Mais où conduit la montée du Château, comme dans Kafka ? En tout cas la jeun fille a ôté par soumission son bizarre tricorne. J’ai repris par la suite ces dessins en xylographies. En l’absence du gris, le dessin noir et blanc y devient exclu. J’ai choisi deux scènes clefs du récit :la chambre et la nuit de Prague. Même choix pour les deux tableaux. Les contrastes d’ombre et de lumière des dessins y subsistent. La chambre a deux dominantes de couleurs :le rouge foncé et le vert foncé avec des glacis. Prague est nocturne, bleu –sombre du ciel et de l’eau avec une fantaisie, le vêtement rouge de la femme. J’ai fait voler dans le ciel des anges baroques. » Et alors je me tourne vers deux ouvrages de Gerardo Dicrola. Ce sont des plaques d’acier corrodées : l’une est le support d’une photographie de l’auteur paraissant rongée par le temps, s’effaçant et devenant de ce fait plus poignante encore, l’autre un cœur avec de l’or, un cour brisé rappelant le cour percé de poignard de Notre Dame des Sept Douleurs.
Dans une minuscule abside, le visiteur est invité à voir
les films vidéo d’artistes tels que Denise et Claude Jeanmart,
d’Olivier de Champris de Solange Galazzo et de Didier Tolla. Chacun
de ces films se révèlent une libre lecture – libre et
fidèle portant – de ces pages brûlantes d’angoisse
et de transports esthétiques.
De l’autre côté de l’église m’attendent
les dessins de Didier Tolla. Ils dérivent de la bande dessinée
et en dépassent le langage. Ils se caractérisent par des traits
acérés et des figures exaspérées. La dimension
fantastique des récits croisés des Leçons est
aussi accentuée. Depuis peu, Tolla s’est ingénié à s’éloigner
des travers de son travail de graphiste pour créer un univers à la
mine de plomb ou à l’encre qui soit autonome. Cette série
de dessins marque le début de cette échappée belle et
de sa faculté de puiser en lui la faculté de produire des scènes
qui sont le plus produit de son imagination. Il a choisi le chapitre intitulé « Les
Vagues de la Terre » : « J’ai été captivé par
toutes les descriptions de personnages en habit rouge, de situations irréelles
jusqu’à leur transposition dans les grands portraits de Vélasquez.
Tous ces personnages me transportent dans un monde imaginaire où l’aspect
physique n’a plus une grande importance, mais où tout est simultanément
esthétique et fantastique. Ces moments décrits reflètent
des sentiments de solitude vertigineux sauvés par son imagination débordante
et beaucoup de gaité. Une échéance est là, de plus
en plus proche, mais ce monde qu’elle recrée autour d’elle
me transporte dans cet espace que je retranscris : je tente alors de me
couler dans ses pensées et de partager ces émotions par le truchement
de ma main et de ce que mes sentiments lui dictent. »