Une autre vidéaste, Sigalit Landau, invitée du pavillon israélien de la biennale (commissaire : Jean de Loisy), a été saluée par la presse, non sans raison.
Standing on a Watermelon in the Dead Sea en particulier, une vidéo de 2005, métaphore de l’incommunicabilité entre les peuples et les cultures, frappe par sa beauté et son efficacité. On pense bien sûr, devant ces jeunes gens traçant des frontières sur le sable qu’ils recommencent sans cesse sans jamais les franchir, au drame palestino-israélien. Ne contestons ni à Cyprien Gaillard ni à Sigalit Landau leur gloire de Venise, mais regrettons peut-être qu’une vidéaste douée d’un talent au moins équivalent, la britannique Mélanie Smith, établie au Mexique et à ce titre invitée par ce pays à la représenter, ait été complètement occultée à ce jour. Malheur à elle, qui n’a pas retenu l’attention de François Pinault. Malheur à elle, car le Mexique, faute de pavillon dans les Giardini, a dû louer un sombre « palais » (le Palazzo Rota Ivancich est en fait une maison plutôt délabrée) dans une ruelle obscure. Et pourtant sa vidéo, sur le thème des foules des stades manipulant des panneaux multicolores, qui dessinent des motifs et des slogans réversibles, est de premier ordre. Il ne s’agit pas des citoyens-robots de la Corée du Nord ou de la Chine faisant apparaître d’immenses portraits des leaders-bien-aimés, mais de jeunes mexicains joyeux et assez farceurs pour qui l’exercice est une occasion de défoulement collectif remarquablement saisi par la camera de l’artiste. Mélanie Smith (née en 1965) crée de superbes contrastes colorés tout en captant avec humour les rythmes festifs déclenchés par ces milliers d’adolescents laissés en liberté. On est loin du très sérieux Cyprien Gaillard et de l’austère Sigalit Landau, mais on n’en a pas moins ici un réel effet de beauté mêlé d’humour que bien peu de visiteurs de la biennale auront pu goûter (son exposition était déserte quand je m’y suis présenté, voici son site :
www.melaniesmith.net)