Dossier Biennale de Venise 2011

Une Biennale à la dérive

par Gérard-Georges Lemaire

mis en ligne le 01/09/2011
Les pavillons étrangers n’ont pas brillé par leur originalité ou la grandeur des œuvres qui y ont été montrées. La France ne s’en tire pas trop mal avec l’installation de Christian Boltanski, baptisée Chance, bien que celle-ci ait été bien mal réalisée. Si l’idée de la rotative n’avait pas été rendue par des tubulures de chantier, peut-être que le défilé rapide des portraits d’enfants en noir et blanc aurait eu plus d’impact et de force. Les deux compteurs, celui des morts et celui des naissances, ne semblent pas des trouvailles exorbitantes. En revanche, la machine à composer des portraits impossibles à partir de trois bandes qui s’inscrivent de manière aléatoires est plus saisissante (Etre à nouveau).
Je dois avouer que je n’ai pas vu tous ces bâtiments loin s’en faut. Et je dois aussi avouer que ce que j’y ai vu ne m’a pas laissé une grande impression. Les sculptures de l’Argentin Adrian Villar Rojar m’ont impressionné, c’est vrai (à l’Arsenal), L’Arche noire de Shadia et Raja Alem m’a beaucoup plu, dans la confrontation entre la pierre noire de La Mecque et de Venise (à l’Arsenal), le pavillon de la Turquie (avec le Plan B d’Aryse Erkmen) m’a intéressé et le pavillon d’Israël, avec One Man’s Floor is Another Man’s Felling de Sigalit Landau, m’a sorti de ma mélancolie.
Je me rends compte que je n’ai pas visité la moitié de ces pavillons, beaucoup étant en ville. Ceux sur lesquels je suis tombé au hasard de mes tribulations, ne m’ont pas enthousiasmé. En revanche, j’ai beaucoup aimé le pavillon du Tibet (pavillon fantôme par excellence) : là le commissaire italien, Ruggero Maggi, a fait travailler des artistes sur des bandes de tissus typiquement tibétain qui sont ensuite accrochées au plafond et flotte comme des étendards sur les  stupas : pas de discours, pas de revendications, beaucoup de silence, d’art, de respect et un peu de beauté enfin.
Je dois enfin parler de cette action illicite de l’artiste d’origine roumaine Silva Béju, qui est parvenu à ensevelir une de ses sculptures dans le jardin du pavillon de son ancien pays ! Un peu de transgression n’est pas de trop dans cette monumentale foire où le seul enjeu est de participer et où l’on s’est mis à primer des artistes morts !
Je vous promets de retourner à Venise cet automne et de vous parler des auteurs célèbres, des expositions dispersées un peu partout dans les palais et les églises et des découvertes que je pourrai faire à ce moment-là.

Donc, à suivre au prochain numéro.

Gérard-Georges Lemaire

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action d'éclat

III