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[verso-hebdo]
09-07-2009
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La lettre hebdomadaire de Jean-Luc Chalumeau |
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QUELLE « FORCE DE L’ART » À SAINT-EUSTACHE ? |
Si la deuxième édition de La Force de l’Art ne semble pas avoir déplacé les foules (mais son site internet aurait été beaucoup visité), du moins a t-elle eu le mérite d’exister. Il est louable de vouloir informer les parisiens de ce qui se passe dans l’actualité de la création artistique, mais il faudrait éviter que l’événement serve de prétexte à des initiatives improvisées au goût douteux. Je veux parler de l’une des manifestations « off » de la Force de l’art, celle qui a eu pour théâtre l’église Saint Eustache et pour auteurs Pierre et Gilles.
Pierre et Gilles sont des artistes contemporains beaucoup moins connus que Jeff Koons ou Damien Hirst, aussi tiennent-ils à se présenter eux-mêmes sur leur site : « Pierre et Gilles sont deux âmes sœurs. L’un photographie, l’autre peint. Ils se complètent, ils s’aiment… Depuis plus de vingt ans, leur duo a immortalisé, sublimé des éphèbes connus ou anonymes… » Ces spécialistes autoproclamés de la sublimation des éphèbes, précisant qu’ils sont des « maîtres du kitsch », ont été candidats à l’occupation d’une chapelle de l’église Saint Eustache, celle abritant le baptistère, par une représentation de la Vierge Marie et de l’Enfant Jésus. Les organisateurs de la Force de l’art ont donné leur accord, ainsi que le curé qui s’en est félicité en termes enthousiastes : « À Saint Eustache, notre choix d’accueillir les formes les plus variées de l’art d’aujourd’hui vient de cette recherche permanente de donner corps à ce qui nous rassemble et à ce qui nous transcende. »
Pour donner corps à la Sainte Vierge, Pierre et Gilles ont photographié une comédienne française d’origine maghrébine, Hafsia Herzi. Pourquoi pas, pour incarner une jeune juive de Palestine ? Mais pourquoi avoir installé leur image au-dessus d’une décharge industrielle (des fragments d’automobiles jonchaient le sol de l’église) ? Pourquoi avoir assis Marie/Hafsia sur une barrière de chantier et l’avoir environnée de plots blancs-rouges d’interdiction de stationner ?
Au visiteur éprouvant quelque malaise, un document mis gratuitement à sa disposition paraissait devoir fournir des explications. Une personne chargée de « Art contemporain à Saint-Eustache » y assurait que la photographie « n’est pas un manifeste politique et religieux ». Bon. La dame précisait que « l’amoncellement de voitures disloquées mises en décharge sur laquelle Hafsia Herzi se tient n’est pas un repoussoir ». Parfait. La responsable précisait enfin que « la barrière de chantier sur laquelle elle est assise n’est pas irrespectueuse ». Mieux encore : on allait donc apprendre de quoi il s’agissait et en quoi consistait l’intérêt de l’œuvre. Mais non, rien : après avoir affirmé que la composition de Pierre et Gilles était « classique », la signataire du texte supposait que ces derniers nous invitaient à « porter notre regard vers le Périphérique » !
De qui se moque-t-on ? Quel aveuglement a poussé le curé de Saint Eustache à voir dans cette proposition platement provocatrice une œuvre « d’esprit chrétien » car porteuse d’un « dépassement de toutes les frontières » ? Ce sont en fait les dénégations de sa responsable « art contemporain » qui avouaient en creux ce dont il était exactement question : d’un repoussoir irrespectueux, ni plus ni moins, d’autant plus dérisoire qu’il était officiellement placé sous le signe de « la Force de l’art »…
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Verso n°136
L'artiste du mois : Marko Velk
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