Outils de travail |
Arts premiers,
le temps de la reconnaissance,
Marine Degli
& Marie Mauzé, "Découvertes", Gallimard/RMN |
Marine Degli et Marie Mauzé nous offrent une introduction à cette nouvelle catégorie de lart, politiquement correcte : les arts premiers. Les arts primitifs paraissaient trop péjoratifs (et pourquoi donc ? On parlait bien de primitifs à propos de Simone Martini et de Giotto ! On peut vraiment sinterroger sur cette notion qui ne sapplique quaux sociétés non occidentales. Certes, les auteurs sefforcent plus ou moins de raconter lhistoire de la découverte de ces expressions culturelles sous dautres cieux. Mais sagit-il dart au sens ou nous lentendons ? Et doit-on séparer ces oeuvres hypothétique dune connaissance ethnographique ? Enfin, ce terme passe partout nous pousse à imaginer ce que pourraient bien être les arts derniers. A utiliser avec beaucoup de prudence ! |
Les Arts de lIslam, itinéraire dune redécouverte, "Découvertes", Gallimard/RMN
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Même réserve vis à vis des Arts de lIslam de Christine Peltre. Il est vrai que ce terme sapplique depuis longtemps à larchitecture et aux arts appliqués des pays islamiques et il est aussi vrai que bien des points communs les unissent. Mais cette manière de traiter le sujet met à lécart des expressions passionnantes comme la calligraphie figurative turque (par exemple). Mais lauteur relate lhistoire du regard occidental sur le monde islamique et cela se révèle passionnant. |
Écrire sur la peinture, Charlotte Maurisson & Agnès Verlet, "Folioplus/classiques", Gallimard |
Une anthologie à caractère pédagogique compilée par Charlotte Maurisson permet de sinitier à la littérature artistique. Le reproche que nous pourrions lui faire est labsence dune quelconque perspective. Des Anciens (Homère, Virgile) jusquaux modernes (Gracq, Simon), on peut comprendre lévolution de la critique dart apparue avec Diderot, de la relations des écrivains avec les oeuvres et même de la réflexion de certains artistes (ici, on aurait préféré lire Odilon Redon, Severini ou Chirico plutôt que Sophie Calle !). Mais il sagit dun ouvrage qui na dautre ambition que la pédagogie. |
Le Corps, anatomie et symboles, Marco Bussagli, Hazan |
De tous les ouvrages publiés dans la collection " Guide des Arts " chez Hazan, est sans doute le plus problématique. Cest sans doute le découpage qua choisi lauteur qui rend le rend assez singulier. Les premiers chapitres montrent une certaines cohérence (le cosmos, les proportions, les modèles), ceux sur lhomme et la femme ne semblent pas bien conçus et le " voyage des pieds à la tête " frise labsurde. Cest donc une question de conception globale de louvrage qui est ici en cause. Lannexe a le mérite de présenter un choix de planches anatomiques à travers les âges qui auraient dû trouver leur place dans le corps principal du livre. |
Le Musée de lorangerie, La Collection Jean Walter et Paul Guillaume, Les Nymphéas, Pierre Georgel, ÇDécouvertes/Hors sérieÈ, Gallimard/RMN |
La réouverture du musée de lOrangerie a provoqué la publication de trois ouvrages, le premier consacré à lhistoire de linstitution, le second au marchand de tableaux Paul Guillaume qui avait désiré donner à lÉtat une collection magnifique de quelques six cents tableaux (elle ne fut achetée que sous le ministère dAndré Malraux, malheureusement dénaturé par sa veuve) et, enfin, le troisième étant consacré aux Nymphéas de Claude Monet, ce dernier ayant jeté son dévolu sur ce bâtiment édifié sous Napoléon III. Ces petits livres sont plus des objets que des livres et leur lecture est assez difficile à cause de toutes ces pages qui se déplient et du changement permanent de corps. Toutefois, ils constituent une bonne introduction à la connaissance de cette institution. |
Quentin Blake et les demoiselles des bords de Seine, Gallimard jeunesse |
