|
03-09-2009 24-07-2009 17-07-2009 09-07-2009
|
|
[verso-hebdo]
24-07-2009
|
La lettre hebdomadaire de Jean-Luc Chalumeau |
|
« PALETTES », OU LE SPECTACLE DE L’INTELLIGENCE |
La récente sortie du coffret de l’intégrale de Palettes, la célèbre émission d’Alain Jaubert, n’a pas été suffisamment saluée à mon avis : ces cinquante films de 26 minutes constituent un véritable trésor, tous savent susciter à la fois plaisir et curiosité, et chacun d’eux nous apprend quelque chose de nouveau sur un chef d’œuvre que, peut-être, nous croyions bien connaître. La méthode d’Alain Jaubert consiste à partir de l’objet-tableau (il va jusqu’à le faire sortir du cadre et le mesure lui-même, constatant que les « spécialistes », bien souvent, se contentent de recopier des dimensions fausses !), et à déterminer avant toutes choses de quoi il est fait et comment il a été réalisé. Ainsi, grâce aux rayons x, nous savons que beaucoup de tableaux de Van Gogh ont été peints sur d’autres tableaux de Van Gogh, faute d’argent pour acheter des toiles neuves. À partir de là, Alain Jaubert conduit des enquêtes quasi policières, construisant ses films comme de véritables thrillers, réussissant parfois à rectifier des jugements inlassablement répétés et totalement erronés.
Ainsi, du même Van Gogh, la fameuse Chambre Jaune à Arles a été longtemps accusée de ne pas respecter la perspective, la pièce n’apparaissant pas comme rectangulaire. Alain Jaubert s’est rendu à Arles, sans espoir de voir la bicoque de Van Gogh (détruite par des bombardements lors du débarquement des Alliés de 1944 en Provence), mais a retrouvé à la mairie un vieux dossier à propos d’un contentieux de mitoyenneté qui comprenait le plan de la maison : or elle était construite en biseau, d’où la forme pointue de la chambre du peintre qui avait été parfaitement respectueux des proportions de la pièce !
Alain Jaubert corrige des erreurs factuelles, mais sait aussi émettre des hypothèses devant des tableaux réputés particulièrement mystérieux, comme par exemple le Concert Champêtre attribué à Giorgione, puis à Titien (et aujourd’hui à tous les deux) dans lequel la femme nue, à gauche, se penche sur une fontaine qui n’est pas verticale. On a glosé sur cette absence de verticalité, et l’on a fait de cette fontaine un bassin antique, une ruine. Or, constate Alain Jaubert, « une fois décadrée et son verre de protection ôté, on voit que la toile, qui a été plusieurs fois agrandie ou rétrécie pour entrer dans les lambris des appartements royaux à Versailles, a été coupée très ras, rentoilée et encadrée avec un léger angle par rapport à l’horizontale ». Si l’on redresse virtuellement l’image en supprimant le cadre doré, le bassin apparaît bien vertical et l’on découvre que l’horizon, confus autrement, devient clair : « il y a là une étendue brillante qui pourrait être la mer lointaine vue des hauteurs de Trévise. » Ancien journaliste scientifique, Alain Jaubert conduit de manière merveilleusement originale ses visites à la peinture, en s’appuyant sur les techniques visuelles les plus sophistiquées. Il s’agit, à chaque fois, d’un véritable « spectacle de l’intelligence », selon l’heureuse formule de Thierry Garrel, Directeur de l’Unité de Programmes Documentaires d’ARTE France. Ces cinquante bijoux étant visionnés, on en redemande : à quand le prochain coffret, monsieur le directeur ?
(coproduction Arte vidéo et Editions Montparnasse)
Cette lettre s’interrompt jusqu’au début du mois de septembre.
|
|
|
Verso n°136
L'artiste du mois : Marko Velk
|
visuelimage.com c'est aussi
|
Afin de pouvoir annoncer vos expositions en cours et à venir
dans notre agenda culturel, envoyez nous, votre programme, et tout
autre document contenant des informations sur votre actualité à : info@visuelimage.com
ou par la poste :
visuelimage.com 18, quai du Louvre 75001 Paris France
À bientôt.
La rédaction
Si vous désirez vous désinscrire de cette liste de diffusion, renvoyez simplement ce mail en précisant dans l'objet "désinscription". |
|