par Denise Jeanmart
En cours : Le Collectionneur de rêves. Ce petit livre de Gérard-Georges Lemaire, écrit pour nous, est le prétexte à vingt-quatre films de deux minutes correspondant à vingt-quatre heures de sa vie d’écrivain. Nous avons été séduits par la nouveauté de la proposition : vingt-quatre textes non encore écrits, et qui nous sont envoyés au fur et à mesure de leur écriture, sans ordre préétabli. C’est donc un travail en cours qui nous met à l’épreuve de découvrir et d’inventer. Le travail est donc commencé qui donne lieu à beaucoup de discussions sur le parti à prendre. Si, pour ma part, j’ébauche chaque fois un petit scénario et si nous échangeons sur les images que le récit fait naître en nous, les propositions plastiques de Claude sont discutées avec passion. Il y a toujours un risque à réduire le propos par le choix d’une image trop proche du texte, trop « enfermante » pour la vision qu’on désire surprenante, nouvelle, libre. La surprise, à l’arrivée de chaque « rêve», est de découvrir dans quel lieu se situe le récit, l’époque, la saison, l’atmosphère. Notre imaginaire se met en action et très vite se dessine un scénario par lequel nous nous lançons à rendre compte du récit, mais, et c’est primordial, de l’essence du récit et des moyens à mettre en œuvre. On n’est pas dans l’illustratif ou le documentaire, même si on part en chasse de documents, utilisant même des fragments de films d’amateurs tournés sur les lieux évoqués dans les récits. Les documents sont là pour donner une assise, une coloration, mais certainement pas une vérité touristique, seulement une assise à partir de laquelle on a la liberté à notre tour de rêver.
L’outil numérique nous donne cette liberté de créer des visions réalistes ou oniriques, interprétatives ou métaphoriques.
Il y a un va et vient constant entre nous sur les propositions de chacun, par les mots ou par les images. On veille au sens, à l’essentiel entrevu, mais aussi à choisir ce qui nous comble le plus plastiquement. Claude me dit toujours de ne pas me limiter, de considérer que tout est possible ; et je fais confiance à la magie de l’outil numérique.
Je me sens de plus en plus impliquée dans ce travail. Il nous occupe l’esprit de manière souvent impromptue, au long de nos jours et de nos veilles.
Denise Jeanmart, février 2012.