Les coulisses de l'Italie d'Orlando Mostyn-Owen
par Amélie Adamo
C'est une singulière vision de l'Italie qu'offre au regard la peinture de Mostyn-Owen. C'est tantôt la musique d'un imaginaire lyriquement poétique qui s'y joue. Avec « Petriolo » (2008), les personnages réunis autour d'un feu portent la réminiscence de déambulations nocturnes en terres italiennes, au cœur de quelques monastères en ruines. S'y opère la fusion d'une matière devenue chair unie. Chair de nuit qui étreint et consume, et figures et flammes. Elle dit l'immanence d'un instant où mystérieusement, au dedans, se mêlent puis s'embrasent les sens et les perceptions extérieures. Ce sont parfois l'Histoire et les mythes qui sont librement réinventés, avec humour ou ironie. Là, le « Tagesreste » (2009), dont nous avions déjà parlé lors de l'exposition personnelle du peintre chez Polad-Hardouin à Paris. Inscrit dans un paysage où il n'a pas sa place, le Minotaure y apparaît, corps minéralisé, disgracieux et maladroit, comme une force inutile, absurde. Ici, les « Carabinieri » (2007). Des policiers italiens y sont représentés sur un fond digne d'un décor de théâtre (ciel bleu et colonnade). Chaussures lustrées, air arrogant, corps enchevêtrés et matraque levée, telle une masse monstrueuse et menaçante, ils sont autant ridicules qu'inquiétants. Là se révèle le symbole d'un Pouvoir dont la responsabilité dans des actes de violences n'a de cesse d'être cachée derrière l'image - pure fiction - de la belle Italie. Ils chuchotent sournoisement, en coulisses, un chant obscur et refoulé quand se donne en spectacle, cantatrice dissimulatrice, la voix de la Dolce Italia. Écoutez !, en ce pavillon-là, c'est particulièrement détonant.
Amélie Adamo