par Simon Lane
Traduit de l’anglais
par Gérard-Georges Lemaire
Une des œuvres présentées à l’exposition de Nathalie du Pasquier à la galerie Jannone de Milan (mai 2011) est le dessin d’un emballage en carton moulé du genre de ceux qu’on utilise pour expédier les objets électroniques.
Je ne crois pas qu’il existe rien de plus effrontément banal ; et pourtant, on voit l’artiste s’en emparer pour lui attribuer une immortalité sublime, presque insouciante, malgré sa modeste fonction ; et peut-être comme un signe de son intention de magnifier le monde et son contenu avec un point de vue égalitaire. Sauvé de la banalité par un détournement désinvolte et espiègle du contexte, cet objet, un bien modeste moulage, peut être le foyer d’une signification apparente ou même d’une interprétation (il n’y a pas de symboles, cela va sans dire), alors que la réalité provoque un renversement prospère et provocant de l’expectative qui engendre la noblesse la plus étrange, quand se pose aussi la question de savoir ce qu’il advient du « positif », l’objet pour lequel le moule a été fait en premier lieu pour l’emballer. Ou plutôt ce qu’il en fut. Nous ne le saurons jamais. Nous n’aurons jamais à le savoir.
Le « négatif », l’empreinte de la fonction ignorée, a été placé sous le feu des projecteurs, condamnant l’objet primordial à l’invisibilité, tandis que cette charmante absence de contexte - il existe en soi dans l’espace grâce à une oblique - permet à l’échelle d’être entièrement variable, en sorte que le moule peut avoir la hauteur et l’apparence d’un bâtiment ; ou, peut-être, d’un monument splendide d’un âge où la beauté, la vérité et le sous-entendu règnent souverainement et où l’art est l’expression de grandes choses appartenant à une époque que l’artiste ressuscite à notre intention.