J’ai commencé à parcourir un territoire le bassin méditerranéen, sud de la France, Espagne, très peu le Maghreb mais jusqu’à l’Italie, l’Egypte.
J’ai exploré les lieux de la couleur ( Tableaux, Temples Eglises), des Étrusques jusqu’ à Giotto. Partant de là, j’ai développé non seulement un projet mais aussi une méthode. Il y a un conservatoire des couleurs à l’échelle européenne sur plus de mille ans. Et l’idée c’était de le remettre en jeu. C’était l’invention des couleurs comme on pourrait dire, l’invention de la croix, une redécouverte.
J’ai fait des enquêtes sur le terrain, j’allais voir des conservateurs, des archéologues…
Mon idée c’était que pour arriver à inventer une fiction à partir de ces histoires de couleurs, il fallait que je sache exactement ce qu’il en était scientifiquement. Donc des enquêtes très approfondies et après une très grande liberté.
Il a fallu trouver comment donner forme à ces couleurs. Les titres portaient sur le nom de mes sources. J’ai donc travaillé sur « les sept dormants d’Éphèse ». C’est le seul cas de dormition de l’histoire chrétienne en dehors de la dormition de la vierge. Cela a donné 18 triptyques de trois mètres par deux.
De Pompéi, j’ai extrait une palette couleur par la recherche sur site. D’autres fois c’était le contraire, l’histoire me portait et je cherchais des lieux de la couleur où je trouvais des éléments à évoquer. Très libre, poétiquement évoqué.
J’ai travaillé également sur les miniatures Mozarabes. L’histoire de la chrétienté sous le joug du monde arabe qui avait envahi toute l’Espagne.
Sur la ligne des Pyrénées il y avait quelques bastions chrétiens résistants à l’islam et le texte de l’apocalypse était devenu le texte fondateur. Ils ont développé tout un travail de livres et d’enluminures qui étaient signés contrairement à l’anonymat qui caractérisait les œuvres de cette époque.
Le lieu de la couleur qui m’a servi de point de départ est un livre enluminé par un certain Facondus au 11eme siècle. Tout en suivant les contraintes du programme iconographique lié au texte de l’apocalypse, il y avait dans ces enluminures des inventions picturales qui étaient du Matisse.
Il y a une dizaine d’années avec mon exposition « Le bruit du rouge », évocation du Cinabre de la fresque de la Villa des Mystères à Pompéi, j’ai décidé que j’avais fini ce parcours. Je n’avais pas envie d’inventer artificiellement des prétextes historiques et géographiques pour en faire d’autres cycles.
Je m’intéresse maintenant à la recherche fondamentale et je travaille plutôt sur les questions théoriques des systèmes couleurs. Sur toutes ces logiques qui ont été mises au point à travers l’histoire pour organiser, répertorier, hiérarchiser les couleurs. Je mets en forme des logiques colorées qui sont issues de systèmes inscrits dans l’histoire. |