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[verso-hebdo]
10-12-2010
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La lettre hebdomadaire de Jean-Luc Chalumeau |
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Buren au-delà des bandes ? |
Daniel Buren a une longue pratique de l’intervention dans les musées : celle de 2010-2011 dans le grand hall du MUDAM à Luxembourg (jusqu’au 22 mai prochain) fera certainement date. En effet, nous n’y trouvons plus trace de son célèbre matériau, les bandes alternées de 8,7 cm, ce qui paraît extraordinaire, puisqu’elles n’avaient jamais cessé d’apparaître depuis que, le 20 mai 1969, il avait collé ses bandes sur les publicités des voitures Honda et de la bière Slavia à l’angle de la rue du Commandant-Mouchotte et de l’avenue du Maine à Paris. En 1975, le Musée de Mönchengladbach en Allemagne présentait par exemple une grande toile « rayée » de Buren qui laissait voir le mur par des découpes ménagées aux emplacements préalablement occupés par les tableaux de la collection. Un peu plus tard, le musée changeait d’implantation, et c’était l’occasion pour Daniel Buren de réactiver son œuvre. Il reconstitua, avec une série de châssis tendus de toile rayée, le volume et les dimensions de l’ancienne salle d’exposition, avec ses portes et ses fenêtres, et les découpes correspondantes aux tableaux absents du travail précédent. Le dialogue avec l’idée de musée était solidement engagé.
Aujourd’hui, il s’agit pour notre grand artiste national de commenter l’impressionnante structure conçue par Ieoh Ming Pei à Luxembourg, et même plus que cela, puisque le sous-titre de l’intervention de Buren est libellé ainsi : « Architecture, contre-architecture : transposition. Travail in situ ». Il s’agit d’une installation spécifique constituant une réponse au cadre architectural et institutionnel qui, à Luxembourg comme ailleurs, conditionne tout art exposé. Le grand hall condensant à lui seul le discours architectural de Pei, Buren a repris à l’échelle 1 :1 la forme de ce pavillon central, avec une immense « cabane » surmontée par une verrière transparente multicolore qui permet au spectateur, invité à pénétrer dans l’installation, de découvrir le musée pour ce qu’il est : une « enveloppe de l’art ». Une fois de plus, Buren a détourné l’architecture muséale et créé les conditions d’une prise de conscience par le visiteur.
Tout cela n’excluant pas du tout l’irruption d’un éventuel « effet de beauté », mais en se passant (pour la première fois ?) des bandes-signatures qui ont tant contribué à sa notoriété. L’artiste reprendra bientôt ce type d’installation au nouveau centre Pompidou de Metz.
Au même moment, à Paris, Buren présente, galerie Kamel Mennour, une exposition ainsi intitulée : « Quand les carrés font des cercles et des triangles : hauts-reliefs situés » (jusqu’au 18 décembre). Buren, ayant quitté les cimaises pour investir les espaces, a ouvert depuis longtemps une brèche dans le système de l’art. Après avoir « pointé les limites de l’autonomie de l’œuvre et la fonction neutralisante du musée » (Marie-Cécile Burnichon), voici l’artiste arpentant les espaces de la galerie avec d’imposantes formes géométriques explosées à partir du carré, et spectaculairement miroitantes : des hauts-reliefs certes, accrochés à des murs, mais assez épais pour laisser apparaître, sur les tranches, l’irréductible bande de 8, 7 cm. Ouf ! Si Buren est nettement au-delà de son outil visuel habituel à Luxembourg, il le récupère à Paris. Une des aventures plastiques les plus radicales du dernier siècle continue.
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Verso n°136
L'artiste du mois : Marko Velk
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