Quentin Blake a réalisé, à lintention des enfants, un charmant volume sur le thème des demoiselles des bords de Seine. Cest une invitation à un voyage dans le temps avec des tableaux de la grande période française du dernier tiers du XIXe siècle avec des oeuvres de femmes (Mary Cassatt, Berthe Morisot) et de grands peintres comme Renoir, J.-E. Blanche, Steinlein, Redon, Degas, Denis. Cest un livre bien conçu et qui a le grand mérite dêtre esthétique avant dêtre pédagogique. Quentin Blake et les demoiselles des bords de Seine, Gallimard jeunesse. |
A rebours |
Maestri del600
et del'700
nella collezione Koelliker, Mazzotta
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La présentation au Palais Royal de Milan de la collection de Luigi Koelliker a été un événement important puisquil sest attaché à sauver le riche patrimoine de la peinture lombarde du XVIIe et du XVIIIe siècle. Elle ne contient pas de grands noms, et cest là que réside tout son intérêt : on y trouve les tableaux de Giuseppe Vermiglio (dont son remarquable Caïn et Abel), du Cerano, de Daniele Crespi (de nombreux portraits, mais aussi la Prédication de Jean-Baptiste et le superbe David apaise Saul), le surprenant Zoppo da Lugano (avec une très curieuse Sainte famille), Salomon Adler (un grand portraitiste), Paolo Pagani (auteur dun beau Saint Sébastien), G. A. Petrini, Vittore Ghirlandi, dit Frère Calgario (encore un portraitiste, mais du XVIIIe siècle, qui montre une grand liberté dans le traitement de ses sujets). Il est fascinant de constater que le Siècle dOr, en dehors des artistes de réputation internationale, nous demeure si peu connu. Cest donc là une véritable révélation puisque ces oeuvres ne concernent que la petite province lombarde. |
The Metropolitan Museum of Art, New York, chefs duvre de la peinture européenne, Fondation Pierre Gianadda. |
La Fondation Gianadda vient de présenter un choix doeuvres appartenant à la collection du Metropolitan Museum de New York. On a pu y contempler environ cinquante tableaux de cette impressionnante institution, de lAdoration des bergers du Greco à la rencontre de Longhi, du Porte-étendard de Rembrandt à lAutoportrait de Van Dyck. Les pièces représentant lart français au XIXe siècle sont loin dêtre insignifiantes : la Femme ramassant des fagots de Corot, les Meules de foin de Millet, la Source de Courbet, les Peupliers de Pissarro, le Guitariste de Manet, le Portrait dune femme en gris de Degas, la Vue de Marly-le-Roi de Sisley, le Bouquet de tournesols de Monet, Dans le pré de Renoir, Une ferme en Bretagne de Gauguin sont autant de merveilles. Et il faut souligner la richesse des tableaux de lécole anglais, de Reynolds à Gainsborough, de Stubbs à Lawrence, de Constable à Leighton. Lessai de Katharine Baejter nous apprend que le musée voit le jour en 1872 grâce à une souscription (il compte alors 174 peintures) et que la majeure partie des oeuvres qui y sont entrées ultérieurement sont des dons de grands amateurs. |
Auguste Rodin
/ Eugène Carrière, Flammarion
/ Musée d'Orsay |
Une exposition conjointe dAuguste Rodin et dEugène Carrière au musée dOrsay a pu sembler un curieux mariage. Depuis son arrivée à la direction de cet établissement, Serge Lemoine nous a habitué à des manifestations de caractère didactique, souvent agaçantes, mais toujours intéressantes. Celle-ci est vraiment une réussite car elle nous apprend la puissante amitié qui liait les deux hommes, mais aussi lascendant quavait le style et lesprit de Carrière sur Rodin. Cette exposition et ce beau catalogue ont le mérite insigne de favoriser la redécouverte de Carrière, artiste injustement tombé dans loubli à cause de la cécité et de la raideur des historiens dart français incapables de procéder autrement que par grands mouvements et par la sacralisation abusive de quelques oeuvres au détriment dautres. Lemoine, en réhabilitant Puvis de Chavannes et maintenant en exhumant Carrière casse pas mal didées reçues en les rendant irrecevables. |
Cézanne en Provence, Musée Granet, Aix-en-Provence/RMN.
