L’anathème et l’ironie seraient plus acceptables par le biais d’un autoportrait déguisé ? Notre sens de l’humour est mis à l’épreuve. Pourra-t-il rencontrer celui de Forstner ? Sommes-nous capables de vivre avec nos monstres ? Les chiens font partie du patrimoine artistique et littéraire inclus dans le thème récurrent du bestiaire. Ils sont nous-mêmes, mais à travers eux, nous ne nous sentons pas directement visés. Il faut une parade pour nous atteindre, un chemin détourné pour parler de nous à nous. Le roi, sous la plume habile de La Fontaine, revêtait l’habit du corbeau, de la cigale, du renard, du loup… Les chiens, personnifiés à la manière des illustrations populaires, de parties de poker et de billard, de Sarnoff et Coolidge ou des caricatures de presse, nous imitent jusque dans nos gestes et nos expressions les plus intimes. Les beaux toutous ne vont pas nous mordre. Les queues décontextualisées de leur salle de jeu sont d’autres queues sur d’autres terrains de jeu. Ces nouveaux reflets à la Narcisse, nous les tenons ainsi à distance. Les trajets de leurs regards rappellent ceux de la peinture classique et les lignes qu’ils dessinent. Dans chaque toile, chiens ou personnes des séries de soldats, Fisherman, Scènes de ménages, du Goûteur, aux Mélancoliques… nous sommes pris à partie, forcés d’endosser le rôle du témoin. Soit qu’un personnage nous interpelle, soit que son regard ou son index nous indique la voie que doit suivre le nôtre. Le jeu de piste crée une confusion ordonnée. L’humour flirte avec le malaise. Le sens est recomposé.