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Chroniques des lettres
Chronique de l’An VII (3)
Chronique de l’An VII (3) par Gérard-Georges Lemaire
par Gérard-Georges Lemaire
Outils de travail
Jardins, potagers et labyrinthes,
Lucia Imppelluso,
«Guide des Arts», Hazan
Lucia Impelluso a condensé dans une petite encyclopédie jardinière tout ce qui concerne les plantes dans le monde artistique ancien. Elle s’est intéressée tout autant à la représentation des jardins qu’aux jardins comme représentations. Les labyrinthes révèlent leurs secrets, tout comme les jardins de pierre, comme celui de Bomarzo (il y est question de celui de Bomarzo, et celui de Pratolino, mais hélas pas de celui de Kuks imaginé parle grand sculpteur Braun).Toutes les formes de jardin dans le temps y sont analysées, du jardin royal au jardin public, du jardin peint au jardin paysager. Tout ce qui peut y figurer est également examiné comme l’art topaire, les fleurs et leur langage, les jeux de l’eau. Enfin l’ouvrage se termine par une topologie allant du jardin de Jésus au jardin de Pétrarque. Ce travail est passionnant de bout en bout.
L’Age d’or de l’Inde classique,
Amida Okada & Thierry Zéphir,
“Découvertes”, Gallimard


Soumis à des influences multiples, métamorphosés par de grandes révolutions religieuses, les états composant l’Inde ancienne ont vu se développer des expressions artistiques d’une richesse inouïe, parfois marqués par l’art perse, parfois par l’art grec avec l’entreprise d’Alexandre. Tout l’intérêt de l’ouvrage d’Amida Okada et de Thierry Zéphir repose sur le fait qu’ils ne se sont pas borné à constituer un catalogue formel sur le curseur de l’histoire. Ils abordent également la littérature et même le développement des sciences, en particulier des mathématiques. Cet ouvrage nous dévoile les merveilles de la sculpture gupta par lesquelles passe la culture indienne aux IVe et Ve siècles de notre ère. C’est une introduction très juste à une civilisation considérable à l’époque où naît une peinture murale (comme celles des grottes du site bouddhique d’Ajantà) qui est d’une incroyable beauté.
Le Design fait école,
Gilles de Bure, “Découvertes”,
Gallimard


Gilles de Bure a écrit une très intéressante histoire de l’Ecole nationale supérieure de création industrielle. Celle-ci relate au fond une autre histoire : celle du monde de la production et des institutions face au design. Après les grands moments de création à l’âge de l’Art Nouveau puis pendant les Années Folles, la relation entre l’industrie et ceux qui pourraient donner aux objets manufacturés un aspect artistique. Cette école, qui voit finalement le jour en 1983, exprime aussi toutes les ambiguïtés qui sous-tendent ce genre de relation. Le créateur doit-il se soumettre aux impératifs de la production ou, au contraire, imposer sa vision ? L’auteur présente avec discernement le sens de cette manière nouvelle de concevoir l’apprentissage de ces arts qui ne sont plus un artisanat de grande volée, ni même une pensée expérimentale, mais une réflexion sur le monde actuel qui exige une parfaite adéquation de la fonction et de l’esthétique en fonction de critères très précis tant pour ce qui regarde l’économie que le goût du temps. C’est vraiment un outil pédagogique pour découvrir cet univers.
L’Invention des musées,
Roland Schaer, « Découvertes »,
RMN/Gallimard


A vant que soit établie l’institution moderne du musée, les cabinets de curiosités rassemblaient des objets en tout genre. Mais l’idée du musée remonte à l’Antiquité classique. Et, c’est que nous apprend Roland Schaer, les monastères et les églises du Moyen Age en ont tenu lieu. C’est la définition même du musée et sa spécialisation à partir de la fin du XVIIIe siècle qui ont permis de jeter les bases d’une muséographie qui n’a cependant jamais cessé d’évoluer. Cette étude est remarquable pour sa capacité de synthèse, sa faculté d’aborder toutes les facettes du problème. Elle constitue les prolégomènes à toute connaissance du musée de notre époque.
N.d.T.
Perdu le paradis,
Cees Nooteboom, tr. du néerlandais
par Philippe Noble, Actes Sud
Perdu le Paradis : les personnages de Cees Nooteboom semblent parcourir le monde comme si ce n’était plus qu’un mince territoire qu’on peut atteindre rapidement en tous points. C’est d’ailleurs ce que nous vivons au quotidien. L’Australie n’est plus un continent à découvrir. Mais il n’en est pas moins vrai que ce continent recèle encore bien des mystères et qu’il peut transformer le cours d’une vie. C’est bien ce qui arrive à l’une des deux jeunes Brésiliennes venues passer un moment de loisir et qui se trouvent confrontées à une autre dimension, celle d’un espace magique et impénétrable, et celui de l’art des aborigènes. L’auteur se divertit à développer son récit à Innsbrück, à Adélaïde, ou à São Paulo,avec la perfide intention de dérouter le lecteur (au sens littéral), car l’espace ne signifie plus un réelle mesure du temps. C’est un très beau roman. Rien que le premier chapitre mérite de figurer dans une anthologie, même si Nooteboom l’a écrit sur un ton mineur.
Le Livre de l’amour,
Paul Nizon, postface de Wends
Kässens, tr. par Diane Meur,
Actes Sud.


Le Livre de l’amour de Paul Nizon pose bien des questions. En premier lieu celle de la valeur intrinsèque des journaux littéraires écrits pendant la seconde moitié du XXe siècle. Dans celui de cet écrivain suisse alémanique qui a cherché refuge à Paris, rédigé entre 1973 et 1979, on tombe sur des passages qui ont été rédigés pour un lecteur futur. Il ne s’agit donc pas d’un journal intime, mais plutôt d’une forme d’autobiographie mise de côté pour l’époque future où l’auteur serait plus connu. Le livre qu’on a entre les mains sonne donc faux. Nizon s’interroge longuement sur ses projets de livre et médite sur le modèle que vient de lui fournir Tom Wolfe. Ses réflexions sur ses romans en cours ne sont vraiment pas convaincantes. C’est laborieux et trop élaboré pour être crédible. Sans compter que c’est scolaire en diable. Nizon est un élève appliqué qui veut faire croire qu’il fait partie des hommes de lettres qui comptent et qui fait tout pour entrer dans cette caste prestigieuse. A-t-il atteint ses fins ? A voir.

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mis en ligne le 30/07/2007
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