par Robert Bonaccorsi
Paradoxe de la rétrospective, de ce regard qui prend en compte la durée, qui se veut global, en un mot réflexif. Un regard qui doit mettre en perspective un cheminement artistique de plus de trente années tout en s’affirmant dans la mise à distance et l’empathie. Avec en filigrane la conscience diffuse que la lecture proposée, d’apparence définitive, se découvrira très vite ponctuelle et éphémère. Une rétrospective se confronte au temps, donc à la simple chronologie.
Véronique Bigo expose dès 1974 au 25ème Salon de la Jeune Peinture (deux familiers de la Villa Tamaris participaient à la réunion, Bernard Morteyrol comme président et Ivan Messac pour la conception et la réalisation de l’affiche). Jean-Luc Chalumeau souligne ainsi avec justesse son appartenance à cette deuxième vague issue de la Figuration narrative qui se révèle à cette occasion. « Véronique Bigo m’apparaît comme une représentante intéressante de cette nouvelle génération, dans la mesure où elle utilise l’image pour inscrire la peinture dans
Le travail de Véronique Bigo est cela et autre chose. Cela, dans son rapport permanent et déterminant à l’histoire ; autre chose dans la mesure où son œuvre se présente comme une vaste accumulation de représentations d’objets et de références. L’antiquité, l’organique, les artistes, les corps, les parcours, les taches, les arts décoratifs, les ateliers... Une pratique de la dénotation et de la connotation qui trouve sa matière vive dans l’histoire, l’art, le quotidien. Un inventaire, un catalogue ? Peut-être, mais dans la ligne de l’intuition de Sade qui percevait la transition vers la modernité comme le lieu clos d’une réification généralisée et dûment répertoriée favorisant le commerce illimité des objets, des désirs et des âmes.
1. Jean-Luc Chalumeau, La Nouvelle Figuration, Editions Cercle d’Art, 2003, p. 110.