Cézanne, John Rewald, Flammarion.
Paul Cézanne, La Peinture
couillarde,
édition établie et présentée par Jean- Paul Morel, Mille et une nuits |
Alors que lon a célébré religieusement Cézanne au Musée Granet dAix-en-Provence, qui a été doté dun imposant catalogue qui fait le point sur lentreprise quasi solitaire du peintre dans son atelier à la sortie de sa ville natale, deux livres ont encore paru à la faveur de ces commémorations en grande pompe. Le premier est la réédition de létude John Rewald, publiée en France en 1986. Rewald est sans nul doute lun des meilleurs spécialistes de Cézanne et cet ouvrage a fait date. Cette nouvelle édition, revue et corrigée par ce dernier avant sa mort survenue en 1996, est également pourvue dune splendide iconographie. Spécialisé dans la peinture française de la seconde moitié du XIXe siècle, il ne sest pas lancé dans une interprétation révolutionnaire. Mais son travail de fourmi est un socle sur lequel peut se construire une réflexion, une architecture théorique. Ce nest pas le moindre de ses mérites. Le second est une anthologie habilement conçue par Jean-Paul Morel avec des textes de lartiste, mais aussi des jugements de ses contemporains, dont certains sont pour le moins surprenants. |
La modernité, envers et contre tout |
Lempicka,
Musée des Années 30
Flammarion |
Etrange, unique, curieuse, mystérieuse : voilà quelques uns des qualificatifs liés à la personne et à loeuvre de Tamara de Lempicka déjà de son temps. Cest vrai : la femme était belle et fascinante et ses tableaux avaient quelque chose de singulier. Mais est-ce bien là la manière de les envisager ? Bruno Foucard est parti de ces considérations au lieu de mieux expliquer en quoi elle exprime son temps. Quoi quil en soit, cet ouvrage nous fournit lopportunité de connaître des aspects mal connus de son travail, en particulier les natures mortes et les peintures religieuses qui correspondent à la crise mystique qui a suivi la dépression dont elle a souffert pendant les années 1934 et 1935. En sorte quon peut découvrir de nouveaux aspects de cette artiste si singulière, mais aussi si profondément inscrite dans lesthétique de lentre deux guerres. On se rend compte par exemple quelle na pas été quun portraitiste mondain: elle a par exemple peint deux toiles qui traduisent les douleurs de lexil et de la guerre Les Réfugiés et La Fuite. Cest donc une seconde réévaluation de son oeuvre qui est en jeu ici et cela mérite dêtre souligné. |
Yves Bonnefoy,
penseur de limage, Patrick Née, Gallimard |
Patrick Née a consacrée un important essai à Yves Bonnefoy. Cest un exercice dadmiration pure par un spécialiste du " poète-penseur ", qui se déploie en faisant usage dune phraséologie exténuante (il parle, par exemple, d"athéologie négative", du "démarcatif", de " solution archiropoïetique ", et jen passe) alors que ses notions en histoire de lart paraissent modestes (sa référence théorique est Gaetan Picon car il sagit de la naissance de lart moderne !) et que ses concepts fleurent bon les années 70. On trouvera des réflexions pertinentes au fil de ces pièces, mais lensemble de louvrage nest franchement pas appétible. Cette prose superlative est trop amphigourique. A force dêtre couvert déloges, lobjet de ses attentions semble étouffé. |
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