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Je suis la vérité aveugle.
L’écho des tourments divins.
L’humble serviteur à l’ingrate destinée.
Ombre de Dieu et de l’humanité.
Le sacrifié de l’histoire et le sauveur du messie.
Où est ma terre promise ?
Traître que je croyais être et trahi que je suis !
Rien ne m’attend, ni la gloire, ni l’oubli, juste
l’exil éternel.
Frère, frère, pourquoi m’avoir abandonné ? Moi,
qui était ton disciple préféré. Tant de chemins
avons-nous parcourus ensemble. Pour toi, j’ai porté le manteau
de l’abomination comme tu me l’as demandé. Dans le jardin
de cette nuit du destin, nous nous sommes embrassés et quitter dans
un unique adieu. Et c’est là, tout ce qu’il me reste maintenant… juste
le néant… pour tombe.
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Si les hommes savaient…
- Le secret qui s’ouvre en moi tel un abîme. La solitude de la
question, A-t-il approché Dieu? Est-il revenu comme il l’avait
promis? Nul ne pourra me le dire… Je suis condamné à la
disparition, au silence, moi, l’homme aux deux profils, ayant fuis
la lumière pour la révéler.
Tandis
que Judas se parlait à lui-même…, des milliers de points
culminants, mobiles, érectiles surgissaient tels des canons de fusils
braqués sur une cible invisible, des lignes…blanches comme
des faisceaux lumineux, fuyant dans le crépuscule un ennemi sans
nom. Puis des couleurs, vibratiles, habillant les formes indistinctes d’un
vêtement surnaturel et auratique. Enfin un rythme… comme une
pulsation, une mesure infatigable scandant l’espace et emportant
avec elle dans un mouvement créateur et fusionnel, les points, les
lignes et les couleurs.
Ce qui n’était d’abord, au côté de
Judas, qu’un désert d’errance et d’abandon se
transformait en une masse humaine aveugle avançant telle une armée
sans gloire dans les entrailles de la ville. Tous, s’agitaient
dans ce grand intestin gris et se déversaient par des milliers
d’orifices comme des rats quittant un navire en perdition. La faïence
aux couleurs hépatiques captait le reflet de leur fuite. Ils passaient
et repassaient, piétinaient, s’arrêtaient, tombaient à côté de
Judas sans le voir, clapotis infatigable d’une pluie de chaussures
s’échouant sur un fleuve de bitume. Ils étaient là… malheureux,
curieux, amants, touristes, criminels, hommes d’affaires, violeurs,
se mélangeant dans une bouillie anonyme et grotesque.