FLUX D’ÉNERGIE SUR LE VERRE :
Duchamp a décrit le « Verre » comme une « série de variations sur la loi de la gravité » [Duchamp 1980, n.104]. Dans le royaume supérieur de l’Ether de l’antigravité, la mariée est suspendue en apesanteur. Son appareil transcende l’attraction gravitationnelle. Dans la partie inférieure, en revanche, les célibataires sont toujours soumis aux effets de la gravité. Diverses chutes ou collisions dominent le fonctionnement de leur appareil. La jeune mariée a un « centre de vie » [Duchamp 1973, p.45] avec une énergie interne. Les célibataires « vivent sur le charbon ou d'autres matières premières représentées [...] non par elles-mêmes mais à partir d’elles-mêmes » [Duchamp 1973, p.45]. Une telle juxtaposition bipolaire est mieux illustré par le tableau d’énergie sur le « Verre » ➈ qui représente le rêve de la jeune mariée des célibataires comme un modèle de « spirale d’or » et le désir des célibataires pour la mariée comme un modèle « de boustrophédon ». D’une part, la spirale d'or est un modèle géométrique logarithmique dont le facteur de croissance est φ, le nombre d’or. C’est-à-dire que la spirale d’or devient plus large d’un facteur φ pour chaque quart de tour qu’elle fait, avant de disparaître après quelques tours, aussi observable dans autant de formes naturelles de tailles différentes que les bras d’une galaxie, ou que la coquille d'un nautile. D’autre part, le modèle de boustrophédon se rapporte à la façon d'écrire qui alterne d’une ligne à l’autre les directions, de gauche à droite puis de droite à gauche. La traduction littérale en Grec en est le demi-tour (« strophe ») du bœuf (« bous »). Le motif du boustrophédon se réfère aux allées et venues du fermier labourant sa terre avec son bœuf, se rattachant ainsi à l’ « instrument agricole » mentionné dans la « Note 78 » de Duchamp. Dans cette optique, le rêve de la jeune mariée est doux et son destin de tomber en disgrâce tragique, alors que la volonté des Célibataires est cahotante et leur maladresse produit un effet comique qui les sauve de l'extinction.
ARCHES & FLUX HÉLICOÏDAL :
L’introduction du modèle de boustrophédon dans le visuel du « domaine des célibataires de Duchamp sur la Nuit du Pavillon de Palmer » ➉ crée un effet qui finit par renvoyer au modèle en arches dans la photographie originale – la baie vitrée supérieure sur la façade du pavillon, ses tours surmontées d’un dôme aux extrémités, et la voûte qui se répand devant lui. Le flux hélicoidal du désir des célibataires est en cohérence avec « l’éclairage décoratif du [...] Pavillon de la jetée à Herne bay - guirlandes de lumières sur un fond noir », ce que décrit Duchamp dans la « Note 78 ».
AUTRES INFLUENCES :
Le problème est que l’influence du « Grand Pavillon Illuminé » sur le « Verre » ne se trouve que dans le texte de « Note 78 ». Cependant, en utilisant la technologie moderne, leur interdépendance a été analysée par traitement numérique. Il est possible que Herne Bay ait exercé d’autres influences sur Duchamp. L’hypothèse de Jeremy Millar que la rare colonie de guêpes fouisseuses, trouvée à-peu-près à un mile de là le long de cette côte, soit particulièrement active pendant le mois d’Août, pourrait fournir une explication plausible de la décision de Duchamp de créer la note de « La guêpe, ou le Cylindre Sexe », également en 1913.
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