quand l'art renoue avec la littérature
J. B. : Vous prenez un risque assez grand en passant ces commandes, n’est-ce pas ?
G.-G. L. : C’est vrai. Il y eut des différends ou des déceptions. Des artistes que j’avais invités en 2002 ne l’ont plus été par la suite. Parce que leurs ouvres n’étaient pas à la hauteur ou hors sujet ou parce qu’ils ne respectaient les règles du jeu d’une exposition collectives. Mais j’ai aussi introduit de nouveaux artistes au fur à fur de l’histoire de l’exposition. Pour la dernière exposition de Kafka, n’ayant pu, faute de moyen, faire venir des travaux de province ou de l’étranger (comme ceux de Daniel Dezeuze, de Vladimir Skoda, par exemple), j’ai eu le plaisir d’introduire de nouveaux créateurs comme Esther Segal, Didier Tolla ou Franck Delorieux. D’autres ont décidé de présenter des ?uvres nouvelles (Luce Delhove, Laurie Karp, Solange Galazzo, Santiago Arranz). Denise et Claude Jeanmart ont montré de nouvelles vidéos. D’autres encore ont mis accent sur un aspect particulier de leur travail (Anne Gorouben, Catherine Lopès-Curval). Ce qui me plaît en fait dans ce genre d’aventure, c’est que je ne monte jamais une exposition toute faite. Elle se renouvelle sans cesse. Parfois, il est vrai, il y a des quiproquos ou des brouilles avec certains des artistes qui ne comprennent pas l’importance de ces monstrations collectives. C’est une erreur de leur part car c’est un moyen d’être connus par des personnes qui n’iraient jamais voir leur travail ou qui ne connaissent pas même leur nom.
J. B. : Avez-vous d’autres projets de ce genre ?
G.-G. L. : Oui, c’est indubitable ! Je dois l’avouer, c’est devenu une maladie. Je voudrais développer ce que j’ai commencé à faire avec l’exposition du Noir absolu, qui a débuté au musée Jose Luis Cuevas à Mexico grâce à Marc Sagaert et s’est poursuivi à la Villa Tamaris (La Seyne-sur-Mer) au Centre d’Art Contemporain Raymond Farbos (Mont-de-Marsan) et enfin au Centre d’Art Contemporain Eugène Beaudoin d’Antony : j’avais dédié une section au livre de mon épouse Patrizia Runfola, qui a écrit une fiction superbe intitulée Leçons de ténèbres (Editions de la Différence, 2002, avec une préface de Claudio Magris). J’entends maintenant présenter une exposition sur ce livre à l’église Saint-Etienne de Beaugency en novembre de cette année et, là aussi, avec de nouvelles propositions plastiques.
Jeanne Berger s’entretient avec Gérard-Georges Lemaire en mai 2010
Franz
Kafka : devant la Loi,
Espace Eugène Beaudouin,
Antony,
jusqu’au 4 juillet.
Karel Capek,
Théâtre Graslin à Nantes
jusqu’au
6 juin,
Théâtre Le Quai à Angers
du 13 au 15 juin.