Dessin sans dessein au MUBA de Tourcoing
par Amélie Adamo
Dans un parcours labyrinthique qui réunit des œuvres très variées, l’exposition « Paysage mental » offre une vision particulièrement originale de la création graphique contemporaine. Des esquisses, des interprétations libres, des explorations formelles : ce sont autant de dessins sans dessein, traces d’une sensibilité hésitante et fragile mais toujours vivante, qui sont en effet confrontés ici. Sans chercher à répondre à une thématique ou à illustrer un concept préétabli, l’accrochage permet simplement, et librement, de donner à vivre des univers singuliers. Singularité que permet de cerner, pour chaque artiste, le rassemblement de petits groupes d’œuvres représentatifs de diverses perceptions du monde.
Grâce aux choix pertinents du commissaire, l’exposition sort un peu des sentiers battus habituellement tracés par la sphère institutionnelle.
Il est ainsi agréable de rencontrer l’œuvre d’artistes encore trop peu représentés sur les cimaises. L’autodidacte Mamadou Cissé (né en 1960), nous embarque dans une traversée émerveillée et poétique de la ville par ses visions détaillées, réalisées au stylo et crayon, de mégalopoles vues du ciel : suivant le tracé des immeubles, les artères des autoroutes et le flux des automobiles, l’œil se perd dans un espace saturé et vivant, sorte de corps kaléidoscopique magique et coloré. Les petits dessins sur papier, à l’encre et tempera, proposé par Tinus Vermeersch (né en 1976) sont autant étonnants. Inscrit dans un héritage flamand, de Bosch à Brueghel, Vermeersch crée un univers surréaliste et fantastique peuplé d’étranges figures et animaux. Dans ses œuvres, qui cultivent le goût de l’absurde et de la folie, l’ambiguïté de l’échelle et l’indéterminé de la narration, surgit un sentiment d’isolement et de malaise troublant.
C’est aussi avec joie et curiosité que l’on découvre, pour certains artistes, des pans d’œuvres originaux ou atypiques, parfois restés jusque là secrets.
« Paysage mental, le dessin sans dessein »,
MUBA de Tourcoing,
du 14 octobre 2011 au 30 janvier 2012.