Outils de travail |
Jardins, potagers et labyrinthes,
Lucia Imppelluso,
«Guide des Arts», Hazan |
Lucia Impelluso a condensé dans une petite encyclopédie jardinière tout ce qui concerne les plantes dans le monde artistique ancien. Elle sest intéressée tout autant à la représentation des jardins quaux jardins comme représentations. Les labyrinthes révèlent leurs secrets, tout comme les jardins de pierre, comme celui de Bomarzo (il y est question de celui de Bomarzo, et celui de Pratolino, mais hélas pas de celui de Kuks imaginé parle grand sculpteur Braun).Toutes les formes de jardin dans le temps y sont analysées, du jardin royal au jardin public, du jardin peint au jardin paysager. Tout ce qui peut y figurer est également examiné comme lart topaire, les fleurs et leur langage, les jeux de leau. Enfin louvrage se termine par une topologie allant du jardin de Jésus au jardin de Pétrarque. Ce travail est passionnant de bout en bout. |
LAge dor de lInde classique,
Amida Okada & Thierry Zéphir,
Découvertes, Gallimard |
Soumis à des influences multiples, métamorphosés par de grandes révolutions religieuses, les états composant lInde ancienne ont vu se développer des expressions artistiques dune richesse inouïe, parfois marqués par lart perse, parfois par lart grec avec lentreprise dAlexandre. Tout lintérêt de louvrage dAmida Okada et de Thierry Zéphir repose sur le fait quils ne se sont pas borné à constituer un catalogue formel sur le curseur de lhistoire. Ils abordent également la littérature et même le développement des sciences, en particulier des mathématiques. Cet ouvrage nous dévoile les merveilles de la sculpture gupta par lesquelles passe la culture indienne aux IVe et Ve siècles de notre ère. Cest une introduction très juste à une civilisation considérable à lépoque où naît une peinture murale (comme celles des grottes du site bouddhique dAjantà) qui est dune incroyable beauté. |
Le Design fait école,
Gilles de Bure, Découvertes,
Gallimard |
Gilles de Bure a écrit une très intéressante histoire de lEcole nationale supérieure de création industrielle. Celle-ci relate au fond une autre histoire : celle du monde de la production et des institutions face au design. Après les grands moments de création à lâge de lArt Nouveau puis pendant les Années Folles, la relation entre lindustrie et ceux qui pourraient donner aux objets manufacturés un aspect artistique. Cette école, qui voit finalement le jour en 1983, exprime aussi toutes les ambiguïtés qui sous-tendent ce genre de relation. Le créateur doit-il se soumettre aux impératifs de la production ou, au contraire, imposer sa vision ? Lauteur présente avec discernement le sens de cette manière nouvelle de concevoir lapprentissage de ces arts qui ne sont plus un artisanat de grande volée, ni même une pensée expérimentale, mais une réflexion sur le monde actuel qui exige une parfaite adéquation de la fonction et de lesthétique en fonction de critères très précis tant pour ce qui regarde léconomie que le goût du temps. Cest vraiment un outil pédagogique pour découvrir cet univers. |
LInvention des musées,
Roland Schaer, « Découvertes »,
RMN/Gallimard |
A vant que soit établie linstitution moderne du musée, les cabinets de curiosités rassemblaient des objets en tout genre. Mais lidée du musée remonte à lAntiquité classique. Et, cest que nous apprend Roland Schaer, les monastères et les églises du Moyen Age en ont tenu lieu. Cest la définition même du musée et sa spécialisation à partir de la fin du XVIIIe siècle qui ont permis de jeter les bases dune muséographie qui na cependant jamais cessé dévoluer. Cette étude est remarquable pour sa capacité de synthèse, sa faculté daborder toutes les facettes du problème. Elle constitue les prolégomènes à toute connaissance du musée de notre époque. |
N.d.T. |
Perdu le paradis,
Cees Nooteboom, tr. du néerlandais
par Philippe Noble, Actes Sud |
Perdu le Paradis : les personnages de Cees Nooteboom semblent parcourir le monde comme si ce nétait plus quun mince territoire quon peut atteindre rapidement en tous points. Cest dailleurs ce que nous vivons au quotidien. LAustralie nest plus un continent à découvrir. Mais il nen est pas moins vrai que ce continent recèle encore bien des mystères et quil peut transformer le cours dune vie. Cest bien ce qui arrive à lune des deux jeunes Brésiliennes venues passer un moment de loisir et qui se trouvent confrontées à une autre dimension, celle dun espace magique et impénétrable, et celui de lart des aborigènes. Lauteur se divertit à développer son récit à Innsbrück, à Adélaïde, ou à São Paulo,avec la perfide intention de dérouter le lecteur (au sens littéral), car lespace ne signifie plus un réelle mesure du temps. Cest un très beau roman. Rien que le premier chapitre mérite de figurer dans une anthologie, même si Nooteboom la écrit sur un ton mineur. |
Le Livre de lamour,
Paul Nizon, postface de Wends
Kässens, tr. par Diane Meur,
Actes Sud. |
Le Livre de lamour de Paul Nizon pose bien des questions. En premier lieu celle de la valeur intrinsèque des journaux littéraires écrits pendant la seconde moitié du XXe siècle. Dans celui de cet écrivain suisse alémanique qui a cherché refuge à Paris, rédigé entre 1973 et 1979, on tombe sur des passages qui ont été rédigés pour un lecteur futur. Il ne sagit donc pas dun journal intime, mais plutôt dune forme dautobiographie mise de côté pour lépoque future où lauteur serait plus connu. Le livre quon a entre les mains sonne donc faux. Nizon sinterroge longuement sur ses projets de livre et médite sur le modèle que vient de lui fournir Tom Wolfe. Ses réflexions sur ses romans en cours ne sont vraiment pas convaincantes. Cest laborieux et trop élaboré pour être crédible. Sans compter que cest scolaire en diable. Nizon est un élève appliqué qui veut faire croire quil fait partie des hommes de lettres qui comptent et qui fait tout pour entrer dans cette caste prestigieuse. A-t-il atteint ses fins ? A voir. |
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