New York, 30 novembre 1986
Dear Mrs Cunard,
Merci pour votre franchise.
Merci de reconnaître la sincérité de mon propos sur la sexualité d’une certaine jeunesse américaine, et plus particulièrement new-yorkaise. «J’essaie d’enregistrer le moment dans lequel je vis j’essaie de capter cette folie et d’y mettre un peu d’ordre. Ces images n’auraient pas pu être faites à une autre époque.(…) En fait je suis obsédé par la beauté. Je veux que tout soit parfait.» (*)
Mon attirance pour le corps des hommes est vraie. Magnifierle corps noir c'est lui rendre hommage, lui donner une place. Cette esthétique à laquelle je suis sensible, je la ressens devant des corps de femmes aimées ou admirées, dont j’ai voulu saisir la beauté dans «Female Torso» en 1978, et les portraits de Lisa Lyon. Les fleurs aussi, me plaisent. Quand j’en photographie une «Je m’immerge complètement dans cette fleur. J’adore mes photos de fleurs. Je les préfère même aux fleurs réelles.» (*)
Oui, il s’agit bien de la même chose : «Quand j’aiexposé mes photographies, j’ai essayé de juxtaposer une fleur, puis une photo de bite, puis un portrait, de façon qu’on puisse voir qu’il s’agit de la même chose». (*)Jean Genet offrait, dans «Journal du voleur» (1), ce sexe que je présente dans «Mark Stevens» en 1976, sacrificiel, comme sur un billot. Aujourd’hui, la photographie m’est apparue comme le moyen d’expression qui me convenait le mieux, mais «si j’étais né il y a cent ou deux cents ans, j’aurais sans doute été sculpteur» (*)
Je ne suis pas un militant. Je suis comme certains anarchistes. Je ne me sens pas d’affinité avec la société dans laquelle je vis et mon mode de vie va à l’encontre des valeurs admises. Mon art se nourrit de ce que je suis. «Je préfère participer à une fête plutôt que la consigner.» (*)
Bien à vous
Robert
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