Myriam Dao
Dans son interview filmée, l’artiste nous met en garde contre une interprétation de son œuvre par le biais de ses origines, cependant, on peut supposer qu'il ait vécu une jeunesse chinoise sous influence, et dévoré les liánhuánhuà, petits albums édités par la Maison d’édition des Beaux-arts du peuple de Shanghai.

Ces albums miniatures[6], conçus pour tenir dans la paume de la main, étaient des media de propagande redoutablement efficaces auxquels contribuaient les meilleurs artistes. La figure de Napoléon (Napolun), extrêmement populaire dans l’imaginaire chinois, est tellement mythique que toute une génération de Chinois connaît sa vie dans les moindres détails.

L’album miniature Napolun met ainsi en images la vie de Napoléon Bonaparte, sa naissance, son mariage, ses campagnes et ses faits glorieux. Il y est représenté presque à chaque page couvert du fameux bicorne à cocarde. Celui-là même que Huang Yong Ping a fait agrandir en 12 mètres de long. Ce qui expliquerait mieux pourquoi il a choisi de représenter Napoléon à travers le bicorne dans son installation. Dans l’imaginaire français, c’est plutôt le Sacre de Napoléon par David qui frappe les esprits. C’est d’ailleurs ce tableau qui figure dans les programmes scolaires d’histoire des arts.

Régine Cuzin
Pour ma part, la figure de Napoléon Bonaparte résonne avec une œuvre de l’artiste béninois Georges Adéagbo, invité pour la première fois à présenter son travail dans l’exposition, « La Route de l’art sur la Route de l’esclave » en 1994. J’avais sélectionné cet artiste après avoir vu dans sa cour à Cotonou, une installation intitulée Napoléon. Sur un piquet fiché dans la terre, Adéagbo avait accroché en suspension une veste militaire élimée avec plusieurs vieux képis alignés devant… une image qui témoignait d’un fait historique relaté dans l’exposition, et qui met à mal la figure mythique de Napoléon dans toute sa superbe. (...)