C'est l'installation de Hans-Peter Feldmann qui m'a très certainement le plus marquée. La Serpentine Gallery offre en effet à l'artiste allemand sa première exposition personnelle à Londres, dans un espace ouvert gratuitement au public. Des oeuvres de jeunesse côtoient des plus récentes, comme 'Schattenspiel', présentée en 2009 à la Biennale de Venise, ou les 'Handbags', dernières productions de l'artiste.
À première vue, il s'agit d'un assemblage d'objets en tous genres, disposés aléatoirement sous des vitrines. Mais en y regardant de plus près on comprend que toutes ces 'choses' constituent un tout irréductible: le contenu de sac à main de femmes. Hans-Peter Feldmann les décortique ici de manière très méthodique. Chaque sac est vidé, exposé sous la vitrine et les objets recueillis y sont également soigneusement disposés. Chaque vitrine, cinq en tout, contient également un cartel, indiquant le prénom, l'âge et la ville dans laquelle réside la propriétaire du sac à main. Il est intéressant de noter le mode de présentation choisi ici par l'artiste. La vitrine muséographique est en effet un procédé d'exposition pour le moins délaissé par les artistes contemporains qui se sont attachés au cours du 20ème siècle à ébranler notamment les frontières du musée en proposant par exemple des oeuvres disposées à même le sol ou simplement posées contre le mur. Ici Hans-Peter Feldmann revient donc à un système de présentation des oeuvres tout à fait classique et évoque par ailleurs le caractère d'intouchabilité de l'oeuvre d'art sacralisée.