suivant les méthodes en management du monde des affaires. Ce qui est étonnant, ce n’est pas la performance en elle-même, c’est la manière dont l’artiste utilise à la fois les masses – ici les masses lycéennes – et le management pour délivrer son message. Comme s’il tirait ses outils du communisme et du capitalisme tout à la fois.(...)